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À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le Maroc faisait face à une crise économique sévère. L’endettement extérieur croissant, l’inflation galopante, et le taux de chômage élevé exerçaient une pression intense sur l’économie marocaine. Le gouvernement, dirigé par Maati Bouabid, a été contraint de mettre en œuvre un programme d’ajustement structurel dicté par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale. Ces programmes visaient à réduire le déficit budgétaire et à stabiliser l’économie. Mais les mesures proposées, telles que la réduction des subventions sur les produits de base, allaient impacter directement les couches les plus vulnérables de la population.
Source de la révolte
Le 28 mai 1981, le gouvernement annonce une augmentation des prix des denrées alimentaires de base : le pain, le sucre, l’huile et la farine. Cette hausse des prix, qui intervient dans un contexte déjà marqué par la précarité et les inégalités sociales, suscite une colère généralisée. Les syndicats, en particulier l’Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération démocratique du travail (CDT), appellent à une grève générale le 20 juin 1981 pour protester contre ces mesures impopulaires. Les marches de protestation visaient à dénoncer les augmentations drastiques des prix du blé, de l’huile, du beurre et de la farine, qui ont augmenté de 14 à 77%. D’où le nom que tout le monde connaît aujourd’hui de «Révolte du pain».
Le 20 juin, la grève est largement suivie dans les grandes villes du Maroc, notamment à Casablanca, Rabat et Fès. La grève générale dégénère en manifestations et en émeutes à Oujda, Berkane et Nador entre le 28 et le 31 mai. Malheureusement, à Casablanca, la situation dégénère aussi très rapidement. Des manifestations spontanées éclatent et tournent à l’émeute. Les protestataires, composés principalement de jeunes des quartiers défavorisés, affrontent violemment les forces de l’ordre. Les scènes de pillages, de saccages et d’affrontements se multiplient, plongeant la ville dans un chaos total.
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La réaction du gouvernement est immédiate. Les forces de l’ordre, appuyées par l’armée, répriment les manifestants avec une violence extrême. Les affrontements se soldent par des centaines de morts et des milliers de blessés. Les autorités annoncent officiellement un bilan de 66 morts, mais des sources indépendantes et des organisations de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de victimes se situerait entre 500 et 1.000.
Selon les investigations de l’Instance équité et réconciliation (IER), les émeutes de Casablanca ont causé la mort de 114 personnes confirmées. Initialement, l’Union socialiste des forces populaires (USFP) avait déclaré 637 morts, tandis que le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avançait le chiffre de 800 décès. Les médias étrangers, quant à eux, mentionnaient entre 600 et 1.000 victimes et 5.000 arrestations. En décembre 2005, l’IER a procédé à l’exhumation de corps dans des fosses communes les 9 et 10 décembre 2005.
Les arrestations massives suivent et des milliers de personnes sont emprisonnées. La pénitence ne se limite pas aux manifestants, mais s’étend également aux leaders syndicaux et aux militants politiques, accusés d’avoir orchestré les troubles qui ont causé la mort de plusieurs personnes.
Une population désespérée
Face à l’opposition des syndicats marocains et des partis de l’opposition, le gouvernement annule 50% de certaines augmentations. Toutefois, la «Révolte du pain» du 20 juin 1981 a eu des répercussions profondes sur la société marocaine. Elle a révélé la fragilité de la situation socio-économique du pays et mis en lumière l’important fossé entre les riches et les pauvres.
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Cette révolte a contribué à sensibiliser la population aux enjeux économiques et sociaux et à renforcer les mouvements de revendications pour la justice sociale et l’équité.
Le gouvernement marocain finit par modérer certaines de ses politiques d’ajustement structurel, prenant conscience de la souffrance d’une population désespérée. Les subventions sur les produits de base sont peu à peu réintroduites, et des programmes sociaux sont mis en place pour atténuer les effets des réformes économiques.
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