Accueil / Économie

Délais de paiement : Les grandes entreprises sur le banc des accusés

Temps de lecture

Les mauvais payeurs sévissent toujours puisque les délais de paiement continuent de se dégrader. Aux bancs des accusés, il y a en premier les grandes entreprises. En moyenne, les délais de règlement se sont établis à 115 jours en 2018, en hausse de 10 jours alors que leurs clients s’acquittent de leurs factures en moyenne en 83 jours. Selon Bank Al-Maghrib la suppression de tous les retards de paiement, aussi bien des clients que des fournisseurs, entraînerait un gain de trésorerie de 30 milliards de DH pour les TPE et les PME. Il faudra des mesures courageuses pour dissuader les mauvais payeurs. Malheureusement, la loi ne protège pas suffisamment les PME. Au contraire, elle les accable puisqu’elles sont taxées sur les montants non recouvrés.

En France, le groupe EDF a payé cher ses écarts en matière de paiement des fournisseurs. Au-delà des conséquences de la médiatisation du sujet sur l’image de l’entreprise, le ministère des Finances a envoyé un signal fort en lui infligeant une amende de 1,8 million d’euros pour 38,4 millions d’euros de factures payées en retard. En France, les délais de paiement sont plafonnés à 60 jours à compter de la date de facture ou 45 jours après la fin du mois de livraison. Il arrive pourtant que les entreprises dépassent ces délais de plusieurs jours.

Un modèle français mal appliqué

Sur plusieurs sujets, la réglementation marocaine s’inspire des règles françaises. En revanche, dans la pratique il existe d’importantes différences. Il y a quelque part un manque de courage politique. Sur les délais de paiement, la réglementation ne protège pas suffisamment les petites entreprises.

Aujourd’hui, payer très en retard est la règle. Dans certains secteurs, il faut compter jusqu’à douze mois. La dégradation des délais de paiement a créé un cercle vicieux. Lorsqu’une entreprise est payée très en retard, elle-même le répercute sur ces fournisseurs. Au même temps, certaines entreprises se font volontairement de la trésorerie sur de plus petites qu’elles. Le faible pouvoir de négociation des petites structures les soumet au dictat des plus grandes.

Des initiatives inefficaces

Les nombreuses alertes n’ont rien changé à la situation, surtout chez les grandes entreprises. Elles continuent à payer très en retard leurs fournisseurs. Les délais de paiement se sont dégradés de 10 jours pour atteindre 115 jours en moyenne. Par contre, elles encaissent en moyenne en 83 jours. Elles se font donc de la trésorerie sur leurs fournisseurs alors qu’elles sont celles qui ont le moins de problèmes de cash. Le problème est que les mauvais payeurs continuent d’agir en toute impunité. Pour les victimes, c’est une double sanction puisqu’elles sont taxées sur les montants non recouvrés. Si toutes les entreprises respectent la loi, c’est-à-dire 60 jours de délais de paiement, les TPE et PME gagneraient 30 milliards de DH de trésorerie. Pour l’instant, cela ressemble bien à de la science-fiction.

Il faudra des mesures courageuses pour dissuader les mauvais payeurs, mais depuis le temps que le problème est connu, aucune décision politique ou fiscale ne semble pouvoir enrayer le phénomène.

Dernier articles
Les articles les plus lu

OCP : émission obligataire ordinaire de 5 MMDH

Économie - L'OCP a annoncé une émission obligataire ordinaire d'un montant total de 5 milliards de dirhams (MMDH).

Mbaye Gueye - 11 décembre 2024

BAM : les dépôts bancaires ont progressé 7% à fin octobre

Économie - BAM indique que les dépôts bancaires se sont établis à 1.213,2 milliards de dirhams (MMDH) à fin octobre, soit une hausse de 7%.

Mbaye Gueye - 11 décembre 2024

BAM : les crédits bancaires ont atteint 1.121,1 MMDH à fin octobre

Économie - L’encours du crédit bancaire s’est établi à 1.121,1 milliards de dirhams (MMDH) durant les dix premiers mois de 2024.

Mbaye Gueye - 11 décembre 2024

Investissements record : 134 MMDH et 28.000 emplois validés

Économie - Aziz Akhannouch a présidé la 6ᵉ Commission Nationale des Investissements, instituée par la nouvelle Charte de l’Investissement, a approuvé 56 projets pour un montant total de 134 milliards de dirhams.

Ilyasse Rhamir - 10 décembre 2024

Conseil de la Concurrence : le marché des aliments composés fait face à un monopole

Économie - Les aliments pour volaille représentent à eux seuls plus de 76 % de la production totale, suivis par les aliments pour bovins, ovins et caprins.

Mbaye Gueye - 10 décembre 2024

AMDIE : prorogation des délais pour les programmes d’accompagnement à l’export

Économie - L'AMDIE, en collaboration avec le ministère et l’ASMEX, a annoncé la prolongation des délais pour ses programmes à l’export.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Rail marocain : cap sur 2030 avec une révolution ferroviaire

Économie - Lors du Rail Industry Summit, des responsables et experts ont dévoilé un plan ambitieux pour révolutionner le réseau ferroviaire national.

Ilyasse Rhamir - 10 décembre 2024

Rencontre entre la Confédération des TPE-PME et Nadia Fettah

Économie - L’objectif de cette réunion était de traiter les enjeux économiques pesant sur les TPE-PME, qui constituent 98% des entreprises marocaines.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024
Voir plus

Gazoduc Nigeria-Maroc : la décision finale d’investissement sera prise en 2023

Afrique, Économie, Économie - La décision d’investissement dans le gazoduc Nigeria-Maroc sera prise en 2023, selon Mele Kyari, patron de la NNPC.

Rédaction LeBrief - 12 octobre 2022

Le Maroc, pilier africain de l’industrie minière durable

Économie - Le Maroc affirme son rôle de leader africain dans l’industrie minière grâce à une expertise historique, une infrastructure moderne et des ressources stratégiques.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

La loi de Finances 2025 publiée au Bulletin officiel

Économie - La loi de Finances 2025, promulguée par le Dahir n° 1-24-65 du 13 décembre 2024 a été publiée dans le Bulletin officiel.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Crise Maroc-France : et l’économie dans tout ça ?

Afrique, Diplomatie, Économie - Un an après la réduction d'octroi de visas français, Maroc et France se retrouvent sans ambassadeurs conjoints.

Atika Ratim - 7 novembre 2022

Bank Al Maghrib : réduction du taux directeur à 2,5%

Économie - Le Conseil de Bank Al Maghrib (BAM) a annoncé, lors de sa dernière réunion trimestrielle, une baisse de son taux directeur de 25 points de base.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire