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Il a profité de l’occasion pour revenir sur les projets réalisés au cours de ses deux décennies de leadership, et évoqué les défis qui doivent encore être relevés.
Il a impitoyablement évalué ce qui ne fonctionnait pas. « Les dernières années ont révélé l’incapacité de notre modèle de développement à répondre aux besoins urgents de certains de nos concitoyens, à réduire les inégalités sociales et les disparités interrégionales ».
S’écartant de la bravade habituelle de la plupart des discours politiques, le roi a souligné les multiples défis qui restent à relever. Son ton était analytique, nuancé et réaliste.
« Nous sommes conscients de ce que nous avons accompli jusqu’à présent, et nous sommes fiers de l’avoir concrétisé, de l’avoir réussit. Mais nous ne devrions pas être trop extatiques, pas encore en tous cas. Il nous reste beaucoup de travail à faire »
C’était un discours commémoratif particulier, se concentrant exclusivement sur les projets inachevés, abandonnés ou qui auraient pu être mieux gérés, et ne mentionnant que de façon intermittente ce qui a été réellement accompli.
Le discours de la vingtième fête du Trône du roi Mohammed VI a minimisé la plupart des progrès, tant vantés, réalisés par le Maroc ces dernières années. Ils’est plutôt focalisé sur « l’achèvement des réformes en cours » et « la réparation des dysfonctionnements ».
Le monarque a par la suite rapidement présenté les projets qui ont été accomplis. Mais, il est revenu à son message initial, insistant à plusieurs reprises sur le fait qu’aucun progrès matériel n’est considéré comme réussi tant qu’il ne profite pas à la majorité des Marocains, en particulier ceux issus de milieux défavorables qui requièrent l’attention et l’engagement des politiques de la classe dirigeante.
« Nous avons fait un saut qualitatif en termes d’infrastructures : autoroutes, trains à grande vitesse, grands ports, énergies renouvelables et réhabilitation urbaine. Nous avons également fait des progrès significatifs en matière de renforcement et de consolidation des droits et des libertés, en offrant une base saine et solide à notre pratique de la démocratie », a-t-il déclaré.
Mais cet éloge a été rapidement suivi d’une longue série de remarques quant aux efforts qu’il faut encore consentir pour améliorer les choses. Le roi a profité du symbolisme du vingtième anniversaire de son règne pour affirmer aux Marocains qu’il a entendu leurs doléances, qu’il est conscient que certains sont encore frustrés, peu convaincus par les séries de projets de développement et d’investissements en cours qui ne les concernent pas.
« Nous savons que développer l’infrastructure n’est pas suffisant, aussi important que cela puisse être. » Reconnaissant les lacunes structurelles dans les choix politiques et les disparités sociales flagrantes qui n’ont pas été traitées de manière adéquate en 20 ans, le roi a insisté sur la « transparence » et « l’objectivité » comme « devoirs civiques » pour la classe dominante du pays.
Pour le roi du Maroc, la persistance de défis tels que le chômage des jeunes, les disparités sociales, la corruption et l’inefficacité de l’administration publique, entre autres, est fondamentalement due à un modèle de développement dépassé.
De nouveaux plans « harmonieux et efficaces » doivent donc être mis en place d’urgence pour remettre le pays sur les rails. Mais le but de telles actions ne devrait pas radicalement rompre avec la culture marocaine. Au contraire, selon le Roi, l’objectif est d’« injecter du sang neuf » dans le modèle de développement en mettant l’accent sur « l’audace », « l’esprit d’entreprise » et « un sens accru des responsabilités » comme piliers du nouveau plan.
Mais cette critique constructive de deux dernières décennies du Maroc aurait été incomplète sans la mention du thème récurrent chez les spécialistes marocains : les politiciens autoproclamés.
« Notre but ultime est de propulser le Maroc au rang des nations les plus évoluées », a déclaré le Roi, en exprimant sa désapprobation envers ceux qui sont au pouvoir ou dans la politique et « qui ne servent que leurs propres intérêts plutôt que ceux de la population ».
Dans l’ensemble, le discours était une combinaison efficace de concessions, d’exhortations et de promesses.
Le roi a concédé que ses vingt années de règne n’ont pas été faciles, que beaucoup de Marocains ont été négligés ou déçus ; il a exhorté le gouvernement à « préparer une nouvelle génération de plans cohérents… harmonieux » ; il a promis d’injecter « du sang neuf » dans le service public et de créer un comité spécialisé pour surveiller et évaluer l’application du nouveau modèle de développement.
« Au fil des ans, nous n’avons pas toujours agi comme nous l’aurions souhaité. Mais aujourd’hui, nous sommes déterminés à maintenir le cap, à mettre à profit nos réalisations, à achever la dynamique des réformes en cours et à combler les lacunes», a-t-il conclu.
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