Ce témoignage intervient quatre mois après la conclusion de l’enquête de deux ans sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles de 2016 et les liens de la campagne Trump avec Moscou, dont les conclusions ont été détaillées dans un rapport de 448 pages publié en avril dernier.
Trump n’a pas été disculpé
Donald Trump a revendiqué à plusieurs reprises une «exonération totale» — malgré le rapport de Mueller qui affirme explicitement le contraire.
Mueller a rejeté l’affirmation du président dans les minutes qui ont suivi la première audience, lorsque le président de la commission judiciaire de la Chambre, Jerry Nadler, lui a demandé si le conseil spécial avait innocenté Trump.
« La conclusion indique que le président n’a pas été disculpé des actes qu’il aurait commis », a déclaré Mueller. « Ce n’est pas ce qu’indique le rapport».
Témoignant sous serment, Mueller a également confirmé qu’il y avait eu plusieurs tentatives de la part de Trump pour entraver son enquête, ajoutant : « L’obstruction à la justice frappe au cœur des efforts du gouvernement pour trouver la vérité et tenir les coupables responsables».
Mueller a reconnu que les efforts présumés de Trump pour faire obstruction à l’enquête avaient échoué — une déclaration rapidement saisie par le président, qui a tweeté pendant l’audience pour insinuer, à tort, avoir été acquitté de son obstruction.
Les affirmations de Trump selon lesquelles il n’y a eu « aucune collusion » sont inexactes
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait trouvé des preuves de collusion entre la campagne de Trump et Moscou, Mueller a répondu que son équipe avait évité le terme « collusion », car il n’avait aucune application légale. Mueller a reconnu qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour établir une conspiration criminelle entre la campagne Trump et les Russes, mais il a déclaré qu’il ne serait pas exact de sous-entendre qu’une coordination ne pouvait être démontrée.
Au cours d’un des échanges les plus accablants, le président de la commission du renseignement de la Chambre, Adam Schiff, a obtenu la confirmation de Mueller sur les nombreux liens entre la campagne de Trump et Moscou.
Sous serment, Mueller a déclaré :
. Les Russes avaient mené une campagne pour faire basculer les élections de 2016 en la faveur de Trump et ont commis des crimes pour atteindre cet objectif
. La campagne Trump a été réceptive à l’aide des Russes
. Donald Trump Jr a dit qu’il « aimerait » recevoir des informations sur Hillary Clinton de la part du gouvernement russe.
. En tant que candidat, Trump a publiquement exhorté les Russes à pirater les e-mails de Clinton
. Trump a poursuivi son projet lucratif Trump Tower à Moscou au cours de sa campagne
. Plusieurs hauts responsables de la campagne Trump et de l’administration ont été reconnus coupables d’avoir menti aux enquêteurs au sujet de leurs contacts avec les Russes.
La menace d’ingérence russe se poursuit
Mueller a une fois de plus mis en garde contre la manière « radicale et systématique » dont la Russie s’est mêlée des élections américaines de 2016.
Interrogé sur la perspective d’une ingérence de Moscou dans les futures élections, M. Mueller a lancé un avertissement sévère au Congrès : « Ils le font en ce moment même».
Pourquoi Mueller n’a pas convoqué Trump ?
Mueller a déclaré dans son rapport que les réponses écrites qu’il a reçues de Trump au cours de son enquête se sont avérées insuffisantes. Alors pourquoi n’a-t-il pas contraint le président à témoigner ?
Il a déclaré aux législateurs qu’il pensait qu’une telle mesure entraînerait une longue bataille juridique, ce qui nuirait au bon déroulement de l’enquête.
« L’une des choses que nous voulions accomplir, c’est avoir une entrevue avec le président », a déclaré Mueller. « Nous avons négocié avec lui pendant dans ce sens un peu plus d’un an ».
« Mais alors que nous nous rapprochions de la fin de notre enquête, nous n’avons pas réussi à obtenir une interview avec lui ; nous avons alors décidé que nous ne voulions pas exercer le pouvoir d’assignation en raison de la nécessité de clore les investigations », ajoute Mueller.
Il a également été interrogé sur la convocation à New York de Donald Jr, qui était au centre de la tristement célèbre réunion de juin 2016 à Trump Tower, Mueller a refusé de répondre à la question.
Trump pourrait être accusé d’un crime après son mandat
Interrogé par Ken Buck, un républicain du Colorado, Mueller a également déclaré que Trump pourrait être poursuivi pour un crime quand il quittera son poste.
Les républicains se sont concentrés sur la discréditation de Mueller
Presque tous les membres républicains du comité de la magistrature de la Chambre ont utilisé leur temps de parole pour laisser entendre que Trump était innocent ou accuser l’équipe deMueller d’avoir des motivations politiques.
De nombreux républicains ont évoqué le dossier compilé par l’ancien officier des services secrets britanniques Christopher Steele, qui exposait en détail les liens entre Trump et Moscou. Ils ont également remis en question le rôle de Fusion GPS, la société de recherche de l’opposition qui a employé Steele pour ses recherches et a d’abord été payé par le site conservateur Free Beacon puis par un cabinet juridique travaillant pour le parti démocratique.
Mueller, qui a dit qu’il ne connaissait pas bien le Fusion GPS, a refusé d’aborder les questions liées au dossier Steele, expliquant aux législateurs qu’ils faisaient « l’objet d’un examen continu » par le ministère de la Justice.
Le représentant Louie Gohmert, un républicain du Texas, a violemment interrogé Mueller sur les SMS anti-Trump envoyés par Peter Strzok, un ancien membre de l’équipe du conseil spécial. Mueller a dit qu’il n’était pas au courant de l’animosité de Strzok envers Trump, et il a fait remarquer que l’ancien agent du FBI a été immédiatement réaffecté lorsque ses messages anti-Trump ont été découverts.
Mueller avoue qu’il n’a pas cherché à obtenir le poste de directeur du FBI
En tentant de présenter l’ancien avocat spécial comme ayant un conflit d’intérêts, Trump a affirmé à plusieurs reprises qu’il avait interviewé Mueller à la Maison-Blanche pour le poste de directeur du FBI. Trump a déclaré pendant des mois que Mueller a été considéré pour le poste, mais que sa candidature a été rejetée, juste avant sa désignation comme avocat spécial.
Mueller a déclaré sous serment qu’il n’était pas candidat au poste de directeur du FBI sous le régime de Trump. Il a plutôt confié qu’il avait fait part à Trump de son expertise — ayant déjà occupé le poste de directeur du FBI — sur ce que ce poste exigeait.
« Je ne postulais pas pour ce poste », a précisé Mueller.
Trump a répondu sur Twitter en insistant sur le fait que Mueller voulait le poste et a affirmé qu’il y avait des témoins de l’entrevue, dont le vice-président, Mike Pence.
Au cours de son témoignage, Mueller a nié qu’il avait des conflits d’intérêts pour superviser l’enquête.
Mueller affirme avoir subi plusieurs épisodes d’obstruction
Il était clair dès le départ que M. Mueller n’offrirait que peu de nouveaux détails, voire aucun, sur son enquête et ses conclusions.
La plupart de ses réponses renvoyaient les législateurs à son rapport ou s’en tenaient à son contenu. Il a également refusé d’aborder plusieurs questions, invoquant des limites fondées sur la poursuite des enquêtes ou sur l’entente qu’il avait conclue avec le ministère de la Justice concernant son témoignage.
Mais il y a eu plusieurs moments cruciaux liés à l’obstruction dans son rapport que Mueller a confirmé sous serment ; dans leur ensemble, ils pourraient fournir aux démocrates des directives en matière de destitution.
Plus particulièrement, Mueller a réaffirmé que Trump avait ordonné à l’ancien avocat de la Maison-Blanche, Don McGahn, de congédier l’avocat spécial. McGahn, l’un des principaux témoins dans l’enquête de Mueller, a refusé d’exécuter les ordres de Trump et a menacé de démissionner.
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