En réponse à une question du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD) à la Chambre des conseillers, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, a affirmé que le systèmeBachelor n’existe plus dans les universités marocaines.
«Sa mise en place pour certaines filières était expérimentale et n’a pas été généralisée à toutes les universités», a-t-il indiqué.
Donnantson avis surla suppression du Bachelor et le retour au LMD, Khalil Mgharfaoui, professeur d’enseignement supérieur, estime, dans une entrevue accordée à Lebrief.ma: «je n’ai pas à être pour ou contre cette décision. Je me contente d’en mesurer l’impact et l’utilité. Il est évident que les changements radicaux et trop rapides nuisent au bon fonctionnement des enseignements, quelque soit la nature et la qualité de la réforme. La preuve est qu’on se trouve devant le cas d’étudiants qui se sont engagés dans le Bachelor et qu’on doit maintenant gérer».
Et d’ajouter: «Le système LMD a ses qualités et le Bachelor aussi. La solution des problèmes de l’enseignement ne viendra pas miraculeusement d’un système ou d’un autre mais de l’application efficiente et raisonnée de n’importe quel système cohérent. Ce sont les conditions d’apprentissage, les méthodes, les contenus, les professeurs, etc. qui feront ou non la réussite d’un système. Maintenant il faut reconnaître que le Bachelor a des avantages grâce aux soft skills, aux langues, à l’informatique, à la professionnalisation, à l’entrepreneuriat, tous ces modules que le ministre veut développer maintenant dans le LMD».
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Plusieurs dysfonctionnements existent
Pour se justifier, le ministre de l’Enseignement supérieur avait affirmé que cette décision intervient suite aux recommandations du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) qui avait adressé un avis très critique sur le Bachelor au chef du gouvernement en décembre dernier.
«Sur la base de l’avis du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, en réponse à la demande présentée par le gouvernement précédent, il a été constaté que plusieurs dysfonctionnements existent», a expliqué le ministre.
Il a souligné que «la création du système de Bachelor ne s’était pas appuyée sur le cahier des normes pédagogiques nationales».
Aucun projet de décret réglementant le système du Bachelor n’a été adopté, a-t-il fait savoir, ajoutant que d’autres points de faiblesses ont été constatés.
Il est à noter que le Conseil avait ainsi relevé que cette réforme soulève plusieurs difficultés réglementaires, dont l’ajout d’un nouveau cycle parallèle, qui ne garantit pas nécessairement l’efficacité académique. Le CSEFRS avait également critiqué la focalisation du système, durant la dernière année, sur les habiletés sociales au détriment des unités consacrées aux connaissances cognitives. Enfin, dans son avis, le Conseil a souligné que le Bachelor souffre de l’insuffisance des moyens financiers nécessaires pour le redressement de l’université.
«Il a donc été décidé de se retirer de ce système et de continuer à adopter le système de licence, tout en veillant à son amélioration, notamment par le développant des capacités linguistiques et les compétences personnelles et de vie», a révélé le responsable.
Intégrer les étudiants du Bachelor au cursus de licence
Par ailleurs, Miraoui a noté qu’afin d’assurer la continuité pédagogique et d’offrir les conditions adéquates de réussite universitaire aux étudiants qui ont choisi le Bachelor au titre de l’année universitaire 2021-2022, toutes les universités, sans exception, ont œuvré, en coordination avec les chefs des départements, à intégrer ces étudiants au cursus de licence des études fondamentales ou aux nouvelles licences de la même spécialité en conservant leurs acquis.
Des cours de rattrapage ont également été programmés pour les étudiants inscrits en licence fondamentale pour suivre les cours et bénéficier des travaux d’orientation, a souligné Miraoui.
«Les examens ont été reportés du 10 janvier 2022 au 28 février 2022, ce qui a permis à tous les étudiants de bénéficier du délai suffisant pour se préparer aux examens afin d’atteindre le principe d’égalité des chances», a-t-il mis en relief.
«Je pense que les mesures prises pour intégrer les étudiants qui se sont engagésl’année dernière dans le Bachelor permettent de résoudre, ne serait-ce qu’en partie, le problème. Mais ces allers-retours entre les systèmes éducatifs sont préjudiciables aux enseignements», estime pour sa part Mgharfaoui.
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Une décision inattendue par les étudiants du Bachelor
Il faut dire que personne ne s’attendait à une telle décision. Et encore moins les 23.000 étudiants inscrits au système Bachelor. Ces derniers ont été choqués par l’annonce du ministre et se disent aujourd’hui déçus et perdus.
D’ailleurs, certains d’entre eux avaient organisé des manifestations devant leurs universités notamment à Rabat, El Jadida et à Marrakech afin d’exprimer leur colère et leur refus de la décision du ministère.
«Désespoir, incompréhension, amertume, voilà ce que nous ressentons après l’annulation du Bachelor. Nous étions tellement heureux et motivés d’être la première promotion ayant choisi ce système. Personnellement, je sens que tous les rêves que j’ai bâtis depuis des mois se sont écroulés. Nous n’acceptons pas cette décision que nous ne comprenons pas du tout», nous confie Salima, 18 ans étudiante à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES), relevant de l’Université Cadi Ayad de Marrakech.
«Les anciens étudiants n’ont passé qu’une année dans le système Bachelor, donc le problème n’est pas trop grave. J’estime que cette première année, si le programme a été respecté, leur permettra de bien assimiler les deux autres années qui restent dans la licence. Mais il me semble qu’il va falloir renforcer leurs connaissances dans les matières disciplinaires qu’ils n’ont pas eu totalement pour les mettre à niveau de leurs camarades en deuxième année LMD. Des séances de rattrapage me sembleraient nécessaires», a conclu notre intervenant.
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