Accueil / Société

Suppression du bachelor : une décision dure à avaler pour les étudiants ?

Temps de lecture

La rentrée universitaire pour l’année 2021-2022 a été marquée par l’entrée en vigueur du système bachelor. Néanmoins, cette nouvelle structure, déployée selon une approche progressive, n’a pas résisté face aux défis de l’enseignement supérieur marocain. Résultat ? L’abandon de la réforme du bachelor, quelques mois après son adoption. Alors, quelle est la raison derrière cette décision ? Quelles alternatives le gouvernement a-t-il proposées ? Puis, y a-t-il des répercussions sur le parcours universitaire des étudiants ?

Le système bachelor, adopté depuis la rentrée universitaire du 13 septembre 2021, a été lancé dans le cadre du chantier de réforme émanant des hautes orientations royales. En 2015, le Roi avait appelé, lors du discours du Trône, à traduire la vision stratégique 2015-2030 relative à l’éducation nationale. Puis, quatre ans après, en 2019, la promulgation de la loi-cadre no 51.17 relative au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique a vu le jour.

L’adoption du systèmebachelor était parmi les chantiers qui ont découlé de cette nouvelle loi-cadre. Il devait être mis en application en septembre 2020, mais il a été reporté eu égard à la crise sanitaire. À peine l’année universitaire a-t-elle commencé, que le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, annonçaitla nécessité de revoir ce système. Déterminé à supprimer ce diplôme, le ministre a rendu public ce verdict, que le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a livré lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil du gouvernement. En effet, cette réforme a été abandonnée en raison de l’absence d’un cadre juridique et d’un cahier pédagogique, affirme-t-il.

Lire aussi :Éducation : nouveau round du dialogue social avec Benmoussa

Bachelor: quelles sont les alternatives proposées par le gouvernement?

D’abord, ce nouveau diplôme de quatre ans d’études supérieures a été adopté pour remplacer le système LMD (Licence-Master-Doctorat), particulièrement la licence en trois ans. Il est basé sur le principe de liberté du choix des modules, des certifications, des langues étrangères, des projets sociaux, etc. Aussi, le cursus du bachelor offre 70% de composantes disciplinaires et 30% de composantes transversales, soit les modules de langues étrangères ou des soft skills.

En revanche, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation a annoncé lors d’un entretien avec les médias que «l’application du système de bachelor s’est faite sans se baser sur le cahier des normes pédagogiques et sans l’adoption du projet de décret qui le régit», et surtout, sans confirmation officielle du gouvernement. À la suite de cette révélation, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a confirmé cette annonce, le 21 avril 2022.En ajoutant que les étudiants inscrits en cycle de Bachelor ont été transférés vers d’autres cycles de licence, tels que la licence professionnelle. Il a souligné qu’ils prennent en compte aussi la volonté de chaque étudiant.

Contacté par Lebrief, Mehdi Haidar, enseignant de sociolinguistique et de didactique des langues et des cultures à la Faculté des sciences de l’éducation (FSE) à Rabat, explique que suite à cette décision «on a converti le bachelor, qui a ouvert ses portes cette année, en licence. On a modifié la structure des descriptifs pédagogiques pour condenser les quatre années en trois ans».

Lire aussi :Éducation nationale : les tensions persistent entre les contractuels et la tutelle

Les nouvelles générations paient-elles le prix d’une réforme échouée?

Selon le ministère de l’Éducation nationale, cette réforme visait initialement à mettre en place un dispositif de promotion des compétences de l’étudiant. De facto, elle a pour but d’améliorer le rendement interne des établissements à accès ouverts, de permettre l’épanouissement et l’autonomie des étudiants et de favoriser l’employabilité et la mobilité internationale. Pourtant, ces orientations stratégiques n’ont pas abouti à cause d’un manque de réglementation qui cadre ce chantier.

Concernant les étudiantsqui ont subi cette décision au milieu de l’année universitaire, Mehdi Haidar affirme qu’«il y a une sorte de démotivation et de désarroi surtout», ajoutant que ce sont des étudiants qui, malgré tout, «ne semblent pas perdus parce que la faculté a pu gérer ce changement en convertissant cette formation de quatre ans en une licence, c’est le cas pour notre faculté en tout cas.Mais j’ignore si cela a été appliqué dans tous les établissements d’enseignement supérieur marocains qui ont accrédité le système du bachelor».

Par rapport auxrépercussions de ce changement sur le parcours universitaire des étudiants, Mehdi Haidar confirme qu’il n’y a pas une réelle conséquence. «Si les étudiants avaient passé la première année, il y aurait eu de gros problèmes. En revanche, puisque ce sont des étudiants qui sont inscrits uniquement en première année, la décision ne les a pas affectés autant».Dans ce cas, au lieu de passer quatre années, ils vont étudier pendant les trois ans de la licence seulement, ajoute le professeur.

À cet effet, Mustapha Baitas a souligné quele plan d’action du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, dispose d’une vision et d’une stratégie qui ne correspondent pas certainement avec celles adoptées avec le ministère précédent.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Harcèlement scolaire : la princesse Lalla Meryem et Brigitte Macron lancent une campagne de lutte

Société - La campagne a été lancée par la princesse Lalla Meryem en présence de Brigitte Macron, à Rabat.

Rédaction LeBrief - 29 octobre 2024

Santé : lancement de la campagne nationale de vérification du statut vaccinal

Société - le ministère de la Santé a lancé la campagne nationale de vérification du statut vaccinal et de rattrapage vaccinal.

Mbaye Gueye - 28 octobre 2024

Le modèle marocain de coexistence religieuse promu à Montréal

Société - Lors d'une conférence organisée à Montréal, le modèle marocain de tolérance et de coexistence religieuse a été mis en lumière

Farah Nadifi - 28 octobre 2024

Fortes pluies et chutes de neige du lundi au mercredi

Société - De fortes pluies orageuses avec rafales, grêle localisée, chutes de neige et baisse des températures.

Rédaction LeBrief - 28 octobre 2024

El Guergarat : 72 kg de cocaïne interceptés

Société - Les forces de sécurité marocaines ont intercepté 72 kg de cocaïne dans deux interventions simultanées.

Ilyasse Rhamir - 28 octobre 2024

Justice en panne : les avocats en grève

Société - L'ABAM a décidé d’une grève inédite suspendant dès le 1er novembre toutes les audiences et procédures juridiques.

Ilyasse Rhamir - 28 octobre 2024

Quand l’ultime repos devient un luxe

Société - Le business de l'ultime repos au Maroc… quelle industrie étrangement florissante que celle de la mort et l'organisation des funérailles.

Sabrina El Faiz - 26 octobre 2024

Benslimane : un centre de formation pour l’intégration socio-économique des femmes rurales

Société - Le Centre de qualification et de formation de la jeune fille rurale, situé à Ahlaf dans la province de Benslimane, se positionne comme un modèle exemplaire dans la lutte contre la pauvreté et la précarité des femmes et jeunes filles en milieu rural.

Farah Nadifi - 25 octobre 2024
Voir plus

ENCG Casablanca : la grogne des enseignants contre la direction

Société - Depuis plus d’une semaine, un bras de fer oppose les professeurs de l’École nationale de commerce et de gestion de Casablanca (ENCGC) et sa direction. Le corps enseignant a dénoncé les décisions unilatérales et illégales émises par l’administration et accuse le directeur de l’établissement d’abus de pouvoir.

Nora Jaafar - 19 mai 2022

Visa Schengen : bientôt la fin du calvaire ?

Société - Calvaire bureaucratique, délais interminables...S’achemine-t-on vers la fin d’une vraie problématique qui dure depuis plusieurs années déjà ?

Hajar Toufik - 3 avril 2023

Le gouvernement prépare une régulation stricte des trottinettes électriques

Société - Une nouvelle régulation vise à encadrer l'utilisation des trottinettes électriques pour garantir une sécurité optimale.

Chaima Aberni - 12 juin 2024

Chefchaouen, parmi les plus belles du monde selon Architectural Digest

Culture, Société - Chefchaouen est classée huitième plus belle ville du monde par Architectural Digest, devant Istanbul et Barcelone.

Chaima Aberni - 6 août 2024

Fermeture des hammams et stations de lavage auto : est-ce vraiment le cas ?

Société - Depuis ce lundi, les hammams et les stations de lavage automobile doivent fermer leurs portes trois jours par semaine.

Hajar Toufik - 12 août 2024

Suites aux incidents des taxis, l’Intérieure rappelle à l’ordre

Société Le ministre de l’Intérieur a publié une circulaire visant à remettre de l'ordre dans les villes connu des incidents de taxis.

Mouna Aghlal - 31 décembre 2024

Achoura : la fête explosive est de retour

Société - Comme chaque année, à l’approche de la fête de Achoura, les pétards et feux d’artifice réinvestissent les rues du Maroc.

Atika Ratim - 26 juillet 2023

Médecins internes en grève : colère et revendications

Société - L’année 2025 commence sous le signe de la contestation pour les médecins et pharmaciens internes et résidents.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire