Une cérémonie de lancement du Label « Moroccan Heritage » pour promouvoir le patrimoine culturel national a été organisée, lundi à Rabat, en présence du gotha politique, intellectuel et diplomatique de la capitale.
Cet événement a été initié par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. Son coup d’envoi a été donné au jardin d’essais botaniques de Rabat. Il a ouvert le bal des manifestations culturelles qui devaient avoir lieu à travers les douze régions du Royaume durant ce « Mois du patrimoine », célébré du 18 avril au 18 mai.
Au cours de cette cérémonie de gala, le ministre de tutelle, Mohamed Mehdi Bensaïd, a procédé à la signature d’une décision ministérielle visant à labelliser le patrimoine national, et ce, dans l’attente de la finalisation d’un décret en la matière.
Sauvegarder et valoriser le patrimoine national
Cet événement ambitionne de certifier, répertorier et inventorier le patrimoine ainsi que les savoir-faire matériels et immatériels nationaux, à même de les protéger des convoitises et des tentatives répétées d’appropriation.Ce baptême a pour objectif aussi de valoriser le patrimoine en fonction des particularités culturelles de chaque région.
Dans le droit fil de la mise en œuvre de la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le ministère avait lancé, l’an dernier, plusieurs études anthropologiques.D’où une taxinomie du patrimoine a été mise au jour dans la foulée des actions visant au rayonnement de ce patrimoine.
De l’artisanat, en passant par les savoir-faire traditionnels, la gastronomie, sans oublier la couture et les arts de toutes catégories confondues, ainsi que les traditions orales, l’inventaire du patrimoine immatériel respire, depuis belle lurette, la richesse et la diversité.
Dans une interview accordée à Lebrief.ma, Driss Khrouz, professeur universitaire et ex-directeurde la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), considère que «le patrimoine matériel est un marqueur de la mémoire collective. Il exprime, il porte et il rappelle un processus historique. Les monuments, les objets, les symboles et les empreintes sont des cultures qui se manifestent, se pérennisent et sont des condensés de connaissances et de savoirs. Leur esthétique et leur profondeur historique renvoient aux valeurs qui portent une société. Les entretenir, les soigner, les restaurer sans les changer et les maintenir est une nécessité culturelle. Pour le tourisme et les industries culturelles, ils constituent des sources économiques».
Il poursuit: «leur valorisation aujourd’hui doit les intégrer dans les avantages que procurent les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Le patrimoine matériel n’est pas statique, il doit vivre. Il en est de même du patrimoine immatériel».
Lire aussi : Valorisation du patrimoine culturel : les recommandations du CESE
« Mois du patrimoine »: une occasion propice pour doper l’économie du tourisme
«Le mois du patrimoine est une occasion idoine pour relancer l’économie du tourisme en valorisant notre produit culturel unique», a souligné Bensaïd dans une allocution de circonstance.Cette relance se concrétisera «à travers un programme ouvert, permettant ainsi à tous les Marocains d’explorer leur patrimoine, à même de transformer les sites archéologiques en espaces de rencontre, de dialogue et de discussion», a-t-il précisé.
S’attardant sur le programme de cette édition, le ministre a fait état de plus de 86 visites guidées de monuments et sites historiques, 18 ateliers pour les élèves, 11 animations artistiques, 29 séquences vidéos pour faire découvrir le patrimoine national à l’intérieur et à l’extérieur du Royaume, ainsi que des conférences et ateliers en présentiel et virtuels.
Projets mis en place pour promouvoir le patrimoine national
Bensaïd a mis en avant certains chantiers structurants et mesures adoptées par son département pour promouvoir et protéger le patrimoine national, notamment la création de Label « Moroccan Heritage ».Il s’agit également de l’implémentation d’un projet de numérisation de tous les sites historiques.
Le recours à la technique de l’imagerie 3D va faciliter la tâche aux experts dans leurs opérations de restauration, a relevé le ministre.Il a fait part du lancement de l’application électronique « Route des Empires » en partenariat avec l’ambassade de France et le centre « Jacques Berque », qui vise à numériser les sites historiques. Elle permettra aussi aux utilisateurs de faire une visite virtuelle en 3D de plusieurs de ces sites.
Le ministre n’a pas manqué de mettre en exergue, dans ce cadre, la coopération franco-marocaine et avec les autres partenaires internationaux, qui participent à la sauvegarde du patrimoine national et accompagnent le Maroc dans sa modernisation et sa restauration.
Par ailleurs, des exposés ont été présentés au cours de cette cérémonie, par des archéologues français et marocains passant en revue des sites archéologiques en cours de réhabilitation ou découverts dernièrement à l’aide des dernières techniques en matière de fouille et restauration.
Le Maroc à la tête du Comité du Patrimoine immatériel de l’UNESCO pour l’année 2022
Le Maroc a été élu, mars dernier, à la présidence du Comité du patrimoine immatériel de l’UNESCO pour l’année 2022. Il y présidera à ce titre la 17e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’organisation onusienne, qui se tiendra du 28 novembre au 3 décembre 2022.
La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO de 2003 définit cinq domaines dans lesquels le PCI peut se manifester.Il s’agit des « traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel », « des arts du spectacle », « des pratiques sociales, rituels et événements festifs », « des connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers » et « des savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel ».
Dans ce sens, Khrouz relève que «le patrimoine immatériel obéit aux mêmes impératifs de valorisation que le patrimoine matériel. Il est plus fragile par sa nature fluide, malléable et exposée à la manipulation, à la déformation et aux aléas des interprétations. Sa collecte, sa sauvegarde et sa codification académique, plurielle et authentique est une valeur ajoutée essentielle pour la culture, la cohésion sociale, les industries d’art et de culture et pour le tourisme».
Et d’indiquer que «tout le patrimoine, matériel et immatériel ne peut s’épanouir, se faire valoir et rentrer dans des dynamiques à la fois de service public et de marché lucratif, que s’il est porté, organisé et mis en perspectives par des institutions, les bibliothèques, les musées, et bien sûr les universités et la recherche sont interpellées en premier lieu. Des politiques territoriales de patrimoine sont une nécessité».
Enfin, ont pris part à cette soirée culturelle ramadanesque, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Ghita Mezzour, le directeur général de l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) Salim M. Al Malik, ainsi que d’autres responsables marocains et diplomates étrangers accrédités au Maroc.
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