Accueil / Économie

Gouvernement : la croissance économique revue à la baisse

Temps de lecture

Lors de son passage au Parlement ce lundi 18 avril, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a annoncé que la prévision de croissance pour 2022 se situe désormais entre +1,5% et +1,7% au lieu des 3,2% prévus dans la loi de finances. Il a également évoqué les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la flambée des prix de plusieurs produits de première nécessité. Et a relevé, à cet égard, que les charges de la caisse de compensation devraient augmenter de plus de 15 milliards de DH (MMDH) supplémentaires. Le point avec Driss Aissaoui, économiste et analyste politique.

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a indiqué que l’économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance oscillant entre +1,5 et +1,7% en 2022, au lieu d’une progression de 3,2% prévue au niveau de la loi de Finances (LF) 2022.

Ces chiffres sont avancés sur la base des données actuelles qui prennent en considération les derniers développements aux niveaux national et international, a-t-il précisé lors de son passage, ce lundi, au Parlement pour la séance mensuelle de politique générale.

Et d’ajouter que la révision de prévision de croissance est justifiée par la baisse attendue de la valeur ajoutée agricole de -11%, contre +18% au titre de la campagne 2021.

Dans une interview accordée à Lebrief.ma, Driss Aissaoui, économiste et analyste politique, estime qu’«il est extrêmement difficile de rétorquer au chef du gouvernement, parce que l’on sait très bien que la croissance ne peut être que cela».

Et de souligner que «les réponses apportées par le chef du gouvernement ont essayé de dresser un peu le tableau de la situation actuelle. Ce tableau est marqué par les résultats de la crise sanitaire que le Maroc a vécue».

«Ce tableau est aussi marqué par le fait que l’économie marocaine a du faire face à des chocs extérieurs extrêmement violents et qu’elle a pu résister», a-t-il noté.

Parmi ces chocs, poursuit notre intervenant, «il y a bien entendu la guerre contre l’Ukraine qui a impacté les produits pétroliers liquides (100 dollars le baril) et les céréales».

Par ailleurs, «le manque de précipitations devrait affecter la campagne en cours, la récolte céréalière attendue sera en baisse, par rapport aux prévisions de la loi de Finances pour l’année 2022, qui la fixait à 80 millions de quintaux», a expliqué Aziz Akhannouch sans donner une nouvelle prévision.

Grâce aux efforts consentis dans le cadre des stratégies « Plan Maroc vert » et « Génération Green », la dépendance de la valeur ajoutée agricole aux cultures céréalières s’est réduite, eu égard à l’essor des cultures maraîchères à forte valeur ajoutée, a relevé le chef du gouvernement.

«Les précipitations que notre pays a connues, récemment, maintiendraient de bons niveaux de productivité en ce qui concerne les cultures de printemps et d’été. Ce qui maintiendrait des approvisionnements réguliers, tant pour les marchés intérieurs qu’extérieurs. Cela réduira la baisse attendue du PIB agricole», a-t-il ajouté.

Pour le chef de l’exécutif, il est attendu que le PIB non agricole maintient sa dynamique prévue dans le cadre de la loi de finances 2022. Il évoluerait de 3,1% à fin 2022.

«Dans ce sens, les indicateurs conjoncturels actuels confirment l’évolution positive de l’économie nationale, compte tenu de l’amélioration des activités industrielles, au cours des trois premiers mois de cette année, notamment dans les secteurs de l’énergie, du BTP, du secteur minier, des industries alimentaires, du textile et de l’industrie aéronautique», a-t-il expliqué.

Et le chef du gouvernement de rappeler que le taux d’inflation s’est établi à 3,6% en février 2022, selon le Haut-commissariat au plan (HCP), suite à la hausse de 5,5% de l’indice des produits alimentaires et de 2,5% de l’indice des produits non alimentaires.

Dans ce sens, Aissaoui a mis en exergue que «nous sommes dans une phase de stagnation accompagnée d’une inflation qui peut s’exprimer ici et là».

«Une inflation qui est induite par les chocs extérieurs comme la guerre en Ukraine et l’approvisionnement d’un certain nombre de marchés. Il y a également tout ce que la crise sanitaire a induit comme crise économique», a-t-il relevé.

Lire aussi : La croissance et le marché du travail sous la pression d’une inflation trop forte

Flambée des prix

Le chef de gouvernement a fait noter que le marché national continuera à être approvisionné en matières premières de manière régulière et suffisante, notamment en énergie et en produits alimentaires.

Il a souligné que le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour réduire les effets des prix élevés des matières premières sur les entreprises nationales, exploitées dans le cadre de marchés publics.

À cet égard, Akhannouch a notéque «le gouvernement sera en mesure de fournir les ressources financières nécessaires pour maintenir le coût de certains produits indispensables malgré leur hausse sur les marchés internationaux, tout en préservant les finances publiques et sans recourir à une loi de Finances rectificative».

«Très sincèrement je ne pense pas que le gouvernement marocain a besoin d’une loi de Finances rectificative», a fait savoir notre intervenant.

«Une loi de Finances rectificative viendrait bouleverser toutes les composantes de la politique économique», a-t-il argumenté.

«Le gouvernement marocain a déjà pris des initiatives qui prennent en charge les contraintes internes et externes et il est en train de les gérer avec des outils de politique économique qui permettent au gouvernement de corriger toutes les déformations pouvant impacter le taux de croissance», a-t-il assuré.

Par ailleurs, le chef du gouvernement a fait savoir que «l’exécutif a accordé une priorité maximale au suivi de toutes les évolutions liées aux prix et a pris une série de mesures pour assurer la stabilisation du pouvoir d’achat des ménages marocains», a-t-il fait savoir.

«Le gouvernement a répondu aux professionnels du transport et leur a dédié un soutien matériel afin de stabiliser les prix des transports, face à la hausse sans précédent des prix mondiaux du carburant», a rappelé le chef de l’exécutif.

Concernant la réponse du gouvernement face à la hausse générale des prix, Aissaoui estime qu’«elle a été tout à fait adéquate parce qu’il y a des facteurs internes et d’autres externes qui influencent la conjoncture économique et le Maroc a pris en compte ces facteurs pour pouvoir y répondre»

Et de souligner que «le gouvernement Akhannouch est un gouvernement qui a eu la chose la plus difficile, celle de gérer toutes les difficultés surtout pour pouvoir stabiliser l’économie marocaine et aller au-delà des difficultés que nous pouvons connaître».

«Je pense que cette augmentation des prix sera un examen important et terrible pour l’économie marocaine. Aujourd’hui avec ce qui est pris comme réponse, je pense que l’économie marocaine pourra sortir son épingle du jeu avec le minimum de dégâts, si on peut s’exprimer ainsi», a fait savoir l’économiste.

Lire aussi : Flambée des prix du carburant : le ras-le-bol des stations-service

Caisse de compensation : un budget additionnel de 15 MMDH

Les instabilités géopolitiques et économiques ont «chamboulé les hypothèses sur lesquelles s’est basée la loi de finances 2022», poussant le gouvernement à «mobiliser des recettes exceptionnelles» pour garantir une certaine stabilité des prix, a expliqué Aziz Akhannouch.

Dans le cadre des politiques d’adaptation mises en place par l’exécutif pour faire face aux pressions inflationnistes, il est attendu de revoir à la hausse le budget de 17 milliards de DH (MMDH) alloué à la caisse de compensation par la LF 2022.

Ainsi, le gouvernement devra dépenser 15 MMDH additionnels pour subventionner les prix des produits énergétiques et alimentaires, a affirmé Akhannouch.

Le maintien d’une certaine stabilité de prix dans un contexte marqué par la succession de crises inédites est «extrêmement coûteux pour les caisses de l’État», note le chef du gouvernement.

Si certains, poursuit-il, se demandent aujourd’hui comment le gouvernement pourra financer ces mesures de soutien, l’exécutif, paraît-il, a de «larges marges de manœuvre».

En effet, Akhannouch a souligné que son gouvernement veille «à garantir les équilibres de la LF, à travers le renforcement du processus de la restauration graduelle de ces équilibres».

En outre, le gouvernement prévoit de «mobiliser les capacités fiscales et douanières nécessaires, développer des modes de financement innovants, la gestion active du budget de l’État et continuer à rationaliser la gestion normale de l’administration», a-t-il ajouté.

Ces mesures devraient ainsi permettre de maintenir les prix à des niveaux «normaux et habituels» et à «protéger le pouvoir d’achat des citoyens».

«Certes, on est dans une année très difficile mais c’est une année qui permettra à l’économie marocaine d’abord de rectifier ses déformations mais surtout de se préparer de la manière la plus dynamique et la plus forte, à entamer un cycle de croissance qui se prépare à l’avenir particulièrement avec une stabilisation pour l’année 2023 et une relance à l’horizon 2030», ambitionne l’économiste.

Lire aussi : Caisse de compensation : 5,3 milliards de DH dépensés en 2 mois

Dernier articles
Les articles les plus lu

Un volume d’échanges de 1,21 MMDH à la Bourse de Casablanca

Économie - La bourse de Casablanca a clôturé, ce lundi, avec un volume global des échanges qui a dépassé 1,2 milliards de dirhams (MMDH)

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

Bourse de Casablanca : près de 4,2 MMDH levés, 6 IPO opérées sur 4 ans

Économie - Depuis 2020, la bourse de Casablanca a réalisé six introductions en bourse (Initial Public Offering) pour un montant global souscrit à 82,3 s MMDH, avec des levées de près de 4,2 MMDH.

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

La MAP tient son 39e Conseil d’administration

Économie - La MAP a tenu à Rabat son 39ᵉ Conseil d’administration sous la présidence de Mohamed Mehdi Bensaid.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

CMGP Group : une entrée en Bourse qui restera dans les mémoires

Économie - Ce jour restera dans les mémoires. Celui où CMGP Group et a raflé le gros lot avec 33.771 souscripteurs.

Sabrina El Faiz - 16 décembre 2024

Viande rouge : le Maroc s’approvisionne en Espagne

Économie - La flambée des prix de la viande rouge au Maroc pousse les acteurs économiques et les autorités à s'approvisionner en Espagne pour endiguer cette crise persistante.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

OCP Africa et le Niger : un accord pour transformer l’agriculture

Afrique, Économie, Économie - OCP Africa, filiale du Groupe OCP, a signé un accord stratégique avec le ministère nigérien de l’Agriculture et de l’Élevage.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Cour des comptes : radiographie des finances publiques

Économie - En matière de vérification et de jugement des comptes, 3.951 arrêts et jugements ont été rendus.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

Renforcement du partenariat économique entre le Maroc et la Zambie

Afrique, Diplomatie, Économie - Le Maroc et la Zambie ont décidé de consolider leur coopération économique à travers la première session de la Commission mixte de coopération (CMC), tenue à Laâyoune.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024
Voir plus

SABCA : l’aéronautique, une industrie en plein essor au Maroc

Économie - La société belge SABCA a inauguré, mercredi, sa nouvelle usine en périphérie de l’aéroport de Casablanca.

Nora Jaafar - 24 novembre 2022

OCP SA obtient l’aval de l’AMMC pour une émission obligataire de 5 MMDH

Économie - L'AMMC a donné son visa au prospectus relatif à l’émission par OCP SA d’un emprunt obligataire ordinaire d’une valeur maximale de 5 milliards de dirhams.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Hydrogène vert : le Maroc accélère sa transition énergétique

Économie - L'ICGH 2024 s’est ouverte ce mercredi à Rabat, réunissant experts, décideurs et professionnels autour du thème “Vers un écosystème dédié à l’hydrogène vert”.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2024

PLF 2025 : vers un état social renforcé et des réformes ambitieuses

Économie - Fouzi Lekjaa a souligné que le PLF 2025, repose sur des analyses scientifiques précises, assurant que les hypothèses utilisées reflètent la réalité.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Crédit du Maroc clôture avec succès le placement relatif à l’emprunt obligataire subordonné perpétuel de 500 MDH

Économie - Crédit du Maroc a réussi son placement relatif à l'emprunt obligataire subordonné perpétuel, , doté d’un mécanisme d’absorption des pertes et d’annulation de paiement des coupons, pour un montant global de 500 millions de dirhams (MDH).

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

Casablanca : tourisme, culture et développement

Économie - Le Conseil de la commune de Casablanca a adopté de nouveaux projets stratégiques pour consolider le développement de la métropole et enrichir son offre touristique.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire