Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a indiqué que l’économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance oscillant entre +1,5 et +1,7% en 2022, au lieu d’une progression de 3,2% prévue au niveau de la loi de Finances (LF) 2022.
Ces chiffres sont avancés sur la base des données actuelles qui prennent en considération les derniers développements aux niveaux national et international, a-t-il précisé lors de son passage, ce lundi, au Parlement pour la séance mensuelle de politique générale.
Et d’ajouter que la révision de prévision de croissance est justifiée par la baisse attendue de la valeur ajoutée agricole de -11%, contre +18% au titre de la campagne 2021.
Dans une interview accordée à Lebrief.ma, Driss Aissaoui, économiste et analyste politique, estime qu’«il est extrêmement difficile de rétorquer au chef du gouvernement, parce que l’on sait très bien que la croissance ne peut être que cela».
Et de souligner que «les réponses apportées par le chef du gouvernement ont essayé de dresser un peu le tableau de la situation actuelle. Ce tableau est marqué par les résultats de la crise sanitaire que le Maroc a vécue».
«Ce tableau est aussi marqué par le fait que l’économie marocaine a du faire face à des chocs extérieurs extrêmement violents et qu’elle a pu résister», a-t-il noté.
Parmi ces chocs, poursuit notre intervenant, «il y a bien entendu la guerre contre l’Ukraine qui a impacté les produits pétroliers liquides (100 dollars le baril) et les céréales».
Par ailleurs, «le manque de précipitations devrait affecter la campagne en cours, la récolte céréalière attendue sera en baisse, par rapport aux prévisions de la loi de Finances pour l’année 2022, qui la fixait à 80 millions de quintaux», a expliqué Aziz Akhannouch sans donner une nouvelle prévision.
Grâce aux efforts consentis dans le cadre des stratégies « Plan Maroc vert » et « Génération Green », la dépendance de la valeur ajoutée agricole aux cultures céréalières s’est réduite, eu égard à l’essor des cultures maraîchères à forte valeur ajoutée, a relevé le chef du gouvernement.
«Les précipitations que notre pays a connues, récemment, maintiendraient de bons niveaux de productivité en ce qui concerne les cultures de printemps et d’été. Ce qui maintiendrait des approvisionnements réguliers, tant pour les marchés intérieurs qu’extérieurs. Cela réduira la baisse attendue du PIB agricole», a-t-il ajouté.
Pour le chef de l’exécutif, il est attendu que le PIB non agricole maintient sa dynamique prévue dans le cadre de la loi de finances 2022. Il évoluerait de 3,1% à fin 2022.
«Dans ce sens, les indicateurs conjoncturels actuels confirment l’évolution positive de l’économie nationale, compte tenu de l’amélioration des activités industrielles, au cours des trois premiers mois de cette année, notamment dans les secteurs de l’énergie, du BTP, du secteur minier, des industries alimentaires, du textile et de l’industrie aéronautique», a-t-il expliqué.
Et le chef du gouvernement de rappeler que le taux d’inflation s’est établi à 3,6% en février 2022, selon le Haut-commissariat au plan (HCP), suite à la hausse de 5,5% de l’indice des produits alimentaires et de 2,5% de l’indice des produits non alimentaires.
Dans ce sens, Aissaoui a mis en exergue que «nous sommes dans une phase de stagnation accompagnée d’une inflation qui peut s’exprimer ici et là».
«Une inflation qui est induite par les chocs extérieurs comme la guerre en Ukraine et l’approvisionnement d’un certain nombre de marchés. Il y a également tout ce que la crise sanitaire a induit comme crise économique», a-t-il relevé.
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Flambée des prix
Le chef de gouvernement a fait noter que le marché national continuera à être approvisionné en matières premières de manière régulière et suffisante, notamment en énergie et en produits alimentaires.
Il a souligné que le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour réduire les effets des prix élevés des matières premières sur les entreprises nationales, exploitées dans le cadre de marchés publics.
À cet égard, Akhannouch a notéque «le gouvernement sera en mesure de fournir les ressources financières nécessaires pour maintenir le coût de certains produits indispensables malgré leur hausse sur les marchés internationaux, tout en préservant les finances publiques et sans recourir à une loi de Finances rectificative».
«Très sincèrement je ne pense pas que le gouvernement marocain a besoin d’une loi de Finances rectificative», a fait savoir notre intervenant.
«Une loi de Finances rectificative viendrait bouleverser toutes les composantes de la politique économique», a-t-il argumenté.
«Le gouvernement marocain a déjà pris des initiatives qui prennent en charge les contraintes internes et externes et il est en train de les gérer avec des outils de politique économique qui permettent au gouvernement de corriger toutes les déformations pouvant impacter le taux de croissance», a-t-il assuré.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a fait savoir que «l’exécutif a accordé une priorité maximale au suivi de toutes les évolutions liées aux prix et a pris une série de mesures pour assurer la stabilisation du pouvoir d’achat des ménages marocains», a-t-il fait savoir.
«Le gouvernement a répondu aux professionnels du transport et leur a dédié un soutien matériel afin de stabiliser les prix des transports, face à la hausse sans précédent des prix mondiaux du carburant», a rappelé le chef de l’exécutif.
Concernant la réponse du gouvernement face à la hausse générale des prix, Aissaoui estime qu’«elle a été tout à fait adéquate parce qu’il y a des facteurs internes et d’autres externes qui influencent la conjoncture économique et le Maroc a pris en compte ces facteurs pour pouvoir y répondre»
Et de souligner que «le gouvernement Akhannouch est un gouvernement qui a eu la chose la plus difficile, celle de gérer toutes les difficultés surtout pour pouvoir stabiliser l’économie marocaine et aller au-delà des difficultés que nous pouvons connaître».
«Je pense que cette augmentation des prix sera un examen important et terrible pour l’économie marocaine. Aujourd’hui avec ce qui est pris comme réponse, je pense que l’économie marocaine pourra sortir son épingle du jeu avec le minimum de dégâts, si on peut s’exprimer ainsi», a fait savoir l’économiste.
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Caisse de compensation : un budget additionnel de 15 MMDH
Les instabilités géopolitiques et économiques ont «chamboulé les hypothèses sur lesquelles s’est basée la loi de finances 2022», poussant le gouvernement à «mobiliser des recettes exceptionnelles» pour garantir une certaine stabilité des prix, a expliqué Aziz Akhannouch.
Dans le cadre des politiques d’adaptation mises en place par l’exécutif pour faire face aux pressions inflationnistes, il est attendu de revoir à la hausse le budget de 17 milliards de DH (MMDH) alloué à la caisse de compensation par la LF 2022.
Ainsi, le gouvernement devra dépenser 15 MMDH additionnels pour subventionner les prix des produits énergétiques et alimentaires, a affirmé Akhannouch.
Le maintien d’une certaine stabilité de prix dans un contexte marqué par la succession de crises inédites est «extrêmement coûteux pour les caisses de l’État», note le chef du gouvernement.
Si certains, poursuit-il, se demandent aujourd’hui comment le gouvernement pourra financer ces mesures de soutien, l’exécutif, paraît-il, a de «larges marges de manœuvre».
En effet, Akhannouch a souligné que son gouvernement veille «à garantir les équilibres de la LF, à travers le renforcement du processus de la restauration graduelle de ces équilibres».
En outre, le gouvernement prévoit de «mobiliser les capacités fiscales et douanières nécessaires, développer des modes de financement innovants, la gestion active du budget de l’État et continuer à rationaliser la gestion normale de l’administration», a-t-il ajouté.
Ces mesures devraient ainsi permettre de maintenir les prix à des niveaux «normaux et habituels» et à «protéger le pouvoir d’achat des citoyens».
«Certes, on est dans une année très difficile mais c’est une année qui permettra à l’économie marocaine d’abord de rectifier ses déformations mais surtout de se préparer de la manière la plus dynamique et la plus forte, à entamer un cycle de croissance qui se prépare à l’avenir particulièrement avec une stabilisation pour l’année 2023 et une relance à l’horizon 2030», ambitionne l’économiste.
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