Emmanuel Macron a remporté le premier tour de l’élection française et sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen l’affrontera pour la présidence pour une deuxième fois le 24 avril 2022. «Ne vous méprenez pas, rien n’est encore joué, et la bataille que nous allons mener dans les 15 prochains jours sera décisive pour la France et l’Europe», a déclaré Macron à ses partisans. Il a ainsi exhorté tous les électeurs à le soutenir pour empêcher l’extrême droite de diriger la deuxième économie de l’Union européenne (UE). Le président français sortant a remporté ce dimanche une victoire convaincante au premier tour, mais les sondages d’opinion suggèrent que le second tour pourrait être beaucoup plus serré. Sur 97% des bulletins dépouillés, Emmanuel Macron a obtenu 27,85% des voix, Marine Le Pen 23,15% et Jean-Luc Mélenchon 21,95 %.
Le rôle déterminant des soutiens de Mélenchon
Le vétéran de l’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a obtenu de meilleurs résultats qu’il y a cinq ans et joue désormais le rôle improbable de « faiseur de roi ». «Nous savons pour qui nous ne voterons jamais… Pas une seule voix ne doit aller à Mme Le Pen», a-t-il déclaré au siège de son parti à Paris, sans pour autant inviterses partisans à soutenir Macron. Représentant plus d’un cinquième des voix, les électeurs de Mélenchon pourraientinfluencer les résultatsdu dernier tour de cette élection, mais beaucoup d’entre eux pourraient se contenter de s’abstenir de voter.
Notons que sur les 12 candidats qui étaient en lice, seulsMacron, Le Pen et Mélenchon ont obtenu plus de 10% des voix. Bien que les neuf autres candidats eussent peu de chances, de remporter ce premier tour, cette élection présidentielle sera à jamais gravéedans les mémoires des Français en raison de la chute des deux vieux partis qui dirigeaient le pays :les Républicains et les Socialistes. Ils ont enregistré des chiffres très bas, la socialiste Anne Hidalgo passant sous la barre des 2% (1,75%), tandis que la républicaine Valérie Pécresse n’a même pas atteint les 5% (4,78%) nécessaires pour réclamer les frais électoraux de son parti. Il faut préciser que les partis qui n’atteignent pas 5% des voix n’ont droit qu’à 800.000 € de financement de campagne couverts par l’État.
Le second tour de la campagne commence maintenant
Une nouvelle bataille pour les votes est en cours. Marine Le Pen peut compter sur les partisans d’Éric Zemmour, dont le nationalisme plus dur lui a valu la quatrième place et 7,07% des voix. Il a reconnu ses désaccords avec Le Pen, mais a déclaré que Macron était un choix pire. Le nationaliste Nicolas Dupont-Aignan a également annoncé qu’il appuie la dirigeante d’extrême droite. Cette dernière peut déjà compter sur un impressionnant 33% de l’ensemble des voix.
De son côté, l’équipe de Macron prévoit une série de grands rassemblements et de grandes apparitions à la télévision. De plus, la plupart des autres candidats de gauche l’ont soutenu.Aussi, après l’annonce des résultats de ce dimanche, le candidat du Parti communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo, Yannick Jadot des Verts et Valérie Pecresse ont déclaré qu’ils voteraient pour le président sortant afin d’empêcher la leader d’extrême droite d’accéder au pouvoir. «Pour que la France ne tombe pas dans la haine de tous contre tous, je vous appelle solennellement à voter le 24 avril contre l’extrême droite de Marine Le Pen», a lancé Hidalgo, arrivée en neuvième position avec un peu moins de 2% (1,74%) des voix. Pecresse apour sa part misen garde contre les «conséquences désastreuses» si Macronne remporte pas le second tour. Cependant, l’ancienne candidate socialiste Ségolène Royal a déclaré que le président sortant devait maintenant «mériter» sa victoire.
D’après François Dabi, directeur général de l’institut de sondage IFOP, l’estimation de 51%-49% de son entreprise pour le second tour est la plus serrée qu’elle ait jamais prédite. Un sondage Elabe, structure spécialisée dans le conseil, les études d’opinion et le planning stratégique,a évalué l’écart à 52%-48%, alors qu’un sondage Ipsos, une société multinationale d’études de marché et de conseil,a suggéré qu’il était encore plus large.
Les promesses de Macron et les projets de Le Pen
S’adressant à ses partisans, Macron a promis de fournir davantage d’efforts que pendant la première partie de la campagne électorale. Il n’avait en effetcommencé à faire campagne que huit jours avant le vote, étant plus concentré sur la guerre de la Russie en Ukraine. «Quand l’extrême droite sous toutes ses formes représente une si grande partie de notre pays», a-t-il déploré, «nous ne pouvons pas avoir le sentiment que les choses vont bien». Le président sortant a également souligné aux partisans de Le Pen : «Je veux les convaincre dans les prochains jours que notre projet répond solidement à leurs craintes et aux défis de notre temps».
Le Pen a, quantà elle,déclaré que l’heure était à la «grande alternance», avec un choix fondamental le 24 avril entre deux visions opposées : «Soit la division et le désordre, soit l’union des Français autour d’une justice sociale garantie». «Ce qui sera en jeu le 24 avril, c’est un choix de société, un choix de civilisation», a-t-elle ajouté. La candidate de l’extrême droite a axé sa campagne surla crise de cherté de la vie à laquelle est confrontée une grande partie de l’Europe. Elle a ainsi promisde réduire les impôts et de supprimer l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans. Elle a également exprimé le souhait d’organiserun référendum sur la limitation de l’immigration, le changement radical de l’UE et l’interdiction du hijab dans les lieux publics.
Il faut souligner que la campagne électorale en France n’a débuté que dans les quinze derniers jours, d’abord en raison de la pandémie de la Covid-19, puis de la guerre en Ukraine. Mais en fin de compte, le taux de participation n’a pas été aussi faible qu’on le craignait, puisqu’il a atteint près de 75%. Un jeune électeur sur quatre a soutenu le président sortant, bien que plus d’un jeune de 18 à 24 ans sur trois ait opté pour Jean-Luc Mélenchon, selon Elabe. Marine Le Pen a obtenu les meilleurs résultats chez les 35-64 ans, tandis que Macron a eu la faveur des plus de 65 ans.
Selon certains observateurs,Macron pourrait évoquer les liens étroits de Marine Le Pen avec le Kremlin. Bien qu’elle ait condamné la guerre de Vladimir Poutine, elle lui a rendu visite avant la précédente élection en 2017 et son parti a contracté un prêt russe. Le président sortantveut une France qui s’allie «avec de grandes démocraties pour se défendre, et non un État qui quitterait l’Europe et n’aurait que des populistes et des xénophobes pour alliés», a-t-il dit.
Le Maroc attend un grand geste de la France
Par ailleurs,les chiffres des bureaux de vote de la communauté française au Maroc révèlent que Jean-Luc Mélenchon est en tête du suffrage avec 40,24% des votes au royaume suivi de Macron pour La République en marche (LREM) avec 37,88%. Eric Zemmour a pour sa part obtenu 6,67% des votes, tandis que Marine Le Pen arrive quatrième avec 4,53%. Valérie Pécresse a reçu 3,53% des voix, suivie de Yannick Jadot avec 2,97%, de Jean Lasalle (1,31%), de Nicolas Dupont-Aignant (1,05%), d’Anne Hidalgo (0,94%), de Fabien Roussel (0,41%), de Philippe Poutou (0,28%) et de Nathalie Arthaud (0,19%). Outre les Français résidents au Maroc, les présidentielles françaises sont également suivies de très près par le reste du Royaume.
Durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, les relations entre Rabat et Paris, bien qu’elles aient été maintenues, se sont un peurefroidies. La France reste cependant au premier rang des partenaires économiques du Royaume, avec 30 % des investissements directs étrangers (IDE) en 2021menés dans le pays, et au second rang au niveau des échanges commerciaux derrière l’Espagne. Le Maroc est aussi le premier partenaire de l’Agence française de développement (AFD) dans le monde, sur 120 pays d’intervention, lui accordant d’ailleursune aide de l’ordre de deux milliards d’euros sur la période 2017-2021.
En revanche, au niveau des relations politiques, Rabat estime que l’Hexagone doit fournir davantage d’effort pour restaurer la confiance et renforcer le partenariat bilatéral. Des exigences qui, selon Finance News Hebdo, devaient être réalisées lors du premier mandat d’Emmanuel Macron. La même source évoque aussi l’impact «désastreux» de l’affaire Pegasus sur les relations entre les deux pays, «le Maroc ayant été accusé de l’utilisation du logiciel à grande échelle», notamment pour «espionner la France et le président Macron lui-même». Certes, le gouvernement marocain est prêt à tourner aujourd’hui la page. Mais pour ce faire, Paris doitrevoir et réévaluer sonrapport avec Rabat, qui attend un «grand geste» de ma part de son partenaire européen de longue date.
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