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Le Centre marocain de conjoncture (CMC) vient de publier un nouveau numéro de sa lettre mensuelle « Maroc Conjoncture », sous forme d’un spécial intitulé « l’instabilité des marchés: quel programme de soutien au pouvoir d’achat ? « .
Le CMC a indiqué dans un communiqué que «ce spécial s’articule autour de plusieurs axes: l’environnement international instable, la résurgence du cycle inflationniste, le processus de décarbonation, la fiscalité sur le travail, la start-up au Maroc et la création d’un million d’emplois».
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Environnement international instable
Le nouveau numéro souligne que sous les multiples effets négatifs d’une crise sanitaire inédite, «l’économie mondiale était grabataire et fortement secouée au terme de l’année 2019», ajoutant que, perfusée à coup de grosses doses budgétaires à travers des plans de relance nationaux, elle a su combattre le fléau en 2020 et a pu sortir la tête de l’eau avec succès en 2021.
Mais en dépit de ce relèvement, «les séquelles et les traumatismes de cette pandémie persistent et fragilisent les fondements des économies nationales les plus aguerries, partant des pays industrialisés aux pays les moins avancés en passant par ceux dits émergents», poursuit le communiqué.
Résurgence du cycle inflationniste
Dans cet axe, le centre estime que la crise actuelle ne ressemble pas aux crises que le monde a connues par le passé, notant que celle-ci «se distingue par son ampleur, sa soudaineté et par son impact qui a touché l’ensemble de l’économie mondiale», soulève le communiqué.
«Son choc, d’origine externe à la sphère économique, a affecté à la fois l’offre et la demande. Elle se singularise également par l’ampleur des mesures prises pour l’endiguer. Ses effets sur l’économie mondiale sont sans précédent. Toutes les économies ont été mises à genoux entrainant une récession généralisée en 2020», poursuit la même source.
Et d’assurer que cette crise n’a été que temporaire au vu des performances encourageantes réalisées en 2021.
«Les séquelles les plus visibles de cette crise sont une hausse généralisée des prix de nature à freiner la croissance et à accentuer les tensions faisant émerger des déséquilibres à différents niveaux de l’ensemble de l’économie», précisent les analystes du CMC.
Dans une note relative à l’évolution de l’inflation au Maroc, le haut-commissariat au Plan (HCP) estime qu’au Maroc, la hausse des prix devrait se maintenir en 2022 à des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie. De même, les effets externes et la sécheresse devraient accroitre davantage les incertitudes quant à l’inflation au niveau national. Les risques inflationnistes resteraient incertains à court terme.
Au terme des deux premiers mois de l’année 2022, le taux d’inflation national officiel est estimé à 3,3%. Bank Al Maghrib prévoit à ce stade, un taux final de 4,7% en 2022.
La hausse des cours des matières premières importées et la crise dans la région de la Mer Noire, conjuguée à une montée vertigineuse des prix du baril à environ 140$/baril serraient de nature à maintenir le taux d’inflation au cours de l’année 2022 à des niveaux relativement élevés, explique le HCP.
Et de noter pour ce qui est des perspectives d’évolution des prix à l’échelle mondiale, au cours de l’année 2022, elles risquent d’être exceptionnelles aussi bien dans les pays développés que les pays émergents. Du fait de l’augmentation des prix du pétrole, l’inflation sera plus élevée et généralisée que prévu.
Processus de décarbonation
S’agissant de la décarbonisation, le CMC note que l’Union européenne, principal partenaire commercial du Maroc, prévoit d’instaurer en 2023, une taxe carbone sur certains produits importés fabriqués par des entreprises hors d’Europe, dans des pays aux normes environnementales plus souples. Une forme de droit de douane.
Concrètement dans ce nouveau mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), l’Europe définirait un seuil d’émissions de gaz à effet de serre à partir duquel une activité économique est considérée comme polluante.
Au Maroc, plusieurs secteurs industriels sont concernés par cette nouvelle mesure. Il s’agit notamment de l’automobile, la parachimie, l’électricité, les fertilisants, l’industrie agro-alimentaire, et le textile, entre autres. Plus qu’une année donc pour ces secteurs pour se préparer, afin de faire partie de ceux qui tireront profit du MACF.
Et de faire observer que cette nouvelle donne «impose au Maroc de décarboner à grands pas sa production industrielle pour en préserver la compétitivité, et tirer profit d’opportunités induites dans le domaine économique, environnemental et social».
«Certes le Maroc est doté de stratégies ambitieuses en faveur du développement durable.Mais l’urgence de l’impératif de décarbonisation industrielle impose aux industriels et aux pouvoirs publics d’accélérer leur action», insiste le CMC.
Pour réussir le pari de la décarbonation, le Département de l’Industrie a ouvert plusieurs chantiers. Parmi eux, le « War Room Green Economy« lancé le 7 septembre dernier, avec pour objectif de promouvoir un écosystème performant dédié au développement de projets verts, créateurs d’emploi et soutenant l’industrie nationale.
Le ministère avait, en outre, procédé en janvier dernier avec l’Agence Nationale pour la Promotion de la PME (Maroc PME), au lancement du programme « Tatwir croissance verte« pour l’appui à la décarbonation des TPME industrielles dans le cadre de la relance industrielle (2021-2023).
Dans l’accompagnement à la décarbonation, d’autres lignes de financement comme la Green Value Chain (GVC) et la Green Economy Financial Facility, sont mises en place par les partenaires européens avec des institutions financières partenaires. Elles sont établies pour permettre aux PME de financer des technologies vertes qui visent la gestion des ressources, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Le ministère de l’Industrie œuvre de concert avec la Fondation Mohammed VI pour l’environnement, l’AMEE, la CGEM et le département des énergies et des mines pour mettre en place un mécanisme permettant aux entreprises d’établir un bilan carbone.
Du côté de la CGEM, le patronat se penche sur l’élaboration et le déploiement, d’une feuille de route pour accompagner les entreprises dans leur démarche de décarbonation et d’appréhender au mieux l’entrée en vigueur des nouvelles mesures aux frontières de l’Union européenne. La CGEM a, également, mis en place un outil à la disposition des entreprises pour la réalisation du bilan des émission de gaz à effet de serre.
Lire aussi : La décarbonation de l’industrie marocaine, une opportunité pour les acteurs économiques
Fiscalité sur le Travail
Sur un autre axe, le CMC souligne que «les prélèvements obligatoires au titre de la fiscalité et des cotisations sociales constituent une composante importante des coûts de production qui conditionnent la compétitivité des entreprises».
Et d’ajouter: «Ces prélèvements qui, compte tenu de la structure de production, totalisent en moyenne 17,1 % de la valeur ajoutée de l’ensemble du système productif et pèsent de façon significative sur les coûts et la formation des prix».
La même source appelle à «une fiscalité compétitive qui devra, dans ce contexte, contribuer à l’allégement du coût du travail et inciter les entreprises à employer une main-d’œuvre qualifiée et de haute productivité à travers le transfert d’une partie de la fiscalité sociale sur la consommation finale».
Lire aussi : La fiscalité peut-elle être efficace ?
La Start-up au Maroc
D’un autre côté, le centre considère que l’investissement est l’un des principaux moteurs de la croissance économique d’un pays, et donc de la création de richesses et d’emplois.
«C’est ce qui explique pourquoi les pays rivalisent de mesures et de politiques incitatives pour créer les conditions propices à la promotion de l’investissement national et l’attractivité de l’investissement étranger», affirme le CMC.
Et de rappeler que Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, avait affirmé devant la Chambre des représentants le 10 janvier dernier, que «le taux d’investissement du Maroc est parmi les plus élevés au monde, représentant 30% du PIB du pays, alors que la moyenne mondiale est de 20%».
Il a souligné que le taux d’investissement de 30% a permis au Maroc de réaliser un saut qualitatif en matière d’infrastructures, notamment les réseaux autoroutiers, le train à grande vitesse (TGV) ou encore le port Tanger-Med.
«Les projets lancés dans des secteurs stratégiques à travers le pays ont attiré davantage d’investissements directs étrangers (IDE) et ont renforcé la structure industrielle dans des secteurs à forte croissance comme l’aéronautique et l’automobile», avait-il expliqué.
Soulignant la nécessité de mettre en œuvre une nouvelle stratégie visant à réaliser un décollage économique plus substantiel et à créer davantage d’emplois. Et d’ajouter que la stratégie devrait stimuler l’investissement privé pour atteindre en moyenne deux tiers de l’investissement total d’ici 2035, comme le précise le Nouveau modèle de développement (NMD) du Maroc.
«Les efforts déployés par le Maroc au cours des deux dernières décennies pour améliorer son climat des affaires ont contribué à faire du pays l’une des meilleures destinations d’investissement en Afrique», avait relevé le ministre délégué.
Lire aussi : Les grandes lignes de la nouvelle charte de l’investissement
Un million d’emplois pour un mandat
L’emploi occupe une place centrale dans le plan d’action du nouveau gouvernement. La nouvelle équipe aux commandes de l’Exécutif prévoit, en effet, de créer au moins un million d’emplois nets durant les cinq ans que durera son mandat. Elle en fait l’un de ses dix grands engagements et lie la création de l’emploi à la relance de l’économie et à la sortie de crise.
Rappelons que le taux de chômage est passé de 9,2% en 2019 à 12,8% à fin juin 2021.
«Un défi appelé à être relevé, non seulement par la redynamisation de l’investissement privé, mais également, par l’implication du budget de l’État dans la mise à niveau des secteurs de la santé et notamment de l’éducation», note le centre.
«Il s’agit de mutualiser les efforts entre acteurs publics et privés, des financements ad hoc et une mobilisation d’accompagnement par des entreprises et autres établissements publics», exhorte le CMC.
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