En plus de l’explosion du prix des carburants, les ménages marocains doivent faire face, en ce mois sacré de Ramadan, à une hausse vertigineuse des prix des produits et denrées alimentaires. Cette hausse est à la fois le résultat des effets économiques de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, mais aussi de l’impact de la sécheresse et de la pénurie de précipitations.
Il faut préciser que le mois sacré, qui a commencé ce dimanche 3 avril, est souvent une période où la demande des produits alimentaires de grande consommation augmente considérablement. D’ailleurs, les produits laitiers sont les plus prisés pendant ce mois sacré et voient une affluence exceptionnelle sur les briques de lait, les boîtes de fromage, ou encore les packs de yaourt. Même constat du côté des produits dits « nobles », à savoir les dattes, l’huile d’olive et d’argan extra-vierge et le miel, qui connaissent généralement un grand succès lors du mois de jeûne. Selon la MAP, le grand marché de ces produits locaux «constitue toute une chaîne agroalimentaire qui se positionne et se démarque durant ce mois pour former un vrai business dont la demande à la consommation n’a pas fléchi malgré la hausse des prix».
Autres produits très convoités par les ménagespour compléter les tables du ftour : les poissons et les fruits de mer. Cependant, ce dimanche, les prix de poissons ont atteint des niveaux inédits. Le prix des sardines s’est élevé à15-18 DH, alors que celuides soles,des merlans et des crevettes se sont fixés entre 60 et 120 DH. Dans le détail, le prix des crevettes a atteint 165 DH, contre 80 DH avant le Ramadan, celuides soles est passé de 30-40 DH à 70 DH, tandis que le prix du congre (Farkh) a atteint 50 DH. Selon les professionnels du marché des poissons, cette augmentation est premièrement due aux changements climatiques et deuxièmement à la hausse des prix de carburants.
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Réaction du gouvernement face à cette situation
Cette hausse des prix met à mal beaucoup de familles marocaines à revenus limités, qui sont, rappelons-le, les premières victimes de laflambée des prix des produits alimentaires et énergétiques née des fluctuations et de l’instabilité des marchés mondiaux. Ces ménages seront obligés de revoir leurs dépenses pour pouvoir se procurer certains produits de bases. Et tant que l’instabilité des marchés internationaux se poursuit,les tensions sur les prix vont également perdurer sur le marché national. Résultat :érosion inévitable du pouvoir d’achat des ménages, confortée par une inflationde 4,7% au terme de cette année, selon les estimations de Bank Al-Maghrib.
Malgré cette montée en flèche des prix des produits de grande consommation, et la colère des Marocains qui s’intensifient de jour en jour, le gouvernement se contente de calmer les esprits et d’affirmer que les réserves du Royaume sont largement suffisantes. Les autorités indiquent en ce sens que les professionnels du secteur agroalimentaire ont été mobilisés depuis des semaines pour approvisionnerle marché alimentaire durant ce mois sacré. Une série de mesures ont notamment été prises pour garantir la disponibilité des produits sur le marché national et contrôler les fluctuations de prix.
Enfin, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a même argué que plusieurs dispositions proactives et prospectivesont été mises en place afin d’assurer des conditions idoines pour satisfaire les besoinsdes consommateurs durant le mois sacré. Il s’agit notamment de lutter contre la spéculation provoquée par des intermédiaires qui profitent de ce moispour augmenter leurs prix, decontrôler les prix des produits fortement consommés par les ménages et, entre autres, de s’assurer de la qualité des produits à travers des visites surprises aux entrepôts.
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Enfin, ces mesures sont bien nobles et importantes, mais la réalité est qu’aujourd’hui plusieurs citoyens sont dans l’incapacité d’acheter plusieurs produits en raison de la hausse des prix. Faut-il (peut-être) recourir à une réglementation des prix de certaines denrées dans le cadre de subventions étatiques, comme c’est le cas pour le gaz butane, la farine et le sucre ? Ou, faut-il encore juste attendre que les marchés mondiaux se calment ? En tout cas, l’exécutif doit réagir au plus vite avant que la colère, encore raisonnable,des citoyens ne se transforme en une grogne plus violente.
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