Accueil / Politique

Droits de l’Homme : Amnesty International critique le Maroc

Temps de lecture

Violation des droits de l’Homme, atteinte à la vie privée et à liberté d’expression, affaire Pegasus, situation des migrants… Le nouveau rapport d’Amnesty International, publié le mardi 29 mars, relève plusieurs « bavures » constatées en 2021 au Maroc en termes de droits humains. Il dépeint ainsi un tableau très sombre sur le respect des droits de l’Homme dans le pays.

Amnesty International (AI) a consacré une grande partie de son nouveau rapportàla situation des droits humains au Maroc. L’organisation non gouvernementale (ONG) a souligné plusieurs dépassements et violations observés au cours de l’année 2021. Elle évoque en premier lieu des atteintes à la liberté d’expression et d’association. «Les autorités ont continué d’utiliser le décret-loi d’urgence sanitaire de 2020 pour restreindre arbitrairement la liberté d’expression et de réunion, notamment celle des journalistes, des militant·e·s et des travailleuses et travailleurs», ont précisé les auteurs de l’enquête. Ils dénoncent que durant l’année écoulée des militants des droits de l’Homme, des journalistes, des utilisateurs de réseaux sociaux et des universitaires «ont été réprimés dans l’exercice légitime de leur liberté d’expression».

Lire aussi :Affaire Omar Radi : la cour d’appel confirme la peine de six ans de prison ferme

Dans son rapport, AI indique qu’au moins sept personnes ont été arrêtées pour des infractions liées à la liberté d’expression. L’ONG cite en ce sens le cas de l’universitaire Maâti Monjib, «sous le coup depuis octobre 2020 d’une mesure arbitraire d’interdiction de quitter le territoire».Il s’agit aussi dujournaliste Omar Radi etde la militaire Jamila Saadane. Cette dernière a écopé de trois mois de prison pour avoir accusé surYouTube «les autorités marocaines de couvrir des réseaux de prostitution et des faits de traite des êtres humains à Marrakech».Le rapport évoqueaussile militant Noureddine Aouaj, condamné à deux ans de prison « outrage » aux institutions de l’État, et Soulaiman Raissouni, ex-rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum.

Lire aussi :Affaire Soulaimane Raissouni : la peine de 5 ans de prison confirmée en appel

Certains dépassements observés par AI

Amnesty International revient en outre sur le mauvais traitement qu’ont subi les enseignants contractuels lors de leurs manifestations concernant leur intégration à la fonction publique. Elle avance qu’en 2021,33 enseignants contractuels ont été appréhendés lors de leurs protestations pacifiques à Rabat, alors que le reste des manifestants ont été dispersés et malmenés par les forces de l’ordre bien qu’ils respectaient les mesures de sécurité liées à la pandémie de Covid-19, comme la distanciation physique.

De plus, AI n’a pas manqué d’aborderles « révélations » de Forbidden Stories, qui selon lesquelles le Maroc aurait utilisé le logiciel espion israélien Pegasus pour surveiller plusieurs dissidents. «L’outil de surveillance a été utilisé contre des journalistes, des militant·e·s et des personnalités politiques de nationalité française et marocaine» a réitéré l’ONG dans son rapport.

Autre point de contestation soulevé par l’organisme international, l’article du projet de loi 36.21 sur l’état civil, adopté en juillet 2021 par le Parlement,et qui stipule quele genre assigné à un nouveau-né « hermaphrodite » peut être modifié ultérieurement. Le rapport mentionne aussi le cas de l’artiste Abdelatif Nhaila, traduit en justice pour « violation de l’état d’urgence sanitaire » et « outrage à un fonctionnaire ». Ce dernier, remis en liberté en février 2022, a été arrêté après s’être déplacé dans un poste de police pour déposer plainte contre des personnes qui l’avaient menacé de mort suite àune campagne de « Outing » lancée sur les réseaux sociaux depuis avril 2020.

Lire aussi :Affaire Pegasus : les poursuites en diffamation du Maroc jugées irrecevables en France

Amnesty Internationaldénonce le traitement des migrants

Amnesty Internationala également accusé le Maroc dans son rapport d’avoir «arrêté et détenu arbitrairement des personnes migrantes ou demandeuses d’asile». Selonl’ONG, parmi ces détenus, certains ont été renvoyés dans leur pays d’origine, tandis que d’autre ont été envoyésà des zones du Sud du Maroc ou au Sahara. «Les autorités ont mené des opérations dans les hébergements et les campements où se trouvaient des ressortissant·e·s de pays d’Afrique subsaharienne. Dans certains cas, elles ont mis le feu aux biens de ces personnes ou les ont contraintes à quitter leur abri de fortune, selon l’Association marocaine des droits humains», déplore le rapport. Les auteurs de cette enquête citent aussi l’exilde quelque 8.000Marocains vers Sebta en mai 2021, notant que certains parmi eux étaient des réfugiés ou des migrants venus de pays d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord. «Au moins 2.000 enfants non accompagnés figuraient parmi elles. Entre avril et mai, au moins trois migrants non identifiés et neuf Marocains sont morts en tentant de rejoindre les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla depuis le territoire marocain», lit-on sur l’enquête.

Lire aussi :Migration clandestine : plus de 4.000 migrants morts ou disparu en 2021

Dernier articles
Les articles les plus lu

Maroc-France : renforcement de la coopération parlementaire

Politique - La coopération parlementaire entre le Maroc et la France a été au cœur des discussions tenues entre Ould Errachid et Larcher.

Rédaction LeBrief - 12 décembre 2024

Maroc-France : un pacte pour une coopération parlementaire renforcée

Politique - Rachid Talbi Alami, et Yaël Braun-Pivet, ont signé mercredi à Rabat un protocole de coopération parlementaire.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Casablanca au cœur des Assises de la régionalisation

Politique - Une rencontre de concertation régionale s’est tenue mercredi à Casablanca, en prévision des 2èmes Assises nationales de la régionalisation avancée.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024

Abdellatif Ouahbi face au parlement

Politique - Abdellatif Ouahbi, s’est livré à l’exercice hebdomadaire des questions orales au niveau de la Chambre des conseillers. Il est revenu sur la nécessité pour le Maroc de voter le moratoire onusien qui annule la peine de mort.

Mbaye Gueye - 11 décembre 2024

Le Maroc soutient les aspirations du peuple syrien à la stabilité et au développement

Politique - Nasser Bourita, a déclaré que le Maroc suit de près les évolutions importantes et rapides en Syrie et soutient les aspirations du peuple syrien.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Bourita et Raila Odinga : entretien sur l’avenir de l’Union africaine

Politique - Nasser Bourita a reçu l’ancien premier ministre du Kenya, Raila Amolo Odinga, également candidat à la présidence de la Commission de l’UA.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Le RNI revient sur la loi de finances 2025

Politique - Le RNI s’est réuni à Rabat, sous la présidence de Aziz Akhannouch, qui a présenté une allocution politique abordant plusieurs questions.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Rachid Talbi Alami en Slovénie pour une visite de travail

Politique - Le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, est en Slovénie pour une visite de travail.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024
Voir plus

Code de la famille : les points soulevés par le PAM

Politique - Le PAM a souligné l'importance d'un système logistique efficace, comme les guichets uniques dans les tribunaux familiaux.

Sabrina El Faiz - 26 décembre 2024

Akhannouch revient sur l’augmentation des salaires

Politique - Le gouvernement mise sur l’implication des administrateurs et cadres administratifs pour réussir la généralisation de la protection sociale, explique Akhannouch.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Collectivités territoriales : des défis structurels pointés par la Cour des comptes

Politique - Le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les dysfonctionnements persistants dans la gestion des collectivités territoriales.

Farah Nadifi - 19 décembre 2024

Jordanie : présentation de la gestion marocaine des ressources en eau

Politique - Lors de la 16e session du Conseil ministériel arabe de l'eau, Nizar Baraka a mis en avant l’expérience du Maroc

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

A Tanger, la régionalisation avancée en quête d’un nouveau souffle

Politique - À Tanger, les débats battent leur plein lors des Assises nationales de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Assises de la régionalisation avancée : le roi Mohammed VI accorde une attention particulière à la réussite du développement régional

Politique - Le message du Roi adressé aux participants de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée met en lumière l'importance que le roi Mohammed VI accorde à la réussite du développement régional.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire