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Le Caire, le 9 mars 2022. Sous le nez deRamtane Lamamra,ministre algérien des Affaires étrangères, Nasser Bourita, son homologue marocain, fait passer une résolution inédite. Ce jour-là, le Conseil de la Ligue des États arabes au niveau des ministres des Affaires étrangères exprime son rejet de l’armement par l’Iran d’éléments séparatistes qui menacent la sécurité et la stabilité du Maroc. La réunion ministérielle a adopté une résolution du Comité ministériel du quartet arabe chargé du suivi des développements de la crise avec l’Iran et des moyens de contrer ses ingérences, soutenant le Maroc contre ceux qui menacent son intégrité territoriale, sa sécurité et sa stabilité.
Une diplomatie proactive
Le 18 mars 2022 est un jour à marquer d’une pierre blanche dans le long processus de parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a adressé un message au roi Mohammed VI indiquant que le plan marocain d’autonomie pour le Sahara est«la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend».
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Comme on pouvait s’y attendre, l’Algérie qui se dit pourtant partie non prenante du conflit autour du Sahara, a très mal digéré le changement de position annoncépar l’Espagne. En conséquence, l’Algérie a décidé le rappel avec « effet immédiat » de son ambassadeur à Madrid après les déclarations du chef du gouvernement espagnol qui constituent, selon Alger, un « brusque revirement » de position sur le Sahara.
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La récente déclaration du gouvernement espagnol, reconnaissant la position du Maroc sur l’autonomie au Sahara, «constitue une victoire pour la diplomatie sage, pragmatique et perspicace», analyse Mohamed Bentalha Doukkali, politologue et professeur des sciences politiques à l’Université Cadi Ayyad (UCA) à Marrakech. La matrice de la politique extérieure du Maroc a été complètement revue et ça réussit bien au Royaume sur plusieurs dossiers.
Mardi 22 mars 2022, Nasser Bourita,a eu deuxentretiens téléphoniques d’une grande importance. Bourita a tout d’abord appeléle ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie,Sergueï Lavrov. Côté marocain, aucun détail n’a été donné par rapport au contenu des échanges entre les deux ministres.
Mais d’après un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, l’entretien tenu ce 22 mars a eu lieu à la demande de la partie marocaine. «L’attention principale a été accordée à la situation en Ukraine et autour d’elle. Sergueï Lavrov a informé en détail son collège marocain des buts et objectifs de l’opération militaire spéciale entreprise par la Russie pour protéger les républiques du Donbass, ainsi que des négociations russo-ukrainiennes pour résoudre la crise en Ukraine», indique-t-on à Moscou.
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Par la suite,Nasser Bourita a euun entretien téléphonique avec le ministre des Affairesétrangères de l’Ukraine, Dmytro Kuleba. Encore une fois, aucun détail n’a filtré sur ce que se sont dits les deux chefs de diplomatie même si des tweets ont dévoilé en partiele contenu des discussions diplomatiques.
C’est la première fois depuis le début du conflit russo-ukrainien que la diplomatie marocaine prend contact avec l’une et l’autre partie.Pour rappel, le Maroc n’avait pas pris part au vote d’une résolution condamnant la Russie àl’Assemblée générale des Nations Unies.
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Jeudi 24 mars 2022, l’Allemagne a expriméson soutien aux réformes du Maroc qui se traduisent par d’importants progrès politiques, économiques et sociaux. Lors d’une réunion par visioconférence,la ministre allemande de la Coopération économique, Svenja Schulze, a confirmé ce soutien à Nasser Bourita. Cette rencontre virtuelle est la première entre les deux responsables, selon un communiqué publié à l’issue de ces entretiens. Elle marque un retour à la normale des relations maroco-germaniques.
Vendredi 25 mars 2022, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita a eu, àRabat, des entretiens avec l’envoyé spécial de la Chine pour le Moyen-Orient, Zhai Jun. Dans une déclaration à la presse à l’issue de cette entrevue, Jun a indiqué que ses entretiens avec Bourita ont été « amicaux et fructueux », au cours desquels il a été question d’échanger les points de vue sur de nombreux sujets, notamment les relations bilatérales et le partenariat stratégique existant entre les deux pays, soulignant que le Maroc est un ami et un partenaire stratégique de la Chine.
Dimanche 27 mars 2022, l’infatigable Nasser Bourita est attendu en Israël. Ça sera le premier déplacement officiel d’un responsable gouvernemental marocain dans l’Etat hébreu. Bourita prendra part à une rencontre « historique » entre les ministres des Affaires étrangères d’Israël, des USA, du Maroc, de Bahreïn et des Emirats arabes unis.
Bourita recevra son homologue américain, Antony Blinken, également à Rabat la semaine prochaine. Il accueillera également au siège de son ministère son homologue espagnol, José Manuel Albares, le 1er avril.
Une machine bien rodée
Qualifié de ministre hâbleur et prétentieux par ses détracteurs qui ne donnaient pas cher de sa peau avant sa reconduite à la tête du ministère des Affaires étrangères au sein du gouvernement Akhannouch, Nasser Bourita a prouvé qu’il l’archétype d’un grand commis de l’État. Pur produit d’un département où il a passé presque toute sa carrière, ce polyglotte quinquagénaire traduit parfaitement dans ses faits et gestes la politique étrangère du roi Mohammed VI. Il est d’ailleurs en contact permanent avec le Cabinet royal. Bourita a longtemps travaillé aux côtés de Taib Fassi Fihri, actuel conseiller royal et ancien ministre des Affaires étrangères. Les deux hommes communiquent tout le temps et Bourita ne prend aucune initiative sans en référer au Cabinet royal.
«C’est normal», assure un ancien ambassadeur à la retraite sous couvert d’anonymat. «Vous autres journalistes, vous vous trompez quand vous qualifiez le ministre des Affaires étrangères de chef de la diplomatie marocaine», s’insurge notre interlocuteur. Pour lui, le diplomate en chef du Maroc est le Roi. «Depuis l’indépendance du Maroc, la diplomatie a toujours été le domaine réservé du Roi, même si sous feu Mohammed V et sous feu Hassan II, ce département a été parfois confié à des figures politiques de proue comme Ahmed Balafrej, Abdellah Ibrahim, M’hamed Boucetta et Abdellatif Filali», argumente-t-il.
Nasser Bourita travaille discrètement mais n’hésite pas à se révolter devant les ennemis du Maroc. En 2017, notre ministre des Affaires étrangères a été violemment bousculé par des hommes en uniforme à Maputo, la capitale du Mozambique, où se tenait une réunion de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique). Bourita ne sera pas intimidé pour autant et accédera malgré tout à la salle de la plénière au grand dam des séparatistes.
Heureusement,Bourita ne travaille pas seul. Il est épaulé par les têtes pensantes du ministère des Affaires étrangères dont Sami Marrakchi (chef du cabinet), Fouad Yazough (directeur général des Relations bilatérales et des Affaires régionales), Mohamed Methqal (directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale) mais aussi Najlae Benmbarek (directrice de la Diplomatie publique et des Acteurs non étatiques). Et puis il y a des ambassadeurs chevronnés du Maroc à l’étranger, les valeurs sûres sur lesquelles Bourita peut compter comme les deux Omar onusiens (Hilale et Zniber), Lalla Joumala Alaoui (USA), Youssef El Amrani (Union européenne), Mohamed Arrouchi (Union africaine) ou encore Karim Medrek (Suède). Bourita s’était aussi attaché les services de journalistes marocains pour des actions de communication pour le compte des représentations diplomatiques marocaines, principalement en Europe.
Les succès réalisés par la diplomatie marocaine sont réconfortants. Mais attention à certains manquements. Si les lobbyistes du Maroc font le job dans les différents cercles d’influence, la communication de masse est essentielle pour maintenir et étendre l’influence marocaine dans le monde.
Article 55 de la Constitution Le Roi accrédite les ambassadeurs auprès des puissances étrangères et des organismes internationaux. Les ambassadeurs ou les représentants des organismes internationaux sont accrédités auprès de Lui. Il signe et ratifie les traités. Toutefois, les traités de paix ou d’union, ou ceux relatifs à la délimitation des frontières, les traités de commerce ou ceux engageant les finances de l’État ou dont l’application nécessite des mesures législatives, ainsi que les traités relatifs aux droits et libertés individuelles ou collectives des citoyennes et des citoyens, ne peuvent être ratifiés qu’après avoir été préalablement approuvés par la loi. Le Roi peut soumettre au Parlement tout autre traité avant sa ratification. Si la Cour Constitutionnelle, saisie par le Roi ou le Président de la Chambre des Représentants ou le Président de la Chambre des Conseillers ou le sixième des membres de la première Chambre ou le quart des membres de la deuxième Chambre, déclare qu’un engagement international comporte une disposition contraire à la Constitution, sa ratification ne peut intervenir qu’après la révision de la Constitution.
Biographie de Nasser Bourita Né en 1969 à Taounate, Nasser Bourita est lauréat de la faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat, où il a obtenu une licence en droit en 1991, puis un Certificat d’études supérieures en Relations internationales en 1993 et un Diplôme d’Etudes Supérieures en Droit international public en 1995. Diplomate de carrière, Bourita a gravi tous les échelons diplomatiques. Après des années au service central à Rabat, il a servi aux ambassades du Maroc à Vienne et à Bruxelles. Il a évolué dans les postes de responsabilité au sein du ministère, de chef du Service des organes principaux des Nations Unies, à chef de la Division des Nations Unies (2003-2006), puis Directeur des Nations Unies et des organisations internationales (2006-2009). Bourita a été, par la suite, successivement, chef du Cabinet du ministre des Affaires étrangères, puis ambassadeur, directeur général des Relations multilatérales et de la Coopération globale. En 2011, il a été nommé secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération ; une responsabilité qu’il a assumée jusqu’à sa nomination, le 6 février 2016, par le Roi, au poste de ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Nasser Bourita a été nommé par le Souverain en tant que ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le 5 avril 2017. Le chef de l’Etat lui a renouvelé sa confiance le 9 octobre 2019, en le nommant ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Il sera chargé du même portefeuille le 7 octobre 2021 au sein du nouveau gouvernement.
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