Accueil / Politique

Sahara : la nouvelle position espagnole fait des vagues

Temps de lecture

La visite du président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, ce mercredi à Sebta et Melilia marque la fin de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Madrid soutient désormais le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour mettre fin au différend sur le Sahara et en a informé les Nations Unies. Mais en mettant fin à la crise avec Rabat, Sánchez en a ouvert d’autres : interne en Espagne et externe avec Alger.

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, était ce mercredi à Sebta et Melilia. «Nous mettons fin à une crise»diplomatique avec Rabat mais«le plus important est que nous posons les bases d’une relation beaucoup plus solide, beaucoup plus forte avec le Royaume du Maroc», a ditSánchez lors d’une prise de parole à Sebta.«Il n’était pas soutenable pour l’Espagne d’avoir des relations rompues» avec «un pays stratégique comme le Maroc», a ajouté Sánchez. Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a indiqué pour sa part que les postes frontaliers rouvriront lorsque les conditions sanitaires et de sécurité le permettront et toujours d’un commun accord entre les autorités espagnoles et marocaines. Avant cette visite, l’ambassadrice du Maroc à Madrid, a regagné la capitale espagnole pour reprendre ses fonctions après plusieurs mois d’absence. Les relations semblent donc se normaliser entre Rabat et Madrid après l’appui exprimé par legouvernement ibérique au plan marocain d’autonomie pour le Sahara.

Lire aussi :Maroc-Espagne : reprise et consolidation des liens diplomatiques

L’Espagne assume sa nouvelle position et en informe l’ONU

En soutenant l’initiative marocaine d’autonomie comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» au sujet du Sahara, l’Espagne veut contribuer à résoudre cette question qui n’a que trop duré, a affirmé, mardi, le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares. Interpellé par les élus du Sénat espagnol, Albares a assuréque l’Espagne a emboîté le pas à d’autres puissances mondiales ayant soutenu l’approche marocaine. En effet, la position de l’Espagne est «très similaire à celle adoptée par la France et l’Allemagne, à savoir que le plan d’autonomie marocain est la base la plus réaliste», a insisté le chef de la diplomatie espagnole.«Je ne vois pas que quiconque pense que la position de ces deux pays se situe en dehors de la légalité internationale», a fait observer Albares, précisant que la position exprimée par le gouvernement espagnol est conforme à la Charte des Nations unies et aux résolutions du Conseil de sécurité, y compris la dernière résolution 2602. Elle s’inscrit également dans le cadre du soutien de la mission de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura. Albares a d’ailleursinformé Mistrura du changement de la position espagnole sur le conflit, selon l’agence de presse espagnole EFE. Une information confirmée par le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.«L’envoyé personnel a pris bonne note du soutien du ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares à un processus facilité par l’ONUvisant à une solution conforme aux décisions du Conseil de sécurité, en particulier la dernière en date, la résolution2602 d’octobre dernier», adit Dujarric lors d’un point de presse à New York.

Lire aussi :Sahara : le Maroc fait plier l’Espagne

Sánchez s’expliquera devant les députés

Attaqué de toutes parts sur son virage à 180 degrés sur le Sahara, Pedro Sánchez s’expliquera la semaine prochaine devant les députés, a indiqué mardi la porte-parole du gouvernement. «Le chef du gouvernement comparaîtra devant la Chambre des députés (…) pour rendre compte des conclusions du Conseil européen (…), du sommet de l’OTAN et de ce nouveau cadre de relations avec le Maroc», a déclaré Isabel Rodriguez à l’issue du Conseil des ministres. En soutenant la proposition marocaine, Sánchez s’est attiré les foudres de la gauche radicale de Podemos, alliée des socialistes au sein de la coalition au pouvoir, mais aussi de la droite représentée par le Parti populaire. Presque toutes les formations politiques ont qualifié la décision du gouvernementSánchezd’ »incohérence » et « opaque ».Sánchez peut néanmoins se targuer du soutien des membres de sa formation politique, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) dont l’ancien président du gouvernement espagnol (2004-2011), José Luis Rodriguez Zapatero. Ce derniera accordé ce mercredi un entretien au quotidien espagnol El Paisdans lequel il a plaidé que le soutien exprimé par Madrid à l’initiative marocaine d’autonomie «est dans l’intérêt de l’Espagne, de sa sécurité et de sa stabilité».

Crise ouverte avec l’Algérie

Ce changement de position de Madrid a rendu furieux Alger qui a rappelé samedi son ambassadeur à Madrid. L’accord avec Rabat «n’affecte en rien la relation avec d’autres pays (…) l’Algérie est aussi pour nous un partenaire solide, stratégique et prioritaire et un fournisseur d’énergie fiable», a assuré Isabel Rodriguez.Alger est un des principaux fournisseurs de gaz de l’Espagne, ce qui met Madrid à la merci de représailles, en pleine flambée des prix de l’énergie accentuée par la guerre en Ukraine. S’il est peu probable qu’Alger réduise ou coupe son robinet, vu le niveau actuel des prix,le régime algérienpourrait en revanche revoir à moyen terme son partenariat avec Madrid et réserver ses surplus de production à d’autres pays. L’Espagne a toutefois réduit récemment sa dépendance au gaz algérien via des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) à cause de la mise à l’arrêt par Alger du Gazoduc Maghreb-Europe (GME)passant par le Maroc.«Auparavant, près de 50% du gaz espagnol venait d’Algérie. Mais en janvier, Washington est devenu le premier fournisseur de l’Espagne, avec 30% de ses importations, contre 28% pour Alger», souligne Gonzalo Escribano, chercheur à l’Institut Elcano de Madrid, dans une déclaration à l’AFP.

Lire aussi :Maroc-Espagne : vers une réouverture du Gazoduc Maghreb-Europe ?

De l’aveu même de Zapatero, depuis 2008, l’Espagne a toujours soutenu le plan marocain d’autonomie dans les coulisses. Le fait que cela soit rendu public estun changement important qui va aider à la résolution d’un conflit qui n’a que trop duré. Le gouvernement espagnol doit défendre sa nouvelle position et convaincre la classe politique ibérique et les dirigeants d’Alger qu’il a choisi de contribuer à résoudre ce conflit au lieu de continuer à parler, parler…

Dernier articles
Les articles les plus lu

Réforme du Code de la famille : le PJD exprime sa satisfaction

Politique - Le PJD exprime sa satisfaction et sa fierté face aux propositions de révision, qui respectent les fondements religieux, constitutionnels et nationaux, conformément aux directives du Roi.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024

Réforme du Code de la famille : l’UC salue l’engagement royal pour une justice sociale

Politique - Le parti de l'Union constitutionnelle a exprimé son soutien total à l'initiative de réforme du Code de la famille lancée par le roi Mohammed VI.

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2024

Code de la famille : les points soulevés par le PAM

Politique - Le PAM a souligné l'importance d'un système logistique efficace, comme les guichets uniques dans les tribunaux familiaux.

Sabrina El Faiz - 26 décembre 2024

Numérique : vers un âge légal de 16 ans?

Politique - Le groupe parlementaire du PPS a proposé une loi relative à la protection des données personnelles des individus.

Mouna Aghlal - 25 décembre 2024

Paraguay : soutien renforcé au Sahara marocain

Politique - La Chambre des députés du Paraguay a récemment adopté une résolution renouvelant son appui à la souveraineté marocaine sur les provinces sahariennes.

Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024

Maroc – Sénégal : vers un renforcement des relations diplomatiques

Afrique, Diplomatie, Politique - Nasser Bourita, a reçu, ce lundi à Rabat, Yassine Fall, ministre sénégalaise de l’Intégration africaine et des affaires étrangères.

Ilyasse Rhamir - 24 décembre 2024

Le Roi félicite le président du Conseil présidentiel libyen

Afrique, Diplomatie, Politique - Le roi Mohammed VI a adressé un message de félicitations à Mohamed Younes El-Menfi.

Rédaction LeBrief - 24 décembre 2024

Gouvernement Bayrou : bon ou mauvais pour le Maroc ?

Politique - Le nouveau gouvernement Bayrou détient-il les notices pour refonder les relations franco-marocaines ?

Sabrina El Faiz - 24 décembre 2024
Voir plus

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le prince Moulay Rachid a représenté le Roi à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris

Politique - Le prince Moulay Rachid a pris part à la cérémonie de réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris .

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

Provinces du sud : visite historique de l’ambassadeur de France au Maroc

Politique - L’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a entamé une visite officielle dans les provinces du Sud du Royaume.

Farah Nadifi - 12 novembre 2024

Maroc-Chili : un partenariat renforcé pour un avenir commun

Politique - Le Maroc et le Chili ont affirmé leur volonté commune de renforcer leurs relations bilatérales et de consolider leur coopération dans tous les secteurs clés.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Code de la famille : le RNI salue l’approche royale

Politique - Le parti a réuni sa commission interne dédiée à la révision du Code de la famille et a communiqué quatre axes.

Mouna Aghlal - 26 décembre 2024

Rabat : réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe

Politique - Sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d'État chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, une réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe s'est tenue mardi à Rabat.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Le Maroc milite pour un financement urbain agile

Politique - Lors de la deuxième session de 2024 du Conseil exécutif d’ONU-Habitat, le Maroc a appelé à une amélioration significative du financement de base de l’organisation.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire