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Vous l’avez sans doute constaté en faisant vos courses le week-end, le prix de la tomate a baissé, passant de 15 DH le kilo il y a une semaine à 10 DH le kilo. Cette baisse du prix est due à la limitation des exportations pendant quelques jours. Cette mesure temporaire concerne principalement la tomate ronde, variété la plus consommée au Maroc. Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, avait assuré jeudi que le gouvernement compte intervenir pour réduire le prix de ce fruit indispensable à la table des Marocains. L’exécutif compte donc jouer sur deux leviers : la baisse des quantités de tomates exportées et un durcissement des contrôles sur les marchés de gros.
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Une production suffisante
La production de tomates au Maroc est largement suffisante et la filière ne connaît aucun problème en matière de disponibilité du produit, assure le gouvernement. Pendantcette période de l’année marquée par une baisse des températures, les agriculteurs recourent à la production sous serre dans la région de Chtouka conformément auprogramme tracé par le ministère de l’Agriculture qui indique la superficie emblavée a été respectée. Mais alors, comment expliquer la hausse vertigineuse du prix d’un produit local qui ne peut souffrir de facteurs exogènes ?La hausse des prix des tomates s’explique par l’augmentation de la demande au niveau international et par la hausse du coût du transport au niveau national, mais pas que. Le marché intérieur subit nombre de dysfonctionnements liés à la multiplication des intermédiaires qui font de la spéculation. L’on se souvient encore des scènes de pillage enregistrées il y a quelques jours dans un souk dans la province de Sidi Kacem. La faible offre en tomates a poussé les commerçants à doubler le prix, ce qui a créé l’indignation et la protestation des consommateurs.
Pour agir sur le problème de quantités destinées à l’export, le gouvernement compte revenir à des quotas qui permettent de garantir les besoins du marché local en tomate ronde, surtout à l’approche du mois de ramadan. Plusieurs producteurs membres de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation de fruits et légumes (Fifel) ont redirigé une partie du contingent de tomates exportables vers le marché marocain, espérant toutefois reprendre les expéditions vers l’étranger dans les prochains jours, une fois que la demande du marché domestique sera satisfaite. Le cas échéant, les exportations seront malgré tout limitées aux produits etmarchésdéjà inclus dans des contrats fermes.Il faut savoir que les producteurs de tomates perdent beaucoup d’argent en écoulant leurs produits au Maroc. Si leurs marges s’effritent, ils répercuteront le manque à gagner sur le consommateur marocain en augmentant les prix.
Un modèle à revoir
La production et de la commercialisation de la tomate connaissent un problème structurel au Maroc. Si la filière a connu des investissements énormes dans des exploitations sous serre même dans les provinces du Sud, le modèle économique n’est pas viable à cause de plusieurs impératifs. Tout d’abord, le Maroc demeure le premier exportateur de tomates fraîches vers le marché européen. Partant de là, les investisseurs dans ce segment ont façonné leur exploitation sur cette base. De ce fait, le manque à gagner serait énorme s’ils limitent leur commercialisation au marché marocain et du fait d’une offre abondante, ils seraient ruinés. Et puis certaines failles observées dans la mise en œuvre de l’ex-Plan Maroc Vert (PMV), remplacé depuis par le programme Génération Green,ont fragilisé tout un écosystème. La reconversion de certaines régions vers l’arboriculture et autres filières de niche a eu des conséquences désastreuses sur le secteur des fruits et légumes. La Gharb, autrefois grande productrice de tomates,a délaissé la culture des primeurs pour se concentrer sur lesfruits rouges. Sauf que la tomate est plus importante que la fraise en termes d’alimentation que ce soit pour le consommateur marocain ou étranger. Aussi, la sécheresse que traverse le Maroc actuellement interroge sur le choix des filières exportatrices.Le journaliste agricole chez L’Humanité, Gérard Lepuil, écrivait il y a quelques années :«Avec ses tomates d’exportation, le Maroc nous vend aujourd’hui l’eau qui lui manquera demain. En ne les achetant pas, nous laisserons un peu d’eau aux enfants du Maroc pour les prochaines décennies». Cette idée est reprise aujourd’hui à travers une campagne de boycott lancée par des militants écologiques sur Twitter.
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Que ce soit pour la tomate ou pour les autres denrées alimentaires, des acteurs associatifs ontplaidé pour la mise en œuvre » immédiate » d’un plafonnement des prix des produits de grande consommation afin depréserver lepouvoir d’achat des citoyens. Dans les cas, le gouvernement doit se pencher en urgence sur ce dossier pour éviter une inflation galopante qui pourrait engendrer une crise sociale sans précédent.
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