Les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Allemagne poursuivent leur réchauffement
Une première visioconférence s’est tenue mercredi entre le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita et son homologue allemande Annalena Baerbock, en poste depuis le 8 décembre dernier. Les deux diplomates ont convenu de «renouer avec la qualité particulière des relations bilatérales dans tous les domaines, dans l’esprit des politiques éprouvées, de cohérence et de respect mutuel», selon les termes du communiqué conjoint publié à l’issue de la rencontre.
Les deux ministres ont souligné leur intérêt mutuel pour des «relations étroites et amicales entre les deux pays», et ont convenu d’entamer un nouveau dialogue afin de «surmonter les malentendus dans leurs relations et d’approfondir leurs relations bilatérales aux multiples facettes».
Les deux parties ont finalement convenu, dans les semaines à venir, «de définir ensemble des lignes d’orientation pour relancer et approfondir le dialogue et la coopération en vue de résoudre les défis régionaux et globaux à l’avenir». La ministre des Affaires étrangères allemandea de son côté salué le retour de l’ambassadeur du Maroc à Berlin, ajoutant que le nouvel ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne «devrait arriver prochainement au Maroc», selon les termes du communiqué conjoint.
«C’est un signe très importantqui vient d’être envoyé», estime Driss Aissaoui, analyste politique et économique. «Cela signifie que les problèmes d’antan sont passés et que la coopération va finalement pouvoir recommencer. Ça va relancer la coopération bilatérale sur le plan officiel, mais également toute la coopération avec des organismes affiliés à l’État allemand, exemple ONG qui ont des programmes au Maroc».
De longs mois de brouilles
Les tensions étaient survenues dès janvier 2020 et l’organisation à Berlin d’une conférence sur la résolution du conflit libyen, à laquelle le Maroc, à sa grande surprise, n’avait pas été convié.
«Il y a eu plusieurs problèmes avec l’ancienne chancelière Angela Merkel», détaille Driss Aissaoui. «Elle n’a pas voulu intégrer le Maroc dans l’approche qu’ils ont sur la résolution du problème libyen, et avait également une approche particulière par rapport à la question du Sahara. Le Maroc s’est senti négligé».
Par une correspondance en date du 1er mars dernier, qui avait fuitésur les réseaux sociaux, Nasser Bourita avait informéSaâdeddine El Otmani, alors chef du gouvernement, ainsi que l’ensemble des membres de l’Exécutif de «la suspension de tout contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat».
Dans le même document, le ministre des Affaires étrangères avait invoqué des «malentendus profonds avec la République Fédérale d’Allemagne au sujet des questions fondamentales pour le Royaume du Maroc, les départements ministériels et l’ensemble des organismes qui relèvent de leurs tutelles, sont priés de bien vouloir suspendre tout contact, interaction ou action de coopération, en aucun cas ou sous aucune forme, aussi bien avec l’Ambassade d’Allemagne au Maroc qu’avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes qui lui sont liés».
Quelques semaines après cette décision, le Maroc avait rappelé son ambassadeur à Berlin pour consultation, considérant que la République Fédérale d’Allemagne avait «multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du Royaume du Maroc», et que l’Allemagne «s’était démarquée par une attitude négative sur la question du Sahara marocain», selon les mots de la diplomatie marocaine.
«On ne rappelle l’ambassadeur pour consultation pour rien, on le fait uniquement lorsque les relations bilatérales ont un problème», précise Driss Aissaoui. «C’était un signal fort envoyé par le Maroc. Tous les projets de coopération ont été arrêtés par la suite, et ce jusqu’à aujourd’hui».
Des signes annonciateurs d’un réchauffement
L’arrivée d’un nouvel exécutif allemand, avec l’élection du chancelier Olaf Scholz le 8 décembre dernier, semble avoir changé la donne.
«Le changement récent diplomatique à la tête de l’Allemagne a tout changé. Cela a impacté très positivement la reprise des relations avec le Maroc», analyse Driss Aissaoui.
Des premiers signes de réchauffement entre Rabat et Berlin étaient apparus le 7 décembre dernier, date à laquelle la diplomatie allemande affirmait officiellement sa volonté de renouer «les bonnes et traditionnellement largesrelations diplomatiques» qu’elle entretenait avec le Maroc, dans un message posté sur les réseaux sociaux de l’ambassade d’Allemagne à Rabat.
Le 13 décembre, la nouvelle ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock ajoutait que Berlin soutenait «les efforts de modernisation du Maroc». En réponse à ces déclarations, le ministère des Affaires étrangères marocain avait alors publié quelques jours plus tard un communiqué, affirmant «apprécier les annonces positives du nouveau gouvernement fédéral d’Allemagne».
Ces signaux positifs se concrétisaient finalement le 5 janvier dernier, par l’invitation officielle lancée par le président allemand Frank-Walter Steinmeir à Mohammed VI de se rendre en Allemagne, afin de «sceller un nouveau partenariatentre les deux pays».
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