1502 : il était une fois la cité portugaise d’El Jadida
À se promener dans les ruelles d’El Jadida l’on constate bien le mélange des influences marocaines et portugaises. Une fusion qu’on aperçoit dans l’architecture, notamment. Les rues sont assez étroites, comme les anciennes médinas, et pavées. Les ruelles de la cité sont bordées de maisons ornées de portes et fenêtres en bois sculpté, rappelant les rues des villes portugaises. Ce qui s’offre actuellement aux regards des visiteurs est l’héritage d’un pan de l’histoire de Mazagan…
En 1502, le Portugal était une puissance maritime régionale dominante. Et le choix de Mazagan comme point stratégique pour le commerce et les voyages entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, n’était pas anodin. Au début du XVIe siècle, les Portugais étaient alors en pleine expansion maritime et coloniale. Après avoir établi des comptoirs le long de la côte africaine, ils prirent Mazagan. Afin de fortifier cette nouvelle «acquisition» et de résister aux attaques des puissances locales et étrangères, les Portugais ont érigé des fortifications robustes et des infrastructures essentielles, dont la citerne portugaise.
Ce ne sont pas moins de 250 ans que les Portugais ont passé dans la cité de Mazagan. Une présence qui a permis à la ville de voir de nouvelles infrastructures et fortifications. Et c’est en 1769 que les Marocains ont repris leur ville, sous le règne du Sultan Mohammed Ben Abdallah. Si les Portugais s’en sont allés vers de nouveaux horizons, ils ont laissé derrière eux un patrimoine riche en histoire.
Patrimoine architectural
Les fortifications, les bastions et les remparts sont incroyablement bien conservés dans la cité portugaise d’El Jadida. À titre d’exemple, les remparts, construits en pierre de taille, sont un témoignage d’une histoire militaire de l’époque. De plus, une fois à l’intérieur, une vue panoramique sur l’océan Atlantique et la ville d’El Jadida, s’offre à ses visiteurs.
Mais ce n’est rien en comparaison au joyau de la région, à savoir la citerne portugaise. Il s’agit d’une structure souterraine impressionnante, construite au début du XVIe siècle, vers 1514. La citerne est une salle souterraine voûtée, soutenue par cinq rangées de colonnes massives formant un réseau de 25 travées. La voûte est en pierre de taille et présente une architecture gothique distincte, avec une élégance qui contraste avec la fonction utilitaire de la structure.
Avec son plafond voûté soutenu par des colonnes massives, était utilisée pour stocker l’eau en cas de siège. Initialement, cette bâtisse, construite sous la direction de l’ingénieur João Castilho, a été mise sur pied comme arsenal pour stocker les armes et les munitions. Toutefois, en vue des besoins en eau potable de la garnison portugaise en cas de siège, elle fut rapidement transformée en citerne.
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Aujourd’hui, les Marocains s’y rendent en masse pour vivre cette atmosphère mystique et profiter de ses jeux de lumière. Ceux-ci sont créés par l’eau stagnante qui réfléchit la lumière du jour filtrant à travers une ouverture dans le plafond ou oculus.
Après la reconquête de Mazagan par les Marocains en 1769, la citerne tomba dans l’oubli et fut redécouverte par hasard en 1916 par un marchand local. Cette redécouverte suscita un regain d’intérêt pour ce chef-d’œuvre de l’architecture portugaise. La citerne est désormais l’une des attractions touristiques les plus visitées d’El Jadida, attirant des visiteurs fascinés par son histoire et sa beauté architecturale.
En 2004, la cité portugaise de Mazagan, incluant la citerne, a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette reconnaissance souligne l’importance historique et culturelle du site, ainsi que la nécessité de le préserver pour les générations futures. La citerne portugaise demeure un témoignage poignant de l’histoire coloniale du Maroc et des échanges culturels entre l’Europe et l’Afrique du Nord.