Le gouvernement Akhannouch, représenté par sonministre de l’Intégration économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a choisi la province de Mdiq-Fnideq pour donner le coup d’envoi officiel du programmeAwrach ce vendredi. Neuf autres provinces sont concernées dans la première phase :El Hajeb, Errachidia, Azilal, Nouaceur, Al Haouz, Figuig, Oued Eddahab, Sidi Kacem et Taroudant,avant la généralisation progressive dans toutes les régions du Royaume.
L’objectif de ce programme est de créer250.000 emplois entre 2022 et 2023. Pour préparer ce lancement, Sekkouri a présidé mercredila première réunion du comité de pilotage de ce programme ciblant en particulier les personnes ayant perdu leur emploi suite à la crise sanitaire liée à la Covid-19 et celles en difficulté d’accéder au marché du travail, sans condition d’éligibilité.
Un programme, deux volets
Awrach se compose de deux volets distincts. Lepremier porte sur la réalisation de chantiers publics temporaires avec le recrutement de 200.000 personnes, soit 80% des bénéficiaires ciblés. Ces derniers travailleront dans différents projets publics temporaires, notamment l’aménagement d’infrastructures et des chaussées, etc. pour une durée moyenne estimée à six mois. Ils bénéficieront ainsi d’un revenu mensuel au moins égal au salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) soit un salaire mensuel net de 2.638DH versé par l’État, et déclaré à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ces travailleurs profiteront également d’un encadrement, dans le but de développer les compétences et aptitudes, outre l’obtention, au terme du chantier, d’un certificat de l’employeur dans le but d’améliorer leurs chances d’intégration ultérieure dans des activités économiques similaires.
Le deuxième volet du programme Awrachconcerne l’appui à l’inclusion durable et s’adresse à près de 20% des bénéficiaires soit 50.000 individus. Là, il ne s’agit plus de recrutement, mais de soutien aux entreprises et coopératives ayant souffert de la crise liée à la pandémie de Covid-19. Ces entités qui seront sélectionnées par des comités régionaux seront désormais accompagnées pendant une durée de 18 mois à travers une subvention incitative de 1.500 DH par mois pour chaque personne recrutée et déclarée à la CNSS. Les entités bénéficiaires devront en contrepartie s’engager à intégrer ces nouvelles recruespour une durée minimum d’au moins 24 mois pour un salaire au moins égal au SMIG.
Lire aussi :Création d’emplois : les détails du programme »Awrach »
La CNSS et l’ANAPEC impliquées
Pour verrouiller l’aspect technique de ce programme, une convention aété signée avec le ministère délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances,avec la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et avec l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). C’est le cœur du dispositif opérationnel de ce programme puisqu’il fixeles modalités des décaissements et des dépenses des primes d’emploi. En d’autres termes, l’ANAPEC s’occupera de la supervisiondes contrats et de l’encadrement des travailleurs, et la CNSS coiffera le volet couverture sociale des bénéficiaires de ce programme. Mais ce qu’il faut savoir c’est qu’aucun organisme public ne se chargeradu recrutement de ces travailleurstemporaires. Ce dernier sera assuré par les associations et les coopératives dans le cadre d’un partenariat avec les conseils provinciaux et d’un comité provincial incluant les départements ministériels qui seront chargés d’orienter les chantiers publics au niveau local. «La gestion de ces multiples chantiers se fera à travers un partenariat avec un secteur associatif qualifié qui répond à des critères bien précis à même d’assurer la transparence, sachant que l’employeur sera l’association ou la coopérative», avait préciséle ministre Sekkouri.
Un programme réalisable ?
Avec une enveloppe budgétaire de 2,25 milliards de DH (MMDH) au titre de l’année 2022, le programme Awrach soulève des questions quant à sa réalisation. Un simple calcul permet de déduire que le budget alloué à ce programme estinsuffisant à moins qu’il soit complété par une allocation au titre de l’exercice 2023. Rien que pour le paiement des salaires (équivalant au SMIG) de200.000 personnes pendant six mois, l’État doit débourser plus de3MMDH.Où l’exécutif ira-t-il chercher la différence et comment pourra-t-ilsubventionner les salaires des50.000 nouvelles recrues des entités bénéficiant du soutien public ? Selon le département dirigé par Sekkouri, les 2,25 MMDH ne concernent que la moitié de l’objectif(125.000 bénéficiaires). Pour le reste, le budget est à fixer ultérieurement.
Et puis des craintespar rapport à la stabilité sociale des bénéficiaires sont soulevées par plusieurs partis d’opposition. Le Mouvement populaire (MP), partidoté d’une base militante large dans le milieu rural, est sceptique quant à l’efficacité de ce programme qualifié de «nouvelle usine à produire du chômeur»à causede la durée très limitée des contrats de travail. De plus, le parti de l’épi ditcraindre«des cas d’exclusion dans le milieu rural». Enfin, que faire en cas de conflit ? Qui peut faire la médiation ? Quelle est la partie apte à trancher dans ce cas de figure ? Le gouvernement doit prévoir une telle éventualité.
Lire aussi :Quelles seront les clés de réussite du programme Awrach ?
Le programme Awrach lancé ce vendredi est loin d’être la solution miracle pourrésorber le chômage ou pourstimuler le marché du travail. C’est un plan éphémère d’emplois temporaires qui ressemble à d’autres formules déjàexpérimentées au Maroc sous différentes appellations. Le chef du gouvernement et son équipe doivent être plus ingénieuxpour concrétiser les promesses électorales et créer 250.000 emplois stables par an. Faute de quoi, ils plongeront le Maroc dans un état de cocotte-minute.
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