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Oxfam International : la fortune des 10 hommes les plus riches du monde a doublé pendant la pandémie

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Depuis le début de la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures, alors que les inégalités contribuent à la mort d’une personne toutes les quatre secondes. C’est le constat alarmant du rapport d’Oxfam sur les inégalités dans le monde, publié lundi 17 janvier.

«La fortune des dix hommes les plus riches au monde a plus que doublé, passant de 700 milliards de dollars à 1.500 milliards de dollars, à un rythme de 15.000 dollars par seconde ou 1,3 milliard de dollars par jour pendant les deux premières années d’une pandémie au cours de laquelle 99% de la population mondiale a eu des revenus moins importants que prévu et où plus de 160 millions de personnes supplémentaires auraient basculé dans la pauvreté», constate l’ONG internationale.

Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International, a déclaré dans un communiqué : «si ces dix hommes perdaient demain 99,999% de leur fortune, ils seraient toujours plus riches que 99% de toute l’humanité. Ils sont désormais six fois plus riches que les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres».

Oxfam révèle également que les inégalités contribuent à la mort d’au moins 21.000 personnes par jour, soit une personne toutes les quatre secondes. Ces chiffres sont établis sur la base d’estimations prudentes du nombre de décès dus au manque d’accès aux services de santé, aux violences basées sur le genre, à la faim et au dérèglement climatique.

La fortune des milliardaires a davantage augmenté depuis le début de la pandémie qu’au cours des 14 années précédentes. Estimée à 5.000 milliards de dollars, il s’agit de la plus forte augmentation de la fortune des milliardaires depuis que ce type de données est recensé.

Les inégalités extrêmes, une forme de violence économique

Un impôt exceptionnel de 99% sur les richesses amassées pendant la pandémie par les dix hommes les plus riches du monde permettrait par exemple de financer suffisamment de vaccins pour immuniser le monde entier, financer la protection sociale et une santé universelle, financer l’adaptation au changement climatique, ou encore de réduire les taux de violences basées sur le genre dans plus de 80 pays, remarque Oxfam.

«Les banques centrales ont injecté des milliards de dollars dans les marchés financiers dans le but de sauver l’économie, mais une grande partie a fini dans les poches des milliardaires, profitant de la montée en flèche des cours des actions. Les vaccins étaient supposés mettre fin à la pandémie. Pourtant, les gouvernements des pays riches ont permis à des monopoles et des milliardaires de l’industrie pharmaceutique de bloquer leur approvisionnement à des milliards de personnes. Tout cela conduit à une aggravation de toutes les formes d’inégalités», continue Gabriela Bucher.

Les choix politiques consistant à perpétuer l’accaparement de la richesse et du pouvoir par une poignée de privilégiés nuisent directement à la grande majorité des citoyens ordinaires dans le monde et à la planète, poursuit le rapport. «Les vagues de la Covid-19 entraînent des pics de violences basées sur le genre, alors même que le poids du travail de soin non rémunéré sur les femmes et les filles a augmenté», affirme Gabriela Bucher.

La pandémie a en effet fait reculer l’objectif d’atteindre la parité à 135 ans, contre 99 ans auparavant. Collectivement, les femmes ont perdu 800 milliards de dollars de revenus en 2020. En tout, 13 millions de femmes de moins travaillent aujourd’hui par rapport à 2019. 252 hommes se partagent plus de richesses que le milliard de filles et de femmes qui vivent en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes réunies.

L’accès aux stocks de vaccins

Les groupes racisés ont été les plus durement touchés par la pandémie. En Angleterre, par exemple, pendant la deuxième vague de la pandémie, les personnes d’origine bangladaise étaient cinq fois plus susceptibles de mourir de la Covid-19 que la population britannique blanche.

Les pays en développement, s’étant vu refuser l’accès à des stocks de vaccins suffisants du fait de la protection accordée par les gouvernements des pays riches aux grandes entreprises pharmaceutiques, ont été forcés de restreindre leurs dépenses publiques, au vu de la montée en flèche des niveaux de la dette. Ils devront probablement faire face à des mesures d’austérité. La proportion de personnes contaminées qui meurent des suites du virus est environ deux fois plus importante dans les pays en développement que dans les pays riches, ajoute Oxfam.

Malgré le coût immense que représente la réponse à la pandémie, les gouvernements des pays riches n’ont pas pris la décision d’augmenter les impôts sur la fortune des personnes les plus riches et ont continué à privatiser les biens publics, comme les technologies liées aux vaccins. Ils ont tant encouragé les multinationales à développer des monopoles que, rien que pendant la pandémie, l’augmentation de la concentration du marché pourrait dépasser en un an celle observée entre 2000 et 2015.

Inégalités et crise climatique

Les émissions de CO2 des 1% les plus riches sont deux fois plus élevées que celles des 50% les moins riches. Cela a eu des conséquences sur le changement climatique en 2020 et en 2021, causant incendies, inondations, tornades, mauvaises récoltes et faim.

Finalement, Oxfam dresse quelques recommandations aux gouvernements, dont : la récupération des énormes profits réalisés par les milliardaires depuis le début de la pandémie, grâce à la mise en place d’impôts permanents sur la fortune et sur le capital et l’investissement des milliers demilliards récoltés par ces impôts dans la protection sociale, l’adaptation au changement climatique et la prévention des violences basées sur le genre. Aussi, le rapport recommande aux gouvernements des pays riches de lever « immédiatement » les droits de propriété intellectuelle régissant les vaccins contre la Covid-19 pour que davantage de pays puissent produire les vaccins en toute sécurité et en quantité suffisante afin d’accélérer la fin de la pandémie.

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