Le secteur de la Santé au Maroc fait face à une grande pénurie de médecins et d’infirmiers. Dans un entretien accordé à l’agence de presse Reuters, le ministre Khalid Ait Taleb a rappelé que le pays a un besoin de 32.000 médecins et 65.000 infirmiers. Un manque très difficile à rattraper d’autant plus que 1.200 médecins seulement sont diplômés chaque année des différentes universités du Royaume.
Afin de palier à ce manque d’effectif, Ait Taleb a souligné que le ministère envisage de mettre en place différentes incitations fiscales afin d’attirer des investisseurs et encourager les médecins étrangers à participer au système de Santé marocain.
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Contacté par LeBrief, Abdellah Alaoui El Mountadar, secrétaire général du Syndicat indépendant des médecins du public (SIMSP), estime que ces mesures ne seront probablement pas suffisantes et ne régleront pas le problème en question. «Est ce que vous pensez qu’un médecin qui travaille au Canada, en Allemagne ou en Belgique va tout laisser tomber pour venir travailler au Maroc ? Pourquoi il ferait ça ? Qu’est-ce qui lui a été réservé pour le motiver à venir ? Sera-t-ilrémunéré aussi bien que dans son pays ?»,s’interroge Abdellah Alaoui.
Ce dernier émet des doutes sur la volonté des étrangers à se rendre dans les zones enclavées et dont les conditions de travail sont difficiles : «Je ne pense pas qu’ils pourraient franchir le pas. Même les Marocains ont du mal à s’y rendre, car ils ne bénéficient d’aucune motivation, qu’elle soit salariale ou autres pour relever le challenge».
Une préférence pour le privé
Abdellah Alaoui souligne également que la seule motivation pour qu’un médecin étranger se rende au Maroc est de gagner de l’argent dans le cadre d’un investissement privé. «S’ils viennent, ils s’installeront dans les grandes villes telles que Casablanca, Rabat et Marrakech, des villes qui ne souffrent pas spécialement de pénurie. Finalement, cela ne va engendrer que de la concurrence dans le secteur privé et je ne pense pas que ce soit l’objectif du ministère», déclare Abdellah Alaoui.
Le secrétaire général de la SIMSP explique que la pénurie de personnel est une conséquence des politiques des précédents gouvernements. «C’est sûr qu’il y a eu des efforts qui ont été déployés notamment dans la création d’universités. En 1986, il n’y avait que deux universités au Maroc, à Casablanca et Rabat. Aujourd’hui, il y en a près d’une dizaine. Néanmoins, cela reste nettement insuffisant, car le nombre de médecins diplômés ne dépasse finalement pas les 1.000 personnes par an», souligne le docteur Alaoui.
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Enfin, notre intervenant alerte sur les abandons de poste des médecins et infirmiers. «La cadence de travail est très importante et difficile à tenir d’autant plus qu’il y a un manque de reconnaissance et de motivations salariales. Le ministère devrait remédier à cette fuite des cerveaux et de capital humain qui ne profite qu’aux pays étrangers».
Khalid Ait Taleb a mentionné lors de sa récente interview que son département souhaite encourager les médecins marocains à rester dans le secteur public, et ce, en augmentant les salaires des travailleurs de la santé. Reste à savoir s’il va tenir sa promesse d’ici la fin de son mandat à la tête du secteur de la Santé.
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