Maroc-Allemagne © DR
C’est une nouvelle ère pour les relations Maroc-Allemagne qui s’annonce. En effet, le nouveau gouvernement allemand tente de se rapprocher de plus en plus du Royaume. Ce mercredi, le Cabinet royal asouligné dans un communiqué queFrank-Walter Steinmeier, président allemand, a adressé une lettre au roi Mohammed VI à l’occasion du Nouvel An. Dans cette missive, le responsable a invité le Souverain à se rendre en Allemagne. Il s’est également dit impressionné par les vastes réformes politiques, sociales et économiques que le Royaume a mises en œuvre sous le règne de Mohammed VI.
De plus, Walter Steinmeier a décrit le Maroc comme un «site d’investissement» qui est devenu important pour les entreprises allemandes en Afrique.
Concernant la question duSahara, il a fait part du soutien de son pays au plan d’autonomie marocain, notant qu’il reflète un «effort sérieux et crédible du Maroc» et qu’il représente «une bonne base pour parvenir à un accord sur le différend régional». Le président allemand a en outre renouvelé le soutien de son pays au processus politique mené par les Nations unies (ONU), qui appelle toutes les parties au conflit à agir pour trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara.
Sur le plan de la diplomatie régionale, Steinmeier s’est également félicité de l’engagement et de la contribution notable du Maroc au processus de paix en Libye.
Lire aussi :Le président allemand tend la main au Maroc
Réaction du gouvernement
De son côté, à la suite du Conseil de gouvernement réuni ce jeudi, le gouvernement du Royaume s’est dit satisfait du message adressé par le président allemand au Souverain. Selon, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, l’exécutif «a accueilli avec grande satisfaction les déclarations positives et importantes exprimées par le gouvernement allemand, et la teneur du message adressé par le président allemand à Sa Majesté le roi Mohammed VI».
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a pour sa part affirmé avoir apprécié «les annonces positives et les positions constructives faites récemment par le nouveau gouvernement fédéral d’Allemagne».Et d’ajouter qu’il est envisageable de relancer la coopération bilatérale et d’autoriser les représentations diplomatiques des deux pays à Rabat et à Berlin à reprendre leur travail.
Pourquoi ce changement de position ?
Selon l’expert en relations internationales, Hafid Boutaleb, ce changement de position dela part de l’Allemagne fait suite au message ferme du Maroc quant à son attachement à son intégrité territoriale et à la marocanité du Sahara. Notre intervenant explique que «le Maroc a noué beaucoup de partenariats avec l’Union européenne (UE). Il bénéficie d’ailleurs depuis 2008 d’un statut avancé avec l’UE, base d’un partenariat solide. Le Royaume a donc envoyé à ces pays et à ces organisations un signal fort sur le fait que son intégrité territoriale est non négociable». Grâce à cette politique de fermeté, poursuit-il, «aujourd’hui on constateun retour qui est positif de la part de ces pays qui veulent d’abord construire des relations durables avec le Maroc, car ils reconnaissent son rôle dans la région. Dans la lettre que le président allemand a adressée au Roi, il était justement question des efforts du royaume dans la lutte contre le terrorisme, la coopération dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine etl’implémentation de politiques pour l’adaptation et la lutte contre les changements climatiques».
Pour Hafid Boutaleb, «plus les pays europens comprennent que le Maroc est intransigeant sur son intégrité territoriale, plus ils souhaitent échanger et coopérer avec le Royaume, sur la basedu dialogue». Le dialogue reste évidemment le meilleur moyen de contourner les problèmes. «Cela explique le changement de position de l’Allemagne vis-à-vis du Maroc, surtout après le changement de son administration le 8 décembre dernier», précise-t-il. Désormais, c’est Olaf Scholz qui occupe le poste de chancelier allemand, tandis que Frank-Walter Steinmeier est le président du pays. Ces deux responsables appartiennent au même parti politique, notamment le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD).
Lire aussi :Maroc-Allemagne : nouveau départ pour les relations bilatérales
Le rôle de Gerhard Schroeder ?
«Il faut noterque le président allemand qui a envoyé la lettre du Nouvel An au roi Mohammed VI, était ministre des Affaires étrangères pendant quatre ans (jusqu’en 2017) lors de l’administration d’Angela Merkel. Il était ainsi au fait des évolutions de la situation en Afrique du Nord, dont le développement de la question du Sahara», explique l’expert. Et de noter : «cela donne davantage de poids à sa correspondance et à son contenu, surtout que la missive souligne que le Maroc est considéré comme un important partenaire de Berlin».
De plus, «Frank-Walter Steinmeier était directeur de la chancellerie fédérale, c’est-à-dire, le secrétaire de l’ancien chancelier Gerhard Schroeder, le prédécesseur de Merkel. Ce dernier est considéré comme le père du SPD post-unification de l’Allemagne, en 1990 après la chute du mur de Berlin», explique Boutaleb. En effet, Schroeder est unpoliticien qui a joué un rôle clé dans la réunification du pays et dans la mise en place de ses structures politiques. «Aujourd’hui, grâce à son expérience et à ses réalisations en tant qu’ancien leader de la gauche allemande, il garde une position importante dans les coulisses de laprise de décision à Berlin.D’où l’importance de sa participation à la 5e édition du Crans Montana à Dakhla en 2019. Ainsi, cette figure emblématique de la gauche allemande, père du SPD et ex-chancelier de l’Allemagne a fait le déplacementauSaharaet a pu observer, en personne, les efforts du Maroc dans les provinces du sud, les infrastructures qu’il a érigées dans la région ainsi que la paix qui y règne parmi ses populations», souligne l’expert.
Lire aussi :Maroc-Allemagne : Rabat envisage une normalisation des relations
Les points de frictions
S’agissant des tensions qui existent entre le Maroc et l’Allemagne, elles ont été aggravées par plusieurs « incidents »diplomatiques intervenus ces dernières années. Il s’agit notamment de la déclaration d’un «think tank proche des milieux de gauche qui a pointé du doigt que le Maroc s’est développé trop vite par rapport au reste des pays d’Afrique». Le gouvernement berlinois a aussi convoqué une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies pour exprimer son mécontentement après l’annonce de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. Sans oublier l’écartement du gouvernement marocain de la première Conférence de Berlin sur la Libye, bien que le pays ait contribué à l’ouverture et à la relance du dialogue entre les factions rivales libyennes.
D’après Hafid Boutaleb, «il faut noter que les incidents diplomatiques qui sont survenus entre les deux pays étaient à l’initiative d’une certaine gauche allemande qui reste très hostile à l’intégrité territoriale du Maroc». Mais, aujourd’hui, «on observe l’arrivée d’autres relais qui tentent de corriger et de réparer les frictions diplomatiques entre Rabat et Berlin», explique-t-il. Notre intervenant cite dans ce sens, «lerôle de Gerhard Schroeder et les efforts de Frank-Walter Steinmeier pour rétablir les relations entre les deux pays». Il évoque aussi, le communiqué publié le mois dernier parle département de la diplomatie allemande, dirigé par l’écologiste Annalena Baerbock, qui représente les Verts(une autrebranche de la gauche du pays). Dans cette missive, ledit ministère a affirmé que le plan d’autonomie du Maroc est une «contribution importante» pour mettre fin au conflit du Sahara.
Lire aussi :Sahara : l’Allemagne approuve le plan d’autonomie du Maroc
Les ambitions de l’Allemagne au Maroc et au Maghreb
Après la guerre de Syrie, l’Allemagne a connu une grave crise migratoire. «Elle a par la suite réalisé l’importance de lapaix et du développement de la croissance économique dans les pays riverains méditerranéens, comme le Maroc, car la stabilité deces derniers leur permet de juguler les flux migratoires», suggère Boutaleb.
Et de conclure : «ainsi, l’Allemagne cherche à soutenir le Maroc comme le reste du Maghreb dans sa lutte contre l’immigration clandestine. Elle vise aussi à se déployer en Afrique, vu qu’elle est la quatrième puissance économique mondiale après les États-Unis, la Chine et le Japon. Pour ce faire, elle veut consolider et renforcer ses partenariats avec le Royaume en raison de sa position géopolitique très intéressante entre l’Europe et l’Afrique».
Lire aussi :Maroc-Allemagne : vers un rétablissement des liens diplomatiques ?
Réforme de l’éducation : entre avancées concrètes et nouveaux projets ambitieux
Politique - Alors que le Maroc s’engage résolument dans la réforme de son système éducatif, les projets se multiplient dans diverses régions.
Farah Nadifi - 13 décembre 2024Le premier vice-président de la Chambre des conseillers rencontre le secrétaire général du CCG
Politique - Abdelkader Salama, premier vice-président de la Chambre des conseillers, a reçu, jeudi à Rabat, Jassim Mohammed Al Budaiwi, secrétaire général du Conseil de Coopération des États arabes du Golfe (CCG)
Farah Nadifi - 13 décembre 2024Bourita reçoit le ministre zambien des AE, porteur d’un message au Roi
Afrique, Diplomatie, Politique - Nasser Bourita a accueilli Mulambo Haimbe, son homologue zambien, porteur d'un message au Roi.
Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024Centrale électrique « Sa Majesté le Roi Mohammed VI » : le président nigérien reçoit la délégation marocaine
Afrique, Politique, Politique - Le président du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger, Abdourahamane Tiani, a reçu la délégation marocaine présente à l'inauguration de la centrale électrique "Sa Majesté le Roi Mohammed VI".
Mbaye Gueye - 13 décembre 2024Maroc-Kazakhstan : renforcement de la coopération judiciaire
Politique - Le Maroc et le Kazakhstan ont franchi une étape importante dans le renforcement de leur coopération judiciaire en concluant trois accords axés sur le domaine pénal.
Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024Renforcement des relations entre le Maroc et le CCG
Politique - Aziz Akhannouch a reçu jeudi le secrétaire général du CCG, Jasem Mohamed Al-Budaiwi, en visite officielle au Maroc.
Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024Aziz Akhannouch reçoit le rapport 2023 de l’AMMC
Politique - Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a accueilli, Nezha Hayat, Présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC).
Ilyasse Rhamir - 12 décembre 20245+5 Défense : le Maroc renforce son engagement à Madrid
Politique - Abdeltif Loudyi, a participé, jeudi à Madrid, à la 20e réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Initiative « 5+5 Défense ».
Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024Sahara : Malte réaffirme son soutien au plan marocain
Politique - Malte a réaffirmé son soutien au plan d’autonomie marocain, le qualifiant de bonne base pour une résolution définitive de la question du Sahara marocain.
Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024Le Maroc milite pour un financement urbain agile
Politique - Lors de la deuxième session de 2024 du Conseil exécutif d’ONU-Habitat, le Maroc a appelé à une amélioration significative du financement de base de l’organisation.
Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024Entretien entre Aziz Akhannouch et le président de la BAD
Politique - Aziz Akhannouch a rencontré le 5 décembre 2024 à Rabat le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD).
Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas
Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.
Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires
Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.
Mbaye Gueye - 3 décembre 2024Cabinet royal : le cercle des conseillers
Hafid El Jaï - 27 novembre 2021Maroc – BERD : vers une économie verte et inclusive
Économie, Politique - Aziz Akhannouch s’est entretenu à Rabat avec Odile Renaud-Basso, présidente de la BERD, ce jeudi 5 décembre.
Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse
Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.
Farah Nadifi - 20 décembre 2024