Accueil / Société

Prévenir et lutter contre l’addiction aux drogues, une priorité nationale

Temps de lecture

Les problèmes de dépendance et de toxicomanie sont omniprésents. Des drogues dures à celles dites douces, le Maroc n’est pas étranger à l’abus de substances. Les instances ministérielles marocaines se sont impliquées tôt dans le mouvement mondial de lutte contre les drogues. Toutefois, des insuffisances et des dysfonctionnements sont toujours relevés. À cet égard, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a livré son propre diagnostic sur les addictions au Maroc.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’addiction est un dysfonctionnement chronique du système cérébral qui implique la récompense, la motivation et la mémoire. Il s’agit de la façon dont le corps devient dépendant d’une substance ou d’un comportement, surtout si cela entraîne une recherche compulsive ou obsessionnelle de la «récompense» et un manque de préoccupation pour les conséquences.

Les dépendances aux drogues les plus courantes sont celles à la nicotine, présente dans le tabac, le THC, présent dans le cannabis, les opioïdes (narcotiques) et la cocaïne. Outre les substances, il existe des comportements qui peuvent déclencher une dépendance. Ainsi, au même titre que celle à la nicotine, les drogues et l’alcool, l’addiction aux jeux vidéo, aux jeux d’argent, au sexe ou aux achats compulsifs sontformellement reconnues comme des maladies. Certains comportements sociaux ouhabitudes ressemblent à une dépendance. Toutefois, dans le cas d’une dépendance, la personne réagit négativement lorsqu’elle n’obtient pas sa «récompense». Par exemple, une personne dépendante du café peut éprouver des symptômes de sevrage physiques et psychologiques, tels que de graves maux de tête et de l’irritabilité.

Les troubles liés à l’usage de substances, la plus grave forme de l’addiction, impliquent généralement des schémas comportementaux dans lesquels les personnes continuent à prendre une substance malgré les problèmes causés par son usage. Les personnes atteintes d’un trouble de l’usage des substances se concentrent sur la consommation d’une ou de plusieurs substances, telles que l’alcool, le tabac ou les drogues illicites, au point d’altérer leur capacité à vivre normalement.

Les personnes souffrant de dépendance sont également sujettes à des cycles de rechute et de rémission. Cela signifie qu’elles peuvent passer d’une consommation intense à une consommation légère. Malgré ces cycles, les dépendances s’aggravent souvent avec le temps. Elles peuvent entraîner des complications permanentes pour la santé. Une personne souffrant d’une dépendance est incapable de s’éloigner de la substance ou d’arrêter le comportement addictif. Elle fait preuve d’un manque de maîtrise de soi et a un désir accru pour la substance ou le comportement.

Lorsqu’une personne souffre d’un trouble lié à la consommation d’une substance, elle développe généralement une tolérance à cette substance, ce qui signifie qu’elle a besoin de plus grandes quantités pour en ressentir les effets. Ces personnes peuvent être conscientes de leur problème, mais ne pas être en mesure de s’arrêter, même si elles le veulent et essaient. La dépendance peut entraîner des problèmes physiques et psychologiques ainsi que des problèmes interpersonnels, notamment avec les membres de la famille et les amis ou au travail.

État des lieux au Maroc

Le Maroc est, de par sa situation géographique, un carrefour du trafic des drogues. Par conséquent, environ 4,1% de la population marocaine de plus de 15 ans consomme de la drogue et 2,8% souffrede dépendance. Ainsi, le Royaume se situe dans la moyenne mondiale d’usage de drogues.

95% de ces usagers de drogues sont accros au cannabis, indiquent les statistiques livrées en 2015 par l’Observatoire national des drogues et des addictions. Selon ces chiffres, un lycéen sur 5 a déjà fumé une cigarette et un sur 10 a touché au cannabis. La jeunesse marocaine consomme actuellement, et de plus en plus tôt, non seulement du cannabis et de la nicotine, mais aussi de l’alcool, de l’ecstasy et de nouvelles drogues de synthèse. Certes, l’usage des drogues touche principalement les jeunes et les jeunes adultes. Toutefois, dans quelques villes marocaines, spécifiquement Casablanca, la consommation commence de plus en plus tôt, soit dès l’âge de 7-8 ans.

Des solutions de prévention, de réduction des risques ou de soins

Le Royaume a été le troisième pays musulman à adopter la politique de réduction des risques parmi les personnes qui s’injectent des drogues en 2007. Il a également introduit le traitement par agonistes opioïdes en 2010.

Afin de lutter contre ce fléau, plusieurs enquêtes épidémiologiques sont menées régulièrement dans la population générale et particulièrement chez les jeunes. Une politique globale et intégrée a impliqué aussi bien les professionnels de soins que les organisations de la société civile dans le processus de prise en charge des troubles addictifs. Le Maroc a aussi instauré des formations universitaires d’addictologie et des programmes de renforcement des capacités des associations thématiques et des pairs aidants.

Malgré ces efforts, des insuffisances sont encore bien présentes, et ce, sur les plans des ressources humaines qualifiées, de la généralisation des structures de soins sur tout le territoire marocain ainsi qu’à certaines populations bien ciblées vulnérables telles que les femmes, les jeunes, les détenus et les migrants…

Il y a eu par ailleurs une participation assez importante dans la création des services de soins ambulatoires et résidentiels. Ces derniers, quoiqu’ils soient peu nombreux, ont commencé leurs activités depuis la fin des années 1990. Outre leur nombre réduit, les centres sont payants et ne permettent qu’un accès limité. La consultation ainsi que les contrôles de suivi qui se font tous les quinze jours sont coûteux. Sans compter les traitements médicamenteux qui ne sont pas remboursés puisque l’addiction n’est toujours pas considérée comme une maladie. Ceci est également dû au fait que les personnes en situation de dépendance sont considérées comme étant «responsables» de leur sort. Une conception erronée rejetée par l’OMS, qui souligne que «la dépendance est une maladie du cerveau qui appelle des soins médicaux et un accompagnement psychosocial».

La lutte contre l’addiction dans le viseur du CESE

Afin de pallier ces dysfonctionnements, la Direction de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies du ministère de la Santé a adopté, le 18 janvier 2018, un plan stratégique national de prévention et de prise en charge des troubles addictifs. L’objectif est de dresser un plan de travail dans le traitement et la prévention des addictions au Maroc.

En outre, le Conseil économique, social et environnemental a produit un rapport sur les addictions au Maroc qui a été adopté par l’assemblée générale du 29 décembre. Dans ce document qui n’a toujours pas été publié, l’institution constitutionnelle indépendante traite la dépendance à des substances légales ou illégales. Une première !

Selon les premières révélations, le volume d’affaires des seules substances et activités légales représente plus de 3% du PIB et plus de 9% des recettes de l’État. Le rapport revient également sur les vulnérabilités particulières aux addictions dans les entreprises ou en milieu carcéral, mais aussi parmi les sportifs, les jeunes et les femmes.

Dernier articles
Les articles les plus lu

La plateforme E-Police opérationnelle

Société - Conçue avec des technologies avancées, E-Police est désormais opérationnelle pour toute activité en ligne.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

5G : objectifs pour la CAN 2025 et la CDM 2030

Société - Amal El Fallah Seghrouchni a annoncé que le Maroc lancera la technologie 5G en vue des grands événements sportifs à venir.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Plus de 10.640 zones rurales connectées entre 2018 et 2024

Société - Plus de 10.640 zones rurales ont été couvertes par des services de 2ème, 3ème et 4ème générations.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Décès de Larbi Bentarka, figure emblématique des médias marocains

Société - Larbi Bentarka, l’une des figures les plus marquantes du paysage médiatique et culturel marocain, s’est éteint ce vendredi.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Le roi Mohammed VI préside une séance de travail sur la révision du Code de la famille

Société - Le roi Mohammed VI a présidé, lundi au Palais Royal de Casablanca, une séance de travail consacrée à la révision du Code de la Famille.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Le journal Al-Omq Al-Maghribi réagit aux propos diffamatoires de Abdelilah Benkirane

Société - Al-Omq Al-Maghribi a reçu avec étonnement les propos diffamatoires émis par le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Protection des consommateurs : 300.000 contrôles effectués en 2024

Société - Le ministère de l’Intérieur a multiplié ses initiatives avec plus de 300.000 opérations de contrôle en 2024 pour garantir la qualité des produits commercialisés.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Lutte contre les déchets plastiques : les Marocains prêts à agir

Société - 94% des Marocains interrogés accordent une grande importance à l'élimination des déchets plastiques.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024
Voir plus

Héritage, la succession qui déchire

Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.

Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024

Notes de route du Sahara

Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.

Rédaction LeBrief - 4 avril 2024

L’INDH : 18 ans après, quel bilan ?

Société - Lancé en 2005 par le roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain souffle aujourd’hui ses 18 bougies.

Hajar Toufik - 18 mai 2023

Nouvelles du Maroc

Société - À l'extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l'Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc est un carrefour d'influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions.

Rédaction LeBrief - 1 avril 2024

Le racisme expliqué à ma fille

Société - Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme.

Rédaction LeBrief - 22 mars 2024

Bidonvilles, pourquoi y en a-t-il encore ?

Dossier - Ces habitats se concentrent dans les périphéries ou au sein de bidonvilles, où les efforts de résorption peinent à suivre.

Sabrina El Faiz - 30 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire