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Alors que le nouveau variant Omicron sème l’inquiétude, l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions ne suffira pas pour enrayer l’épidémie. Des certitudes autour d’Omicron, il n’y en a qu’une : sa contagiosité est plus élevée que ses prédécesseurs. Conséquence de la prise de pouvoir de ce variant aux multiples mutations, le nombre des hospitalisations des enfants, une tranche d’âge jusqu’ici relativement épargnée par la Covid-19, grimpe en flèche dans plusieurs pays.
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Ainsi, la question de la vaccination des enfants de moins de 12 ans revient sur le devant de la scène. Plusieurs pays ont déjà franchi le pas, notamment les États-Unis, le Canada, Israël, la France, l’Autriche, les Émirats arabes unis, la Chine ou encore Cuba. Le Maroc, qui a perdu 35 enfants pendant la pandémie, dont 19 en août 2021 lors de la vague Delta, devrait aller dans la même direction. Selon un membre du Comité scientifique et technique, le Royaume, champion de la vaccination, souhaite immuniser cette tranche d’âge. Cette décision serait prise pour la même raison que celle de vacciner les enfants à partir de 12 ans : ces derniers peuvent transmettre le virus en milieu scolaire et à leurs proches.
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Une décision éthique
Au total, plus de 1,8 million petits Marocains seraient concernés. La plupart du temps, les parents sont plus inquiets que leurs enfants. C’était également le cas à l’ouverture de la vaccination aux 12-17 ans en août dernier.
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Cela soulève la question de savoir comment cette décision devrait être prise. Il est important de répondre à cette question, pour deux raisons. Premièrement, quelle que soit la décision, les principes sur lesquels elle se fonde – et devrait se fonder – doivent être clairs et transparents. Deuxièmement, on a étonnamment accordé peu d’attention à cette question au Maroc, bien que la décision de vacciner les enfants soit une question de science et d’éthique. Si l’approbation d’un vaccin contre la Covid-19 pour les enfants témoigne des progrès scientifiques rapides réalisés au cours de la pandémie, les applications des réalisations scientifiques ne sont pas par défaut éthique. La science peut clarifier certains coûts et avantages de la vaccination, mais elle ne peut pas nous dire quels coûts et avantages comptent et quand un rapport coûts-avantages est favorable.
Des avantages directsminimes
Le risque qu’impose une infection à la Covid-19 chez les enfants est similaire ou inférieur à celui de la grippe saisonnière. Néanmoins, les rares cas d’enfants hospitalisés peuvent être graves, et les enfants présentant certaines comorbidités peuvent être plus à risque. Ainsi, il pourrait bien être justifié de tester et éventuellement d’utiliser systématiquement les vaccins chez les enfants présentant certaines comorbidités. Toutefois, il est beaucoup plus difficile de justifier la vaccination d’enfants en bonne santé sur la base des bénéfices attendus pour eux, étant donné la gravité moyenne extrêmement faible de la maladie. En outre, l’immunité post-infection peut être aussi efficace que la vaccination pour protéger contre la réinfection à un âge plus avancé, qui aurait pu être plus grave autrement.
En gardant cela à l’esprit, les enfants en bonne santé peuvent souffrir d’effets indésirables importants dus à la Covid-19, mais ces cas sont rares (inférieur à 0,05% selon l’épidémiologisteJaafar Heikel). La maladie provoque rarement des états inflammatoires sévères entrainant la mort chez les enfants en bonne santé. Chaque décès d’enfant est une tragédie. Néanmoins, les données actuelles suggèrent que ces cas ne représentent qu’une petite minorité des cas de contamination chez les enfants en bonne santé.
Risques de la vaccination chez les enfants
Les autorités marocaines doivent être particulièrement prudentes quant aux risques des vaccins anti-Covid-19 chez les enfants. La confiance qu’accorde le public aux vaccins, en particulier l’immunisation des enfants, prend des années à bâtir et quelques jours à briser. Éviter de nuire aux enfants en bonne santé est sans doute la clé pour maintenir cette confiance.
En outre, il faut attendre l’évaluation complète des risques et bénéfices du vaccin pour les petits corps au système immunitaire différent de celui des adultes et des adolescents. Bien que les effets néfastes à long terme liés aux vaccins soient rares, il faudrait idéalement assurer un suivi prolongé des participants aux essais pédiatriques avant de procéder à la vaccination. Traditionnellement, les vaccins infantiles sont développés sur des décennies, les tests de sécurité des essais cliniques se poursuivant pendant des années, comme ce fut le cas pour le vaccin contre la varicelle.
À ce jour, le docteur Heikel rappelle qu’en termes de pourcentage, la probabilité de voir un enfant hospitalisé après avoir reçu un vaccin est comprise entre 0,3 et 0,7%. En vaccinant l’ensemble des 1,8 millions de jeunes marocains concernés, l’on pourrait s’attendre à des effets secondaire grave chez au moins 5400 d’entre eux. Alors qu’en considérant que tous soient au final contaminés par la maladie (rappelons que le taux de contamination au Maroc est inférieur à 3% de la population), seul un millier au maximum pourrait connaitre des conséquences graves. Dans cette hypothèse, le bénéfice direct n’est donc clairement pas établi pour les enfants.
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La protection des groupes à risque ne nécessite pas la vaccination des enfants
Étant donné que les bénéfices de la vaccination des enfants sont peu nombreux, même les inconvénients rares sont très importants pour l’acceptabilité éthique de la vaccination des enfants en bonne santé. Ainsi, il paraît que la vaccination de groupes à risque les protège adéquatement sans qu’il soit nécessaire de vacciner les enfants. Un avis partagé par Saïd Moutawakil, membre du Comité scientifique et technique contre la Covid-19. «Il est entendu que la vaccination des moins de 12 ans est une stratégie qu’il faudra adopter à un moment ou à un autre, mais, aujourd’hui, la priorité, c’est de s’assurer d’abord que le maximum des personnes ciblées ont déjà reçu les première et deuxième doses des vaccins anti-Covid et que les personnes vulnérables, particulièrement celles en première ligne, reçoivent également la dose de rappel (3e dose). Le Maroc est bien avancé pour cette population, mais encore une fois, il faut prioriser et faire les choses étape par étape», explique-t-il à Le Matin.
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