Accueil / Économie

TPE-autoentrepreneurs : quid de la gestion de leurs dossiers ?

Temps de lecture

Suite à la nomination du gouvernement de Aziz Akhannouch, la gestion des dossiers d’appui aux très petites entreprises (TPE) et des autoentrepreneurs ne sont plus du ressort de l’Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (Maroc PME). Cette responsabilité a été confiée au nouveau ministère de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences. Ledit département a cependant priorisé le volet emploi depuis l’entame de ses fonctions, condamnant les TPE et les autoentrepreneurs à une attente dévastatrice. Le point avec Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME (CMTPE-PME).

L’Agence nationale pour la promotion de lapetite et moyenne entreprise(Maroc PME) ne gère plus la catégorie destrès petites entreprises (TPE) et des autoentrepreneurs.La Confédération marocaine de TPE-PME (CMTPE-PME) a été très surprise par cette nouvelle qui a été annoncée à la suite de la nomination du gouvernement Akhannouch. Les dossiers des TPE et des autoentrepreneurs ont été confiés au nouveau ministère de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, dirigé par Younes Sekkouri. Selon Abdellah El Fergui, président de la CMTPE-PME, malgré les promesses du ministre de revenir vers la confédération pour discuter des problèmes des TPE et des autoentrepreneurs, aucune discussion n’a encore eu lieu entre les deux parties. Pis encore, aucun plan d’action ni programme ne leur a été présenté par la tutelle pour les sortir de crise.

Lire aussi :Crise des TPE-PME : un programme de sauvetage doit être établi en urgence

L’emploi d’abord

Notre intervenant nous explique que, pour le moment, le département de Sekkouri est plus concentré sur le volet emploi. D’ailleurs, depuis sa prise de fonction, le ministre en question a effectué à cet effet plusieurs tournées dans toutes les régions et communes du Royaume où il a rencontré des gouverneurs et des notables, mais pas de représentant de TPE ni d’autoentrepreneurs. «Vu le programme chargé du ministre et de son département et la priorisation du volet emploi, nous nous demandons aujourd’hui qui va s’occuper de nos dossiers en suspens. Surtout quand on sait que le nombre des TPE et des autoentrepreneurs au Maroc est actuellement de plus de quatre millions, représentant plus de 95% du tissu économique du pays». Bien que les gouvernements qui se sont succédé aient encouragé la création des très petites entreprises et le lancement du programmeautoentrepreneur, aucun d’entre eux n’a proposé un programme clair concernant ces derniers ni assurant la pérennité de leurs activités, déplore notre source.

Après consultation du directeur de Maroc PME, ce dernier aconfié à El Fergui que son agence a entamé des discussions avec le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences. Ces échanges concernent, toutefois, la réévaluation de la relation entre les deux parties.

Lire aussi :Inclusion financière : l’accès des TPE aux produits bancaires reste limité

Le sort incertain des TPE et des autoentrepreneurs

Aujourd’hui, les TPE et les autoentrepreneurs menacés de faillites sont plus de 250.000, affirme le président de la CMTPE-PME. Il souligne que, bien avant la pandémie de la Covid-19, cette catégorie faisait déjà face à une crise économique depuis 2019, qui a obligé près de 10.000 entreprises a fermé boutique. «Désormais, avec la cessation de la gestion de Maroc PME, un nouveau ministère complètement surbooké et avec les effets de la crise sanitaire, il est clair que nous n’allons pas nous en sortir», martèle-t-il.

Selon El Fergui, l’idéal serait de mettre en place une nouvelle agence qui serait dédiée aux TPE et aux autoentrepreneurs ainsi qu’à la gestion de leurs dossiers. «C’est une proposition que nous avons soumise depuis la création de Maroc PME en 2002 et le lancement de la charte PME. Cependant, rien n’a été fait dans ce sens». De plus, poursuit-il, «nous sommes en conflit avec l’Observatoire de la TPME, car sa définition de la TPE diffère de la nôtre et parce qu’il sort des statistiques erronées concernant nos activités. Et, malheureusement,c’est sur ces données que le gouvernement et les autres organismes étatiques se basent pour créer des programmes portant sur l’amélioration des TPE et de l’autoentrepreneuriat au Maroc».

Pour l’Observatoire, la TPE est une entreprise qui fait un chiffre d’affaires entre troiset dix millions de DH (DH) par an, tandis que celle qui fait moins est considérée comme une microentreprise, explique notre interlocuteur. De son côté, la Confédération marocaine de TPE-PME inclut aussidans la catégorie TPE les entreprises qui font un chiffre d’affaires de moins de troisMDH. Ainsi, «un grand nombre de TPE sont marginalisées et ne sont pas prises en considération dans les programmes gouvernementaux. Après avoir demandé d’adhérer à l’Observatoire pour revoir la définition des TPE, les responsables de ces dernières ont été appelés à verser une cotisation annuelle de 500.000 DH pour intégrer l’organisme», dénonce El Fergui. Une somme qui reste très élevée pour la Confédération.

Lire aussi :Les délais clients des TPE s’allongent de 50 jours !

L’urgenced’une loi pour protéger les TPE et les autoentrepreneurs

Enfin, la plus grande crainte des TPE et des autoentrepreneurs est désormais d’être marginalisés par le gouvernement en raison des différents facteurs précités, mais surtout en raison de l’absence d’un organisme qui les accompagne et qui veille à la gestion de leurs revendications et doléances. D’ailleurs, les prémisses de cet écartement ont été ressenties lors de l’élaboration de loi de Finances 2022, durant laquelle plusieurs amendements concernant les TPE et les autoentrepreneurs ont été adoptés sans pour autant les consulter.

«Nous envisageons de saisir le nouveau gouvernement pour lui demander de mettre en place une nouvelle loi qui assure la protection des sous-traitants. Il faut noter que même si ce sont les moyennes et les grandes entreprises (MGE)qui raflent les commandes publiques, ce sont les TPE et les autoentrepreneurs qui assurent le travail sur le terrain. De ce fait, alors qu’elles se financent à travers les TPE et les autoentrepreneurs, les GME accusent un écart de près de 400 milliards de DH (MMDH) en retard de paiement. D’où l’urgence de mettre en place une loi qui préserve les intérêts des TPE et des autoentrepreneurs», conclut Abdellah El Fergui.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Forum de la PME africaine: le Maroc, acteur engagé dans la dynamique d’intégration africaine (Akhannouch)

Économie - Aziz Akhannouch a indiqué que le Maroc est pleinement conscient des enjeux auxquels le continent africain est confronté.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Commerce extérieur : gestion en ligne des certificats de conformité

Économie - Le ministère de l'Industrie et du Commerce, en collaboration avec Portnet, a annoncé le lancement d’un nouveau service en ligne dédié à la gestion des certificats de conformité (COCs) via le Guichet unique national des procédures du commerce extérieur.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Le premier congrès international des mines du Maroc ouvre ses portes

Économie - Le congrès international des mines du Maroc (IMC Morocco 2024) a débuté, ce mardi, à Marrakech.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Crédit du Maroc affiche des résultats croissants

Économie - Sur le plan commercial, Crédit du Maroc enregistre une progression des crédits de 7,6%, atteignant 55.173 millions de dirhams.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Croissance industrielle globale, stagnation dans certains secteurs

Économie - L’enquête mensuelle de conjoncture industrielle menée par BAM révèle une augmentation de la production dans tous les secteurs.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

« Les réformes fiscales propulseront les recettes fiscales à plus de 329 MMDH en 2025 », Lekjaa

Économie - Les réformes fiscales engagées en 2023 devraient faire passer les recettes fiscales de 201 MMDH en 2021 à plus de 329 MMDH en 2025, soit une hausse de 63%, selon Fouzi Lekjaa.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Un géant de l’automobile chinois investit 1,3 MMDH au Maroc

Économie, Entreprise - Shanghai Auto Parts, fabricant de pièces automobiles, prévoit d’investir 1,3 MMDH dans la création d’une usine au Maroc

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024
Voir plus

CFG Bank : la digitalisation tous azimuts (ITW)

Interview - Le point sur les enjeux de la transformation digitale avec Salim Rais, Associé, Directeur Exécutif Finances chez CFG Bank.

Rédaction LeBrief - 1 mars 2024

Tourisme : le Maroc dépasse les 11 millions de visiteurs en 2024

Économie - Les recettes du tourisme atteignent 59,4 MMDH en 2024, avec 11,8 millions de visiteurs, marquant une hausse de 3,5%.

Chaima Aberni - 20 septembre 2024

CMI : révolution dans les paiements

Économie - Le Conseil de la concurrence a validé les engagements présentés par le CMI et ses banques partenaires.

Ilyasse Rhamir - 5 novembre 2024

Croissance record des agrumes au Maroc en 2024

Économie - L’OMD a révélé ses prévisions pour l’année 2024, mettant en évidence une croissance exceptionnelle de la production d’agrumes au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Régularisation fiscale volontaire : ouverture des guichets de la DGI les 28 et 29 décembre 2024

Économie - La DGI a annoncé une ouverture exceptionnelle de ses guichets le samedi 28 et le dimanche 29 décembre 2024.

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2024

Afrique : le Maroc dans le Top 10 des pays les plus accueillants

Économie - Le Maroc s'est hissé parmi les dix pays les plus accueillants d'Afrique, selon un classement récent établi par Insider Monkey.

Sabrina El Faiz - 2 mai 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire