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Omicron joue de mauvais tours à l’Europe. Par peur de vivre le scénario cauchemardesque de l’année dernière, plusieurs pays ont décidé de mettre des mesures restrictives pour l’accès à leurs territoires. C’est le cas de l’Italie, de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal. Ces derniers exigent désormais un test PCR négatif à tous les visiteurs (y compris ceux de la zone euro entièrement vaccinés), remettant en cause unilatéralement la stratégie du pass sanitaire européen. Peur et craintes sont les mots d’ordre. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne a déclaré ce mercredi 15 décembre qu’Omicron devrait être le variant dominant du coronavirus dans l’Union européenne (UE) d’ici mi-janvier.
Pourquoi Omicron circule plus vite que le Delta ?
Qu’est-ce qui fait que le variant Omicron a pris cette ampleur en Europe en si peu de temps ? Contacté par nos soins, le professeur Jaâfar Heikel nous a livré certains éléments qui expliquent la vitesse de circulation de ce variant.
«Omicron fait beaucoup plus de mutations que le Delta. Il fait plus d’une cinquantaine de mutations dont 32 sur la protéine Spike alors que le variant Delta ne fait que 7 mutations sur la même protéine», explique le docteur Heikel. Et d’ajouter que sur la zone de fixation du virus sur les cellules, Delta fait deux mutations quand Omicron en fait 10. Notre intervenant note que la transmissibilité d’Omicron est quasiment deux fois plus grandeque le Delta «Omicron est capable aujourd’hui de doubler le nombre de cas en 48 heures alors que la moyenne pour le variant Delta était de 5 jours», dit-il.
Lire aussi :Covid-19 : faut-il craindre le variant Omicron ?
Le professeur Heikel note également que c’est ce qui explique la vitesse de propagation du variant Omicron dans le monde. «En Afrique du Sud, Omicron représentait il y a un mois 20% des cas, aujourd’hui, il représente 80% des cas. Idem pour la Grande-Bretagne qui est passée de moins de 5% des cas il y a un mois à plus de 50% des cas actuellement».
Une “bonne” et une “mauvaise” nouvelle
Parce qu’il faut toujours voir la moitié pleine du verre, nous avons demandé au professeur Heikel s’il existe des enseignements positifs à tirer des études faites sur le variant Omicron. Ce dernier rassure l’opinion publique en indiquant que les études effectuées à ce jour en Afrique du Sud et en Angleterre montrent clairement qu’Omicron ne crée pas plus d’hospitalisations et n’augmente pas le taux de létalité dans le monde. «Les derniers chiffres publiés par l’OMS montrent qu’il y a eu moins de nouveaux cas et moins de décès à l’échelle mondiale cette semaine par rapport à la semaine précédente».
De l’autre côté, la mauvaise nouvelle est que les vaccins résistent moins bien à Omicron par rapport au Delta. «Omicron réduit l’efficacité de Pfizer pour les formes graves à un niveau de 70% au lieu de 93%», souligne le professeur Heikel. Et d’ajouter : «Sur le plan de la transmission du variant, nous perdons gros. Nous perdons entre 50 et 60 points par rapport au variant Delta».
Qu’en est-il d’AstraZeneca et de Sinopharm?
Une étude réalisée au Royaume-Uni et prépubliée dans la revue scientifique medRxiv a prouvé qu’AstraZeneca n’offre “pas de protection” contre Omicron après deux doses. Cependant, l’administration d’une troisième dose augmenterait considérablement cette protection.
«Parmi ceux qui avaient reçu deux doses d’AstraZeneca, il n’y avait pas de protection contre la maladie symptomatique avec Omicron à partir de 15 semaines après la deuxième dose. Deux semaines après une dose de rappel de Pfizer-BioNTech, l’efficacité augmente à 71,4%», note le rapport de l’étude.
Pour ce qui est du vaccin chinois de Sinopharm, le ministre de la Santé avait affirmé que ce vaccin était «actuellement le vaccin le plus efficace contre Omicron». Que disent les études par rapport à cela ? «À ce jour, aucune donnée scientifique ne démontre cela», souligne le docteur Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. «Ce que l’on dit, c’est que le vaccin Sinopharm qui est un vaccin entier inactivé peut théoriquement faire face à Omicron. Si Omicron déjoue les autres vaccins qui ciblent la protéine Spike alors normalement Sinopharm devrait théoriquement continuer à être efficace», souligne le docteur Hamdi.
Publiée ce vendredi matin,une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Washington et Humabs Biomed indiqueque deux doses du vaccin Sinopharm offrent une faible protection contre Omicron. Tayeb Hamdinote que dans tous les cas une troisième dose est nécessaire pour tous les vaccins face à Delta et «encore plus face à Omicron».
Lire aussi :Pass vaccinal : nouvel appel au renforcement des mesures de contrôle
Enfin, les scientifiques s’accordent enfin à dire qu’il faut continuer à se faire vacciner et respecter les mesures barrières. «Ce que les gens oublient, c’est que même si le vaccin perd en efficacité, trois éléments ne perdent jamais en efficacité. Le port du masque, la distance physique et le lavage régulier des mains», rappelle le professeur Jaâfar Heikel. Ce dernier considère que ces trois éléments réunis permettent à eux seuls d’éviter 80% des cas de contamination.
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