Accueil / Économie

Tourisme : la CNT plaide pour un nouveau pacte public-privé

Temps de lecture

Le secteur touristique marocain agonise. De l’aveu même de la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, rien que pour ce mois de décembre 2021, les pertes se chiffrent à quatre milliards de DH. Face à cette situation, la responsable gouvernementale mise sur ce qu’elle appelle la stratégie des 3 “R » : résister, relancer et réinventer. De son côté, la Confédération nationale du tourisme (CNT) veut mettre en place un nouveau pacte public-privé pour sauver le secteur.

La fermeture des frontières décidée par les autorités marocaines après l’apparition du variant Omicron de la Covid-19 dans plusieurs pays a sonné le glas de la reprise du secteur touristique. Les professionnels du tourisme, qui comptaient sur les fêtes de fin d’année pour limiter les dégâts, ont été assommés par l’annonce de la prolongation des suspensions des liaisons aériennes et maritimes jusqu’au 31 décembre 2021.

Lire aussi :Prolongation de la fermeture des frontières : un calvaire sans fin pour le tourisme

Face à cette situation, la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, tente, avec les organismes sous sa tutelle, de résister en relançant notamment la campagne »Ntla9awFbladna ». Miser sur le tourisme interne est une bonne chose, mais les opérateurs touristiquesrestent sceptiques quant à la réussite de cette campagne, arguant que le calendrier de l’éducation nationale ne compte pas de vacances en ce mois de décembre.

Lire aussi :RAM : nouveaux vols spéciaux et conditions d’éligibilité

Des chiffres et des lettres

Dans une interview accordée à nos confrères deTelquel, la ministre Ammor a dévoilél’ampleur des pertes accusées par le secteur tout en insistant sur sa stratégie appelée 3 « R » : résister, relancer et réinventer.«Nous sommes passés de 13 millions de touristes en 2019 à 3,7 millions en 2021. Les recettes touristiques, quant à elles, sont passées de 80 milliards à 30 milliards de DH», a affirmé Ammor. Des propos recueillis avant la détection mercredi du premier cas du variant Omicron au Maroc. Partant de là, les hôteliers s’attendent à un nouveau tour de vis dès la semaine prochaine. Réinstauration du couvre-feu nocturne, limitation des déplacements entre les villes, durcissement des contrôles des pass sanitaires… Toutes les options sont envisagées. Quoi qu’il en soit, les professionnels des différentes filières touristiques (transport, hébergement, animation) ont adressé plusieurs courriers au chef du gouvernement et aux départements du Tourisme et du Transport. Dans ces courriers, les acteurs du secteur déplorent une « discrimination » et des décisions fatales en plus du manque de communication et de concertation de la part de l’exécutif. Les doléances d’une catégorie des professionnels semblent n’être pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Mardi, leministre du Transport, Mohamed Abdeljalil, a reçules transporteurs touristiques au siège de son département à Rabat. Cette première réunion a permis notamment de discuter des facilités supplémentaires, au profit des professionnels, liées au paiement des échéances des prêts dans le cadre des concertations en cours avec le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM).

Lire aussi :Les transporteurs touristiques reçus par le ministre du Transport

La recette de la CNT

Au-delà de la récente décision de fermer les frontières jusqu’au 31 décembre 2021, la Confédération nationale du tourisme (CNT) estime qu’il faut prendre en considération la pandémie de Covid-19 comme un facteur structurel pour repenser le secteur touristique. En effet, les 21 derniers mois ont été vécus péniblement par les professionnels du secteur. D’où la nécessitéde mettre en place un nouveau pacte responsable. La confédération présidée par Hamid Bentahar a tracé les grandes lignes d’un nouveau pacte public-privé «pour assurer la sauvegarde des entreprises, éviter la destruction massive d’emplois et se préparer efficacement à la relance», peut-on lire dans le communiqué publié mercredi par la CNT.

La recette de la CNT est simple : assujettir le démarrage des remboursements (prêts bancaires, sécurité sociale, impôts) à la reprise des liaisons aérienneset à la levée de l’état d’urgence. C’est-à-dire que les opérateurs touristiques honorerontleurs engagements sociaux, fiscaux et financiers aussitôt que les conditions sanitaires et sécuritaires le permettront. «Un changement de paradigme nécessaire pour donner toute sa valeur et tous son sens à la vaccination et ses effets positifs avec des règles de mobilité et d’accès au Royaume alignées sur les meilleures pratiques internationales, ce qui permettrait d’accélérer les conditions de la relance et de retour à une activité normale», estime la confédération.

Lire aussi :Le gouvernement a-t-il délaissé le tourisme?

Quant auxdispositionsprévues par le contrat-programme conclu le 3 août2020, la CNT propose des amendements et une redéfinition des priorités, à commencer par le prolongement du dispositif de versement de l’indemnité forfaitaire par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Elle préconise aussilarévision des échéanciers pour les paiements des charges sociales reportées et dues sur 2020 et 2021, pour un démarrage des remboursements dès la levée des restrictions de voyage. Aussi, un moratoire fiscal est demandé au titre de 2020 et 2021, pour les taxes locales, notamment la taxe professionnelle, pour un démarrage des remboursements 6 mois à compter de la levée des restrictions de voyage avec étalement sur 48 mois, sans frais ni pénalités. Idem pour les crédits Damane Oxygène et les dettes bancaires pour lesquels la CNT recommande un reprofilage avec le GPBMavec report des échéanciers des crédits leasing, crédits à la consommation pour les entreprises dusecteur ainsi que leurs salariés. Pour ces créances, la CNT voudrait que les remboursements démarrent 12 mois à compter de la levée des restrictions de voyage, sans frais ni pénalités.

Enfin, la confédération appelle à l’accélération de la mise en place du Fonds tourisme adossé au Fonds Mohammed VI, à la mise en place de chèques vacances défiscalisés pour encourager le tourisme domestique et au lancement d’unplan offensif pour rétablir la confiance des compagnies aériennes et des Tour-Opérateurs, entre autres.

Lire aussi :Tourisme : la destination Maroc n’inspire plus confiance

Dernier articles
Les articles les plus lu

Près de 13,7 Mt de ciment livrés en 2024 (ministère)

Économie - Le ministère de l’Aménagement du territoire a rapporté que les livraisons de ciment se sont élevées à près de 13,7 millions de tonnes (Mt) à fin décembre 2024.

Mbaye Gueye - 6 janvier 2025

Le CMC publie un numéro spécial sur le partenariat franco-marocain

Économie - Le Centre marocain de conjoncture (CMC) publie un numéro spécial sur le partenariat Maroc-France

Mouna Aghlal - 6 janvier 2025

Les OPCVM dominent les transactions au T3 2024

Économie - Les OPCVM et les personnes morales marocaines ont représenté 62,4% du volume des transactions sur le marché.

Rédaction LeBrief - 6 janvier 2025

Tanger Med : 3e port mondial en 2024 grâce à l’innovation

Économie - Tanger Med fait un bond spectaculaire dans le CPPI 2024, atteignant désormais la troisième place.

Ilyasse Rhamir - 6 janvier 2025

Marché obligataire : le Trésor réalise une levée un record depuis février 2024

Économie - Attijari Global Research (AGR) a rapporté que le Trésor a levé plus de 7 MMDH)lors de la première séance d'adjudication du mois de janvier.

Mbaye Gueye - 4 janvier 2025

Béni Mellal-Khénifra : plus de 83 mille établissements économiques en activité (HCP)

Économie - Les résultats de la cartographie des établissements économiques réalisée par le HCP a montré que la région Béni Mellal-Khénifra compte 83.999 entités.

Mbaye Gueye - 3 janvier 2025

Fruits, légumes et viandes : quels prix en ce début 2025 ?

Économie - Les légumes, souvent considérés comme basiques de l’alimentation, révèlent des différences marquées entre eux.

Rédaction LeBrief - 3 janvier 2025

Bourse : performances et perspectives pour 2025

Économie - 2024 a été une année charnière pour la Bourse de Casablanca, marquée par des performances contrastées parmi les entreprises cotées.

Ilyasse Rhamir - 3 janvier 2025
Voir plus

Un bug sur Google affichait l’euro à 18,54 DH, BAM dément

Économie - Mercredi soir, les Marocains ont retenu leur souffle après avoir constaté une chute soudaine de la valeur du dirham face à l’euro.

Hajar Toufik - 19 janvier 2023

Forum de la PME africaine: le Maroc, acteur engagé dans la dynamique d’intégration africaine (Akhannouch)

Économie - Aziz Akhannouch a indiqué que le Maroc est pleinement conscient des enjeux auxquels le continent africain est confronté.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Nadia Fettah présente une vision ambitieuse pour la finance en Afrique

Économie - À l’occasion du AFIS 2024 tenu à Casablanca, Nadia Fettah a esquissé une feuille de route pour faire de la finance un levier de développement durable en Afrique.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire