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LeBrief : vous avez tenu une réunion avec le président de la CGEM et le ministre français délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, au sujet des visas pour les transporteurs. Concrètement, qu’est-cequi a été décidé ?
Rachid Tahri: Lors de cette réunion, il a été décidé, avec une insistance du président de la CGEMque nous remercions pour l’intérêt qu’il porte à notre secteur, de tenir des séances de travail avec la diplomatie française pour comprendre la nature du blocage, car au tout début nous pensions qu’il s’agissait d’un blocage. Mais, après la réunion avec la partie française, nous avons compris qu’il s’agissait d’autre chose. Nous avons eu une réunion avec l’ambassadrice de France, les consuls de Casablanca et Rabat et la conseillère des Affaires économiques à l’Ambassade de France à Rabat. L’objectif était d’étudier tout ce qui a été dit entre le président de la CGEM et le ministre français délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité.
Cette réunion a été très fructueuse, car nous avons repris le process de manière à comprendre ce qui se passe réellement. Suite à cela, nous avons programmé une autre réunion avec le consul de Casablanca qui devra relayer les points discutés au consul de Rabat. Il est important de savoir que les demandes de visas se font au niveau des consulats de Casablanca et de Rabat dans l’objectif d’avoir une célérité dans le traitement des dossiers déposés. Le premier regroupe toutes les demandes provenant du sud du pays alors que le consulat de Rabat se charge du Nord.
Est-ce qu’on va revenir au rythme d’avant ?
Aujourd’hui, il est très difficile de dire si nous allons revenir au rythme d’avant, car la situation est exceptionnelle. Le traitement des demandes se fera de manière régulière comme cela était le cas auparavant. Néanmoins, les délais seront un peu plus longs, et ce, au regard de la conjoncture de la Covid-19.
Il est question d’un cahier de charge élaboré conjointement avec Artie française. Que peut contenir ce cahier de charges??
Avec le consul de Casablanca, la réunion s’est déroulée dans un climat très cordial. Nous avons revu tous les documents dans le détail de sorte à trouver un système efficace via la Fédération nationale du transport et de la logistique de la CGEM. Le but étant d’avoir plus de facilité dans la préparation de la documentation. Sur ce point, il faut préciser que, suite à la réunion avec les responsables consulaires, nous avons constaté qu’il y a plusieurs cas d’entreprises qui ne maitrisent pas la procédure de demande de visas. Malheureusement, il y a aussi des cas qui ne répondent pas à l’éthique et au respect des règles. Il y a également des chauffeurs qui changent d’entreprises et pour lesquels le dossier sera traité de manière différente par rapport à la nouvelle entreprise qu’il a intégrée.
Quelles sont les différentes difficultés rencontrées en matière de procédures d’obtention de visas par les opérateurs du Transport international routier (TIR) ?
La réunion avec le consul de Casablanca a pour objectif d’élaborer un cahier de charge via l’intervention de la fédération nationale du transport de la logistique de la CGEM. Ce qui permettra au transporteur d’éviter le refus du visa ou le retard de son obtention. Et pour les responsables consulaires, cela leur permettra la réception d’une demande soignée et qui répond à toutes les exigences pour l’obtention des visas. Il s’agit essentiellement d’éviter les difficultés de documents présentés aux services consulaires qui ne répondent pas aux exigences de la procédure d’obtention des visas.
Quelles sont les autres difficultés rencontrées par les opérateurs marocains ?
Les différentes difficultés que rencontrent les opérateurs du TIR sont multiples. Il s’agit notamment des autorisations bilatérales ou nous avons des soucis, car il y a une augmentation du trafic du transport international. Nous gérons 50% des flux en partance du Maroc en réfrigéré et environ 20% en traction internationale.
Les accords bilatéraux exigent une réciprocité, mais nous avons toujours plus de demandes. Nous gérons plus de flux que les transporteurs européens.Cela dit, nous arrivons à gérer ces problèmes via les commissions mixtes avec les pays partenaires. Avec les accords de libre-échange avec l’UE nous devons aussi transposer le même principe en travaillant sur un accord multilatéral au lieu de celui bilatéral pour faire en sorte que le transporteur marocain puisse circuler dans les différents pays partenaires avec une seule autorisation. Aujourd’hui, par exemple, un transporteur qui doit rejoindre la Belgique doit avoir une autorisation de chaque pays qu’il va traverser avant d’arriver à sa destination.
Il y a aussi les droits de douane et l’acquisition du matériel qui est plus chère qu’en Europe. Avec certains pays, le Maroc n’a pas d’accord fiscal, et de ce fait, les opérateurs ne récupèrent ni la TVA sur le gasoil ni celle sur le péage. Ce sont des dossiers sur lesquels nous travaillons avec notre ministère de tutelle et les responsables des pays partenaires. L’objectif final est d’arriver à un accord multilatéral qui permettra aux opérateurs une fluidité de déplacement.
Concrètement quel a été l’impact de la réduction du nombre de visas pour les opérateurs marocains du TIR ?
Il y a eu un impact important aussi bien sur les transporteurs marocains que sur les produits de notre pays. C’est pour cette raison que nous avons essayé de faire le maximum pour trouver avec les responsables français un système facilitant le travail pour le dépôt des demandes de visas pour les transporteurs marocains. Si ce système de facilitation n’est pas mis en place, le risque est que l’année prochaine les prix augmentent vu que d’autres transporteurs étrangers, notamment nos voisins, pourront bénéficier de plus d’avantages. Il est important de savoir que la mobilisation de chaque tracteur et remorque à cause du refus du visa, tourne autour de 3.500 et 5.000DH/jour. L’enjeu est de taille, car il y va de la survie des entreprises marocaines.
Aujourd’hui, avec ce qui se passe avec la crise sanitaire le nouveau variant, comment se comporte le secteur du TIR marocain ?
La crise et le nouveau variant n’ont pas d’impact sur le transport routier, car les camions continuent de circuler normalement, bien sûr à condition d’avoir le visa. Bien évidemment, l’impact de cette crise sur l’économie mondiale a eu des effets sur l’économie marocaine et par ricochet sur le transport TIR. Nous avons quelques difficultés d’attente dans certaines zones, mais nous n’avons pas de souci pour entrer dans les différents pays. Cette facilité a permis au TIR d’approvisionner les différentes économies. Bien sûr, la réduction a été importante, car les entreprises ont toujours des difficultés à produire.
Qu’en est-il du secteur du transport et de la logistique marocain en général ?
Comme tous les secteurs, celui du transport et de la Logistique a des difficultés. Nous avons besoin de travailler plus avec notre ministère sur les zones logistiques, de la logistique durable, sur la réglementation, le contrôle sur le gasoil professionnel de la TVA, la surcharge… D’ailleurs, nous attendons la réunion avec le ministre de tutelle pour travailler sur ces points.
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