Accueil / Société

ONDH-PNUD : les attentes des jeunes en termes de politiques publiques

Temps de lecture

L’Observatoire national du développement humain (ONDH) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont élaboré un rapport sur le développement humain (2020), consacré principalement aux attentes des jeunes Marocains. Il en ressort qu’il est temps de revoir les politiques actuelles concernant cette catégorie de la population, tout en prenant en compte son environnement, ses perceptions et son système de représentation.

Dans un rapport sur le développement humain (2020), l’Observatoire national du développement humain (ONDH) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) se sont attardés surles attentes des jeunes Marocains. Cette étude a cherché à mettre en lumière le cadre social dans lequel évolue la jeunesse du Royaume dans l’objectif d’identifier et de déterminerles politiques publiques à revoir et à mettre en place pour répondre à ses besoins.

Pour l’ONDH et le PNUD, les politiques actuelles concernantles jeunes du pays ne correspondent pas à leurs attentes et manquent de cohérence et d’homogénéité. Le rapport relève que «les politiques publiques adressées aux jeunes ont tendance à s’appuyer sur des critères normatifs, d’âge et de statut. Elles ne tiennent pas compte de la diversité et de la réversibilité des parcours des jeunes, ce qui conduit à l’exclusion de fait de nombre d’entre eux, souvent réduits à l’invisibilité». Selon le document, les politiques publiques adressées aux jeunes ne doivent être définies qu’après une étude et un examen approfondide leur environnement, leurs perceptions et leur système de représentation. La même source explique queledit système de représentation se développe à partir du vécu et des expériences des jeunes et non à partir d’un parcourséducatif commun «censé émaner d’une école des valeurs ayant pour mission d’accompagner les apprenants dès leur plus jeune âge».

Lire aussi :ONDH : 28,5% des jeunes sont sans emploi ni formation

L’attrait de l’émigration

L’ONDH et le PNUD soulignent qu’«en 2019, près de 90% des jeunes Marocains avaient une perception positive de l’avenir, malgré les difficultés qu’ils ont pour s’y projeter et que la crise de la Covid-19 ne manquerait pas d’accentuer». Les deux organismes citent dans ce sens une enquête réalisée en 2019 par Arab Barometer qui a révélé que«sept jeunes Marocains sur dix sont tentés par l’émigration, ce qui constitue le chiffre le plus élevé de la zone du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA)». Le rapport avance ainsi que «l’optimisme quant au futur qu’ils affichent est probablement lié à cette perspective d’émigration : en 2019, 68% de jeunes Marocains déclarent pouvoir être heureux hors du Maroc».

Lire aussi :Les jeunes peinent à trouver du travail

L’importance de la famille

Le rapport en question souligne en outre que les jeunes du Maroc accordent une importance considérable à la famille dans la définition de leur identité personnelle. «Autrement dit, la famille est une valeur centrale pour les jeunes Marocains. Aussi, le fait de fonder une famille correspond bien à l’idée que se font les jeunes d’une vie satisfaisante. En conséquence, le mariage également est une valeur plébiscitée par 70% des jeunes même si, pour des considérations d’ordre économique, se marier et fonder une famille ne figurent pas dans leur agenda immédiat. En effet, leur réticence au mariage est passée de 42% en 2011 à 70% en 2019», précise le rapport.

S’agissant de la perception de la jeunesse marocaine en matière d’égalité des sexes, l’ONDH et du PNUDontsoutenu que cette catégorie de la société l’aqualifie d’ambigüe.Une ambiguïté qui se traduit par le fait quebien que «83% des jeunes Marocains soient favorables à l’égalité des chances à l’école», 30% d’entre eux sont moins favorables lorsqu’il s’agit de l’emploi. Une attitude négative que le rapport explique par la vulnérabilité des jeunes hommes vis-à-vis des femmes sur le marché du travail. «Ce comportement de défiance est davantage marqué pour les hommes qui ne disposent pas d’un niveau d’éducation suffisant», indique la même source. Toutefois, poursuit-elle, «il convient de noter que les attitudes les plus favorables à l’égalité des sexes sont exprimées par les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur».

Lire aussi :Les jeunes, les mal-aimés du marché du travail

Il faut prendre en compte la vision et les revendications des jeunes

Pour le PNUD etl’ONDH, il est essentiel de prendre en compte la parole des jeunes et le regard qu’ils portent sur la société qui les entourepour trouver des solutions appropriées à leurs difficultés d’insertion économique et sociale. De plus, lesdites solutions doivent être globales et centrées sur eux, et non segmentées par domaine, car «toutes les questions doivent être traitées en cohérence, vu que des réponses contradictoires ne feront qu’amplifier leur désarroi. D’où l’intérêt de répondre aux attentes des jeunes».

Le rapport estime aussi que la pandémie dela Covid-19 a constitué un obstacle inattendu dans le cheminement des jeunes vers l’autonomie et l’âge adulte, surtout queleurs attentes et préoccupations sont d’abord d’ordre économique. Outre le défi économique, la nouvelle générations’intéresse fortement aux mesureset garantiesde santé et de protection sociale, notamment dans le contexte actuel de la crise sanitaire. Le document du PNUD et de l’ONDH précise que «les études menées pendant cette dernière décennie montrent que les jeunes Marocains sont attentifsà leur santé physique et mentale. Près de la moitié d’entre eux expriment des inquiétudes persistantes à ce sujet, surtout avec la prolifération des facteurs de stress, notamment suite à une utilisation abusive d’Internet. La crise sanitaire devrait aggraver ce constat».

Lire aussi :La jeunesse et la politique au Maroc

Les recommandations du PNUD et del’ONDH

D’après le rapport,il existe aujourd’hui un«empilement de dispositifs (au profit des jeunes, NDLR), qui forme un système complexe dont l’efficacité pâtit de la faible articulation de ses composantes à de multiples niveaux (sectoriels, catégoriels, national/local). La gestion de ces dispositifs, qui relève de plusieurs acteurs, souffre d’un manque de coordination qui rejaillit également sur leur efficience». De ce fait, le PNUD et l’ONDH ont souligné une liste de recommandation afin d’assurer un accès optimal des jeunes à leurs droits et de réussir l’élaboration de politiques publiques qui répondent plus à leurs attentes. Il s’agit notamment : «d’endiguerles pratiques discriminatoires dont sont victimes nombre de jeunes ; d’éliminertout obstacle juridique, administratif et pratique au droit des jeunes de constituer librement des associations et d’y contribuer activement ; de renforcer les politiques de jeunesse susceptibles de promouvoir efficacement l’accès de tous les jeunes aux droits, en traitant notamment : les obstacles à l’accès à une éducation et une formation de qualité, les difficultés rencontrées pour trouver un emploi stable et disposer de conditions de travail équitables, ainsi que l’insuffisante capacité des services sanitaires et sociaux à pourvoir à leurs besoins particuliers et des opportunités de participation à la vie de la société».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Protection sociale : 15 millions de Marocains couverts

Société - Mustapha Baitas a annoncé que 3.769.000 travailleurs indépendants sont désormais inscrits au régime de couverture médicale.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

LF 2025 : exonération totale des pensions pour 164.000 retraités

Société - Le gouvernement franchit une étape importante avec l’exonération des pensions et des rentes viagères des retraités prévue par la loi de finances 2025.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Le Maroc, modèle régional des droits de l’Homme

Société - Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme, Abdellatif Ouahbi, a souligné l’engagement du Maroc dans la promotion des droits fondamentaux.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée

Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Saisie record : 3,6 tonnes de drogue interceptées à Casablanca

Société - Les forces de l’ordre marocaines, en coopération avec les services douaniers, ont mis en échec une tentative de trafic de drogue au port de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Berkane lance son premier parking intelligent

Société - Le premier parking intelligent de Berkane a été officiellement inauguré ce mercredi à la place de la Marche Verte.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024

Violence domestique : les mentalités changent-elles ?

Société - Une conférence à Guercif sensibilise la population aux dangers de la violence domestique et à son impact dévastateur sur la société et les individus.

Farah Nadifi - 11 décembre 2024

Déclaration CNSS : un nouvel outil numérique

Société - Une solution numérique innovante sera déployée pour simplifier l’enregistrement des employés auprès de la CNSS.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024
Voir plus

Solitude urbaine : l’invisible poids des villes

Dossier - La solitude urbaine au Maroc n’est pas qu’une anecdote, elle est le reflet d’une fracture sociale, d’une urgence humaine.

Sabrina El Faiz - 16 novembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire