Image d'illustration. © DR
Avec un taux de chômage qui touche particulièrement les jeunes, notamment ceux non diplômés, le marché de l’emploi marocain se trouve à un tournant critique. Conscient de l’ampleur des défis, le gouvernement a élaboré un plan ambitieux doté d’un budget de 14 milliards de dirhams. Présenté par le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, ce programme vise à offrir des solutions concrètes pour stimuler l’emploi à travers des mesures variées et structurantes. Quelles sont les grandes lignes de ce plan, et ses chances de réussite ?
Un plan ambitieux pour réduire le chômage des jeunes
Lors de son intervention à Tétouan, dans le cadre des journées portes ouvertes du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Younes Sekkouri a présenté les grandes priorités du gouvernement en matière d’emploi. L’objectif principal est clair : réduire significativement le chômage, en ciblant particulièrement les jeunes non diplômés.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit d’investir 14 milliards de dirhams dans une série de programmes, notamment un dispositif d’accompagnement des entreprises via l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). L’idée est d’encourager les entreprises à embaucher des travailleurs sans qualifications, en leur offrant un soutien financier et logistique. Ce dispositif pourrait constituer une réponse adaptée à un problème de fond : la difficulté des jeunes sans diplôme à trouver leur place dans un marché du travail de plus en plus exigeant.
Lire aussi : Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?
En outre, le ministre a souligné l’urgence d’agir pour éviter que cette frange de la population ne tombe dans une spirale d’exclusion sociale et économique. « Il ne s’agit pas seulement de trouver des emplois, mais de créer des opportunités durables qui redonnent confiance aux jeunes », a-t-il déclaré.
La formation par alternance : un modèle à généraliser
Parmi les mesures les plus prometteuses du plan gouvernemental figure le renforcement de la formation par alternance, un dispositif qui combine apprentissage théorique et immersion en entreprise. Ce programme, qui a déjà démontré son efficacité en matière d’insertion professionnelle, sera considérablement élargi.
Selon les prévisions, le nombre de bénéficiaires passera de 20.000 actuellement à 100.000 d’ici 2025. Ce modèle cible principalement les petites et moyennes entreprises (PME) et les coopératives en milieu rural, où les opportunités d’emploi sont souvent rares et précaires.
Lire aussi : 910.000 emplois pour les sans-diplôme : un plan ambitieux
Ce dispositif présente un double avantage : d’une part, il permet aux jeunes de développer des compétences directement utilisables sur le marché du travail ; d’autre part, il répond aux besoins des entreprises locales, souvent confrontées à un manque de main-d’œuvre qualifiée. « C’est une démarche gagnant-gagnant », a souligné le ministre, insistant sur la nécessité de mobiliser les partenaires publics et privés pour garantir le succès de cette initiative.
Cependant, des interrogations subsistent : comment assurer une qualité uniforme des formations à travers le pays ? Et comment convaincre les entreprises de jouer pleinement le jeu ?
Stabiliser l’emploi en milieu rural : une priorité
Un autre axe stratégique du plan concerne le maintien de l’emploi dans le monde rural, un secteur où les défis sont particulièrement nombreux. À travers un programme spécifique, le gouvernement entend soutenir les agriculteurs afin de préserver les postes existants et d’éviter les licenciements massifs.
Ce programme s’inscrit dans une vision plus large de développement équitable entre les zones urbaines et rurales. Il ne s’agit pas seulement de préserver les emplois, mais aussi de renforcer le tissu économique local, en valorisant les activités agricoles et artisanales.
Le milieu rural, souvent marginalisé dans les politiques publiques, pourrait ainsi bénéficier d’un souffle nouveau. Mais là encore, la réussite de cette initiative dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser les ressources nécessaires et à instaurer une coordination efficace entre les différents acteurs concernés.
SMIG, droit de grève et création d’emplois : les autres chantiers
Au-delà des mesures spécifiques pour l’emploi, le gouvernement entend agir sur d’autres leviers pour améliorer les conditions des travailleurs. À partir du 1er janvier 2025, le salaire minimum légal (SMIG) augmentera de 5%, aussi bien dans les activités agricoles que non agricoles. Cette hausse, bien que modeste, constitue une avancée importante pour de nombreux travailleurs à bas salaire.
Par ailleurs, le ministre a annoncé un projet de loi organique sur les modalités d’exercice du droit de grève, actuellement en cours d’approbation. Ce texte vise à protéger les droits des travailleurs tout en préservant la stabilité des entreprises. Il ambitionne également de renforcer les libertés syndicales, un point souvent critiqué par les organisations de défense des droits des travailleurs.
Lire aussi : Jeunes diplômés : chômage ou quête de sens ?
Ces réformes viennent compléter les efforts déployés pour stimuler l’emploi. D’après les chiffres communiqués par le ministre, 300.000 emplois ont été créés au cours du troisième trimestre 2024, principalement dans des secteurs stratégiques comme l’industrie, le commerce, le tourisme, le BTP et l’artisanat.
Quels enjeux pour la mise en œuvre ?
Si ce plan gouvernemental affiche des ambitions louables, sa mise en œuvre ne sera pas sans défis. Le budget de 14 milliards de dirhams devra être utilisé de manière judicieuse pour éviter les gaspillages et garantir un impact réel sur le terrain.
De plus, la réussite des différents programmes annoncés dépendra largement de la coordination entre les ministères, les collectivités locales et les partenaires privés. Les zones rurales, en particulier, nécessitent une attention particulière pour s’assurer que les fonds alloués atteignent les populations cibles.
Enfin, la question de la durabilité se pose : comment s’assurer que les emplois créés ne soient pas uniquement temporaires, mais qu’ils contribuent à une transformation structurelle du marché du travail marocain ?
Lire aussi : Bank Al-Maghrib : Abdellatif Jouahri fait le point sur le chômage
Avec ce plan ambitieux pour l’emploi, le gouvernement marocain semble déterminé à relever l’un des défis les plus pressants du pays. En misant sur des mesures ciblées, comme la formation par alternance et le soutien aux entreprises, il ouvre la voie à une politique plus inclusive et proactive.
Cependant, les attentes sont élevées, et les résultats devront être au rendez-vous. Les jeunes sans qualifications, les travailleurs ruraux et les salariés à bas revenus comptent sur ces réformes pour améliorer leur quotidien. Reste à voir si ces promesses se traduiront en actions concrètes, capables de transformer durablement le paysage de l’emploi au Maroc.
Croissance industrielle globale, stagnation dans certains secteurs
Économie - L’enquête mensuelle de conjoncture industrielle menée par BAM révèle une augmentation de la production dans tous les secteurs.
Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024« Les réformes fiscales propulseront les recettes fiscales à plus de 329 MMDH en 2025 », Lekjaa
Économie - Les réformes fiscales engagées en 2023 devraient faire passer les recettes fiscales de 201 MMDH en 2021 à plus de 329 MMDH en 2025, soit une hausse de 63%, selon Fouzi Lekjaa.
Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024Un géant de l’automobile chinois investit 1,3 MMDH au Maroc
Économie, Entreprise - Shanghai Auto Parts, fabricant de pièces automobiles, prévoit d’investir 1,3 MMDH dans la création d’une usine au Maroc
Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024Chambre des conseillers : la première partie du PLF-2025 a été adoptée à la majorité
Économie - La Chambre des conseillers a adopté à la majorité la première partie du Projet de loi de finances (PLF) pour l'exercice 2025.
Mbaye Gueye - 3 décembre 2024Le petit commerçant domine 80% du marché national du commerce de proximité (Ryad Mezzour)
Économie - Ryad Mezzour; a indiqué que le petit commerçant domine 80% des parts de marché national du commerce de proximité.
Mbaye Gueye - 2 décembre 2024Al Barid Bank réalise un PNB de plus de deux milliards de dirhams
Économie - Cette forte progression est due à la performance de ses activités de marché, qui ont enregistré un résultat en hausse de +218,6%.
Mbaye Gueye - 2 décembre 2024Chambre des conseillers : plénières mercredi et jeudi pour examiner et voter le PLF 2025
Économie - La Chambre des Conseillers tiendra mercredi et jeudi des séances plénières dédiées à l'examen et au vote du Projet de Loi de Finances (PLF) n°60.24 pour l'exercice budgétaire 2025.
Rédaction LeBrief - 2 décembre 2024Importations de céréales : les chiffres de 2024
Économie - Entre janvier et novembre 2023 et la même période en 2024, les importations totales de produits ont augmenté de 9 %.
Mbaye Gueye - 2 décembre 2024Rabat : le tourisme en pleine ascension
Économie - Le tourisme à Rabat poursuit sa progression avec une hausse de 4% des nuitées enregistrées dans les EHTC au cours des dix premiers mois de 2024.
Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024Un budget 2025 ambitieux pour ADM
Économie - Le CA de ADM s'est réuni le 23 décembre 2024 pour approuver un budget de plusieurs milliards pour 2025.
Rédaction LeBrief - 27 décembre 2024Virement instantané : avantages et mode d’emploi
Économie, Technologie - Décidé par Bank Al-Maghrib, le virement bancaire instantané permet de réaliser des transferts d'argent en temps réel.
Rédaction LeBrief - 1 juin 2023Tourisme : bilan positif pour l’été 2024, selon Ammor
Économie - La ministre du Tourisme a annoncé une hausse de 20% des arrivées en juillet, totalisant 2,6 millions de visiteurs.
Hajar Toufik - 4 septembre 2024MAS 2024 : quelles stratégies pour l’aéronautique au Maroc ?
Économie - La 7ème édition du Marrakech Air Show (MAS 2024) s’est ouvert en grande pompe à la Base des Forces Royales Air de Marrakech.
Rédaction LeBrief - 30 octobre 2024Sidi Ifni et région de Guelmim : quel nouvel élan économique ?
Économie - Sidi Ifni n’a jamais été aussi proche d’une modernité et d’une reconnaissance de son potentiel maritime.
Rédaction LeBrief - 5 novembre 2024Coup dur pour la famille Sefrioui
J.R.Y - 6 septembre 2021Créateurs de contenus, quel cadre légal au Maroc ?
Économie - Mohamed Reda Naam, cadre supérieur en fiscalité à Al Barid Bank, et formateur dans les métiers de comptabilité et fiscalité, est l’invité de cet épisode de l’Hebdo Mc pour parler des nouvelles mesures prises par la Direction générale des impôts qui ont pour but de faire payer des impôts aux créateurs de contenus.
Atika Ratim - 21 juin 2022