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Le Black Friday, entre bonnes affaires et arnaques

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Pour de nombreuses personnes, le Black Friday est synonyme de bonnes affaires. Mais avec tout le chaos qui entoure le jour préféré de tous les super-shoppeurs, vous êtes-vous déjà interrogés sur les origines du Black Friday ? Cette tradition permet-elle vraiment de faire de bonnes affaires ? Et qu’en disent les lois relatives à la protection du consommateur au Maroc ?

Chaque année, le Black Friday ou « vendredi noir » est une journée dédiée exclusivement à des promotions monstres qui peuvent allerjusqu’à 95% de remise. Il a lieu le quatrième vendredi du mois de novembre, au lendemain de la fête américaine de Thanksgiving. Beaucoup d’Américains font le pont pour commémorer cette journée de soldes exceptionnels. Dès minuit, les plus motivés campent devant les magasins pour profiter des bonnes affaires.

Concept 100% américain, cette journée gagne chaque année un peu plus en popularité. Le succès phénoménal que connaît cette tradition a fini par inspirer des enseignes au-delà des frontières des USA.Des États-Unis puis en Europe, ce modèle marketing a été introduit au Maroc, où il est apparu durant les années 2010. Depuis 2013, il est devenu un événement shopping incontournable. Des enseignes de e-commerce Made in Morocco s’y sont mises, promettant des soldes surréalistes. De quoi créer une euphorie générale, voire une hystérie incontrôlable dans certains pays. Aux États-Unis, cette journée et le week-end qui suit sont marqués chaque année par des incidents liés aux hordes de consommateurs en furie. Mais en fait, cette campagne permet-elle vraiment de faire de bonnes affaires ?

Qu’en est-il vraiment ?

En 2019, 7,4 milliards de dollars ont été dépensés par les internautes pendant la période, soit une progression de 19% comparativement à l’année précédente, indique Adobe Analytics. C’est dire que de plus en plus de personnes profitent des bons plans de cet événement promotionnel. Toutefois, malgré cette grande affluence, cette période de promotion cache moins de bonnes affaires que de pièges à éviter. Grand classique de la vente, l’astuce de la fausse promotion est toujours très présente, surtout sur les sites de commerce en ligne, selon le site français Capital.fr. Tout comme pendant les soldes, certains commerçants augmentent les prix quelques semaines avant le Black Friday pour ensuite revenir au prix de départ et annoncer une réduction importante.

En effet, d’après une étude réalisée en France en2019 par Idealo, un comparateur de prix en ligne, le rabais moyen pendant le Black Friday dépasse rarement 10%, rapporte Capital.fr. C’est notamment le cas pour les consoles de jeux (12%), les téléviseurs (13%) et les enceintes (12%). La même chose vaut pour les produits les plus recherchés comme les smartphones (4%), les casques audio (3%) et les tablettes tactiles (2%), pour lesquels il faut souvent se contenter de miettes.

En revanche, la même étude, réalisée en comparant les prix moyens à ceux constatés en novembre 2019, parvient à identifier des rabais maxima qui dépassent parfois 60%. C’est particulièrement le cas pour les processeurs informatiques (63%), les moniteurs (68%) ou les parfums pour femme (52%).

Quoi qu’il en soit, les bonnes affaires existent pendant le Black Friday, même si elles se font rares. Faut-il pour autant remettre en cause l’événement ? Évidemment que non. Il faut toutefois comparer les prix avec ceux de la concurrence avant tout acte d’achat.

Cade légal au Maroc

Le Black Friday n’est pas encadré au Royaume. Selon Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, «la loi 31-08 relative à la protection du consommateur traite d’une manière timide les soldes. Le phénomène du Black Friday est apparu au Maroc après la promulgation de la loi, mais le vide juridique entourant cette pratique ne régule pas suffisamment cette activité commerciale».

«La meilleure manière de profiter du Black Friday est de l’ignorer», a-t-il ajouté, soulignant que cette pratique «est une technique commerciale qui vise uniquement le portefeuille du consommateur. Certains pays comme la France l’ont interdit pour cause de non-encadrement juridique à l’instar des soldes». «Au Maroc, la situation reste propice au développement de ce type de mercantilisme. Déjà les soldes sont mal encadrés juridiquement et le Black Friday profite de cette situation juridique pour servir uniquement les intérêts des fournisseurs», a-t-il expliqué.

Contacté par nos soins, Ouadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), a souligné qu’on entend par «ventes en solde, les ventes accompagnées ou précédées de publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à l’écoulement accéléré de produits et biens en stock».

Citant les articles 53, 54 et 55 de la loi 31-08, il a indiqué que le fournisseur est tenu d’indiquer dans les lieux de vente les produits ou biens sur lesquels porte la réduction de prix ; le nouveau prix appliqué et l’ancien prix qui doit être barré.

Le législateur précise dans son article 55 que «tous les produits et services doivent impérativement inclure l’affichage du mot « Soldes » ou un autre mot qui signifie la même chose». Ainsi, il existe une ambiguïté entourant le Black Friday, qui peut être considéré comme étant une solde ou une promotion. «Le législateur n’a pas tranché dans ce sens, comme c’est le cas au niveau de la France, puisque la loi marocaine est inspirée de la loi française», souligne-t-il.

Le fournisseur doit également mentionner la durée des soldes, déterminant précisément les dates dedébut et de fin de cette opération commerciale. «Au niveau de la réglementation, on indique la période durant laquelle les vendeurs peuvent écouler ces produits à perte. L’objectif est d’éviter la concurrence déloyale (il est interdit de vendre un bien ou un service à un prix moins cher que le coût de revient)», explique-t-il. «Une pratique qui n’est malheureusement pas appliquée au Maroc», regrette-t-il.

Les événements commerciaux sont l’occasion de faire de bonnes affaires, mais toutes les réductions ne sont pas tout à fait honnêtes, met en garde le président de la FNAC. Afin d’éviter d’être induit en erreur, le consommateur doit garder en esprit que «les ventes en solde ne veulent pas dire que les produits échappent aux exigences réglementaires de qualité et de sécurité», souligne Madih. «Il doit s’assurer que le produit a vraiment fait l’objet d’une promotion. Cela peut être fait en faisant un repérage ou en vérifiant si les produits en questionont le même prix». Ainsi, il faut savoir faire la part des choses et notamment comparer les prix avec ceux de la concurrence. De plus, «il faudrait que le consommateur sache que les produits soldés ont les mêmes caractéristiques – au niveau de leur qualité et garantie -que les biens vendus», ajoute l’expert.

Si le Black Friday est indéniablement un phénomène marketing qui a fait ses preuves, des mouvements en sa défaveur fleurissent déjà. D’une part, les consommateurs prennent conscience des fausses remises et de l’autre, bon nombre d’entre eux souhaitent s’orienter vers un mode de consommation plus écologiquement responsable. Cette évolution des modes de consommation n’a fait que prendre de l’ampleur avec la crise sanitaire, estime le site français Trustedshops.fr.

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