Hamid Benbrahim El Andaloussi : «le secteur aéronautique marocain a dépassé sans dégâts la zone de turbulence»
LeBrief : Plusieurs médias ont rapporté dernièrement des déclarations du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, selon lesquels le Maroc sera dans la capacité d’effectuer la fabrication et l’assemblage complet des avions d’ici deux ans. Est-ce possible à votre avis?
Hamid Benbrahim El Andaloussi : Il doit y avoir un malentendu ou bien ces déclarations ont été sorties de leur contexte. Il existe aujourd’hui deux grands constructeurs mondiaux d’avions: Boeing et Airbus. Il y a d’autres compagnies qui se comptent sur les doigts d’une main, qui font la fabrication complète d’avions, notamment d’affaires ou de petite capacité. Ce sont ces groupes qui peuvent faire l’assemblage complet des avions. Maintenant, plusieurs pays se positionnent dans des écosystèmes nécessaires à cette industrie. Au Maroc, nous avons réussi ce positionnement dans plusieurs écosystèmes d’assemblage à grande valeur ajoutée comme les nacelles, les ailes, les moteurs, etc. Je ne pense pas que le Maroc est apte à fabriquer un avion de grande taille à partir de zéro. Ce qui est important pour nous c’est de poursuivre notre stratégie de développement qui a donné ses fruits, et innover sans cesse pour consolider notre positionnement dans cette industrie. Aujourd’hui, nous sommes la base aéronautique la plus compétitive aux portes de l’Europe.
Est-ce que le secteur aéronautique marocain est sorti de la zone de turbulences due au Covid-19 sans trop de dégâts?
La crise est désormais derrière nous. Le secteur a fait montre d’une grande résilience, aucune entreprise installée au Maroc n’a déposé de bilan. Mieux, nous allons rebondir de manière spectaculaire. L’année prochaine, le secteur dépassera largement ses réalisations de 2019. Nous avons bien profité de la reprise et je peux vous dire que nous récupérons rapidement et mieux que le reste du monde. La preuve, c’est que les entreprises du secteur embauchent à tour de bras. L’indicateur qui confirme cette tendance est la formation. En 2022, l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) aura atteint un maximum historique de formation de plus de 2.000 jeunes en formation initiale et continue. Il s’agit d’un record qui confirme la très bonne santé du secteur. Cette sortie de crise remarquable a pu être réalisée grâce à la résilience de la plateforme marocaine qui est l’une des plus compétitives au monde. Nous avons réussi une montée en compétence et notre proximité avec l’Europe nous permet aujourd’hui de nous développer très rapidement et de capter de nouveaux opérateurs. Notre objectif est d’être un acteur de taille dans la prochaine révolution verte de la construction aéronautique dont l’objectif est d’atteindre zéro émission à l’horizon 2035.
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Comment le Maroc pourrait-il ainsi réussir cet envol?
Il faut développer davantage l’écosystème moteur où nous disposons d’une certaine expertise, en plus de l’électronique embraqué, la 3D, les matériaux composites et la décarbonation. Le Maroc dispose des atouts nécessaires pour cette montée en puissance et en valeur ajoutée. Il peut tout à fait prétendre à devenir une partie prenante de la prochaine révolution verte de l’aéronautique.
Vous avez rencontré récemment Ryad Mezzour et Younes Sekkouri, respectivement ministre du Commerce et de l’Industrie et ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences. Comment se sont déroulées ces rencontres?
Vous savez l’une des particularités et des clés de réussite du secteur aéronautique au Maroc, c’est notre capacité àtravailler ensemble. L’«équipe Maroc» comprend tous les intervenants du secteur, dont l’Etat, les ministères de tutelle, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), l’Administration des Douanes, le Fisc, les autorités locales et bien d’autres organismes. Tout ce beau monde travaille en parfaite synergie. Ces convergences et synergies nous permettent ainsi de prodiguer les formations adéquates et de rendre la base marocaine plus compétitive et innovante. Ces rencontres s’inscrivent dans ce cadre.
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