C’est une lettre incendiaire que les transporteurs touristiques ont envoyée au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Remontés contre les dernières décisions restrictives et l’absence de soutien, les professionnels du secteur n’ont pas mâché leurs mots en s’adressant au chef de l’exécutif. «Nous nous posons de véritables questions face à la discrimination que nous subissons. Sommes-nous des citoyens à part entière ou des Marocains de seconde zone ? Le gouvernement veut-il nous protéger de la pandémie en nous éliminant et en nous tuant économiquement avec ses décisions? Ces décisions fatales pour le secteur sont-elles de simples erreurs commises par des responsables qui n’appartiennent pas à nos classes sociales? On voudrait bien avoir des réponses, car nous ne comprenons plus la logique du gouvernement», lit-on dans la lettre signée par Mohamed Bamansour, secrétaire général de la Fédération nationale du transport touristique du Maroc (FNTTM) et dont LeBrief détient copie.
Un PLF 2022 où la solidarité fait défaut
Contacté par nos soins, Bamansour fustige la politique de ce gouvernement qui s’est inscrite dans la continuité de celle de son prédécesseur, marquée par une marginalisation, une non-implication dans la prise de décisions et une absence de véritable soutien. «Les dernières décisions de suspension, de manière soudaine, des liaisons aériennes avec trois pays européens nous ont mis dans l’embarras avec nos clients, car nous n’avons pas été informés de cette décision. Elle va, par ailleurs, aggraver davantage la crise dans le secteur. Nous avons cru à une reprise du tourisme, nous avons investi dans l’entretien des véhicules malgré l’absence de soutien bancaire, nous avons pris énormément de risque, et aujourd’hui nous nous apercevons que le gouvernement a vraisemblablement d’autres chats à fouetter et ne se soucie guère de nous», nous déclare le secrétaire général de la FNTTM.
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L’image du Maroc écorchée
De plus, ce type de décisions à l’improviste impacte négativement l’image de la destination Maroc. Dorénavant, les touristes étrangers ne vont plus s’aventurer en choisissant de visiter le Maroc, risquant à tout moment d’être bloqués au pays à cause de ces mesures sans préavis. L’improvisation et la précipitation marquent également l’instauration du pass vaccinal obligatoire, estime Mohamad Bamansour. Cette contrainte a causé une diminution de l’activité des transporteurs touristiques à cause des contrôles lors de déplacements intervilles.
La FNTTM demande au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, de répondre à leurs multiples doléances et relances. «Nous avons déjà demandé au chef du gouvernement et aux ministères de tutelle, en l’occurrence les départements du Tourisme et du Transport, de tenir une réunion d’urgence pour discuter autour de la crise profonde que nous traversons, mais nos demandes sont restées lettre morte. Avec ce gouvernement, nous espérions un changement de méthode et l’ouverture sur le dialogue, la communication et la sensibilisation, mais il n’en est rien», se désole notre interlocuteur.
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Les six principales doléances de la profession
Les professionnels du transport touristique ont formulé 6 principales doléances au chef du gouvernement. La Fédération lui demande ainsi d’interagir avec sa précédente correspondance, où elle l’a invité à les recevoir et à prendre en compte leurs doléances dans le cadre du projet de loi de Finances 2022. «Ce projet de loi de Finances et tout sauf social. Il n’apporte pas de réponses à la crise. Nous sommes déçus par rapport à ce document où la solidarité et le soutien font défaut», regrette Mohamed Bamansour.
Il s’agit également de trouver des solutions alternatives aux décisions de suspension des vols, notamment avec les trois pays concernés par la dernière décision, qui figurent parmi les principaux marchés émetteurs de touristes pour le Maroc. La corporation exhorte le gouvernement à s’ouvrir sur le dialogue, en tenant en compte les dommages économiques et sociaux de chaque décision prise, tout en consultant les acteurs économiques concernés par ces décisions.
Par ailleurs, la FNTTM demande la prolongation de l’indemnité forfaitaire de 2.000 DH, qui a pris fin en juin dernier, et de trouver une solution urgente à la crise liée à l’endettement des opérateurs et les saisies sur les véhicules à cause du non-paiement des créances. Enfin, notre source précise que le contrat-programme de relance du secteur touristique, qui n’est d’ailleurs pas encore mis en application, doit être revu et adapté au contexte actuel, tout en réclamant la mise en place d’un contrat-programme dédié spécialement au secteur du transport touristique.
Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit
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