Accueil / Politique

Maroc-Algérie : une accalmie n’est pas d’actualité

Temps de lecture

L’Espagne a commencé à acheminer du gaz vers le Maroc © DR

Après la rupture des relations diplomatiques et la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains, l’Algérie vient de prendre une autre décision dans la guerre qu’elle mène contre le Royaume. Alger ne renouvellera pas le contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) et contournera donc le Maroc pour la livraison de son gaz en Espagne. Les détails.

C’est une annonce qui était plus ou moins attendue au vu de l’escalade des tensions entre les deux pays ces derniers mois. L’Algérie a décidé de suspendre le Gazoduc Maghreb-Europe dont le contrat prend fin dans troisjours et livrera désormais son gaz à l’Espagne exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz.

Contacté par LeBrief, Nabil Adel, politologue et économiste, souligne qu’«Il ne faut pas isoler ce qui se passe aujourd’hui pour le Gazoduc d’un certain nombre d’événements géopolitiques qui ont eu lieu depuis le retour du Maroc à l’Union africaine, mais qui se sont accélérés depuis El Guergarate». Notre intervenant souligne que la reconnaissance des États-Unis de la marocanité du Sahara, l’ouverture de plusieurs consulats et les accords avec Israël changent les règles de puissance dans la région au profit du Maroc. «L’Algérie sent que cette affaire est en train de lui échapper et qu’elle s’achemine vers une solution plus à la faveur du Maroc qu’à la faveur de l’indépendance du Sahara et ne voit pas cela d’un bon œil», dit-il.

Lire aussi :De grandes ambitions pour le Gazoduc Maroc-Nigéria

Interrogé sur les répercussions de cette suspension du Gazoduc Maghreb-Europe sur l’économie marocaine, Nabil Adel juge qu’il y aura certainement des répercussions, mais pas au point de déstabiliser la gestion des hydrocarbures dans ce pays. «Naturellement, on aurait aimé garder ce gazoduc parce que ça nous aurait permis d’éviter d’aller chercher des solutions alternatives, mais il y a plusieurs solutions qui s’offrent au Maroc. L’Algérie n’est pas l’unique pays au monde qui vend cela. Sans oublier que le Maroc s’engage depuis un certain nombre d’années sur un plan de souveraineté énergétique à travers les éoliens et les énergies solaires», précise-t-il.

Nabil Adel pense que la tension entre les deux pays ne s’arrêtera pas là et mènera vraisemblablement vers une guerre. «En 2016, j’ai écrit un livre avec Tarik El Malki qui s’appelle au-delà de tout clivage, et dans ce livre je dis que cette affaire engendrera une guerre. Jamais l’Algérie n’acceptera qu’une affaire qui lui a coûté des centaines de milliards de dollars lui échappe de cette manière. Maintenant, je ne connais pas l’ampleur de cette guerre, est-ce que ce sera un conflit armé de grande ampleur ou d’ampleur limitée après intervention de puissances mondiales pour calmer le jeu, mais ce que l’on vit est l’introduction d’un grand conflit», note Nabil Adel.

Graham Lyon, PDG de Sound Energy livre son avis

Dans une interview accordée à Standard & Poor’s, Graham Lyon, PDG de l’explorateur gazier et pétrolier Sound Energy, est revenu sur cette suspension du Gazoduc Maghreb-Europe et sur les projets du groupe au Maroc notamment celui d’un acheminement de gaz découvert à Tendrara (dans la province de Figuig) vers l’Espagne.«Le Maroc a formé ce mois-ci un nouveau gouvernement qui souhaite se concentrer sur la production nationale de gaz. Nous nous intégrons bien dans cet espace», a déclaré Lyon.

«La menace que les Algériens coupent leur gaz a focalisé un peu plus l’esprit des Marocains sur la tentative de développer une partie de leurs ressources nationales plutôt que d’importer de l’énergie», précise GrahamLyon qui ajoute par la même occasion que le Maroc est «extrêmement sous-exploré par rapport à l’Algérie».

Lire aussi :Maroc-Nigéria : début imminent de la construction du gazoduc

Le patron de Sound and Energy a également révélé avoir signé un accord de vente de gaz avec le fournisseur local de carburant Afriquia Gaz, qui détient également une petite participation dans le géant britannique. «Nous sommes très avancés dans la signature d’un contrat pour la fabrication d’une usine de Gaz naturel liquéfié (GNL)», a déclaré Lyon. Ce dernier révèleque le Maroc envisage d’importer du GNL dans un nouveau terminal d’importation flottant, après avoir lancé en mars dernier un appel d’offres pour la fourniture d’une unité flottante de stockage et de regazéification.

Ces éléments montrent que le Maroc pourra relever le défi et assurer une production gazière sur son territoire. Une production qui pourrait grâce aux efforts et à l’engagement du royaume pour un plan de souveraineté énergétique nous faire rapidement oublier le Gazoduc Maghreb-Europe.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Gestion des risques naturels : vers une intégration dans le développement durable

Politique - Une conférence sur « La gestion des risques liés aux catastrophes naturelles et la mise en œuvre des politiques publiques » s’est tenue ce jeudi à Marrakech

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Généralisation de l’AMO : une avancée majeure face à des défis persistants

Politique - La généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) au Maroc a marqué un tournant dans le système de santé national.

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Conseil de gouvernement : des mesures pour la protection du patrimoine

Politique - Le Conseil du gouvernement a adopté, le projet de loi n°33.22 sur la protection du patrimoine vise à moderniser la législation.

Ilyasse Rhamir - 21 novembre 2024

COP29 : le Maroc monte à la 8ᵉ position du classement 2025 de l’Indice de performance climatique

Politique - Le Maroc continue de se distinguer sur la scène mondiale en matière de transition énergétique, en atteignant la 8ᵉ position du classement 2025 de l'Indice de Performance Climatique

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Crash d’un avion d’entraînement des Forces Royales Air à la base aérienne de Benslimane

Politique - Un avion d'entraînement s'est écrasé ce jeudi à 10h02, à l'intérieur de la base aérienne de Benslimane.

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

L’actif net des OPCVM dépasse les 663 MMDH au 8 novembre (AMMC)

Politique - L'actif net sous gestion des OPCVM a atteint 663,33 milliards de dirhams (MMDH) au 8 novembre 2024.

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Les recettes fiscales enregistrent une hausse de 12,5% à fin octobre 2024

Politique - Les recettes fiscales ont atteint 243,75 milliards de dirhams à fin octobre 2024

Farah Nadifi - 21 novembre 2024
Voir plus

Union africaine : bilan du 36e Sommet de l’organisation

Afrique, Économie, Politique, Politique - Clap de fin dimanche pour la 36e session ordinaire du Sommet de l'UA, où une dizaine de résolutions ont été adoptées.

Manal Ben El Hantati - 20 février 2023

Espagne : la nouvelle feuille de route avec le Maroc présente des « résultats positifs »

Politique - Suite à la visite du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, en avril dernier au Royaume, à l’invitation du roi Mohammed VI, Madrid a exprimé sa satisfaction par rapport à la nouvelle feuille de route établie avec le Maroc.

Rédaction LeBrief - 7 juin 2022

Sahara : le Kenya soutient l’initiative du Maroc et révoque sa reconnaissance du Polisario

Afrique, Diplomatie, Politique - William Ruto, nouveau président du Kenya, a révoqué la reconnaissance de son pays de la pseudo RASD.

Nora Jaafar - 14 septembre 2022

Coups d’État : le bras de fer Cédéao-juntes militaires

Afrique, Politique, Politique - Les dirigeants ouest-africains réunis à Accra, au Ghana, ont décidé de maintenir les sanctions contre le Mali et de suspendre le Burkina Faso et la Guinée de l’organisation.

Nora Jaafar - 7 juin 2022

OMC : des mesures révolutionnaires

Politique - De la suppression de subventions à la pêche, à la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid, La 12ᵉ Conférence ministérielle de l’OMC a abouti à des accords historiques.

Rédaction LeBrief - 17 juin 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire