Accueil / Société

Mohamed Elfane : «Des restaurants ont été fermés à cause du pass vaccinal»

Temps de lecture

L’instauration hâtive du pass vaccinal a impacté plusieurs secteurs. Dans cet entretien, Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise et vice-président de la Confédération marocaine des métiers de bouche, revient pour LeBrief sur l’impact d’une telle décision sur l’activité du secteur, ainsi que l’absence d’outils pour sa mise en application.

LeBrief: Comment les cafetiers et les restaurateurs ont-ils accueilli la décision relative à l’instauration du pass vaccinal?

Mohamed Elfane: Je tiens tout d’abord à préciser que le pass vaccinal ne constitue pas une problématique pour nous. Il peut d’ailleurs être une solution pour sortir d’une crise sanitaire et s’assurer que tous les citoyens soient vaccinés. L’idée de l’instauration d’un pass vaccinal est donc respectable à mon sens. Toutefois, ce que nous fustigeons, c’est la manière par laquelle cette décision a été appliquée. On ne vient pas annoncer l’application d’une décision très contraignante en ne nous laissant que deux jours pour nous y adapter, deux jours qui ont d’ailleurs été fériés.

Lire aussi :Pass vaccinal : une mise en application qui dérange

Plusieurs ont protesté contre cette décision de dernière minute dont la mise en application pose plusieurs questions. Comment vous êtes-vous adaptés à cette mesure ?

Cette décision va impacter tous les secteurs et les citoyens. On ne vient pas exiger de nouvelles mesures restrictives du jour au lendemain sans préparation. Ce sentiment de frustration prévaut depuis le début de cette pandémie. Nous nous attendions à une rupture et un changement dans la méthode de prises de décisions avec l’arrivée de ce nouveau gouvernement. Malheureusement, nous constatons qu’il s’inscrit dans la continuité des mesures inadaptées et non préparées, en plus d’une absence d’implication et de communication. Le ministère de tutelle devait échanger avec nous, communiquer et se concerter avec les associations, les fédérations et les chambres de commerce. C’est tout ce que nous demandons. Nous ne sommes pas contre ce type de décisions.

Pour revenir à votrequestion, cette décision va impacter considérablement tous les prestataires de services et tous les secteurs, notamment le prêt-à-porter, les commerces de proximité, les cafés et les restaurants. À notre niveau, je ne vous cache pas que nous avons été surpris par la méthode utilisée par les autorités. Nous n’avons été contactés que la veille de l’application de cette décision, puisque la circulaire officielle est tombée le mercredi 20 octobre pour une application le lendemain. Les autorités locales se sont rendues, le mercredi soir, chez les différents établissements pour leur ordonner d’effectuer un contrôle au niveau de l’accès et n’accueillir que ceux qui sont munis de leur pass vaccinal.

Lire aussi :Covid-19 : le pass vaccinal ne fait pas l’unanimité

Or, plusieurs clients ont refusé de présenter des documents relevant de leur propriété privée à une personne qui ne représente pas l’autorité…

Justement, et c’est tout à fait compréhensible. Tu ne peux pas obliger un client qui veut rester dans l’anonymat de révéler son identité, ça ne relève pas de nos prérogatives. Je suis censé accueillir un client et le servir. Je ne suis pas un agent d’autorité. C’est au gouvernement de mettre en place un système de contrôle où des agents peuvent verbaliser des contrevenants. Ma responsabilité se limite dans l’affichage d’une note bien mise en évidence où j’informe mes clients qu’ils doivent être munis de leur pass vaccinal pour pouvoir bénéficier de nos services.

Quel sera l’impact de cette décision sur votre activité?

Cette décision intervient après le récent allégement des mesures restrictives. Nous avions commencé à reprendre notre souffle après une crise importante où les propriétaires des cafés et des restaurants ont été marginalisés par l’ancien gouvernement. Nous avons supporté le fardeau des loyers, des dettes, des pertes d’emplois et aujourd’hui on porte encore un énième fardeau. Vous savez, rien qu’hier, le jeudi 21 octobre, quatre restaurants ont été fermés à Rabat par les autorités après un contrôle des clients et des collaborateurs. C’est du n’importe quoi. On punit les entreprises alors qu’elles ont besoin de soutien. Nous sommes entre le marteau et l’enclume. On décide de fermer un établissement, car un employé ne dispose pas d’un pass vaccinal, et on ne prépare pas l’outil législatif pour ce genre de cas. Si je décide de renvoyer un employé qui ne s’est pas fait vacciner ou qui ne dispose pas de pass vaccinal, je serais lésé, car je dois lui payer ses indemnités.

Lire aussi :Officiel : le passeport vaccinal adopté dès ce jeudi au Maroc

Quelles sont les actions que vous comptez entamer pour faire entendre votre voix?

L’élément qui tue, c’est le manque de communication et de prévision. Aujourd’hui, après près de deux ans, les autorités sont en principe avisées et averties. Mais on s’aperçoit que les mêmes méthodes sont utilisées. Pour le moment, nous allons envoyer une lettre au ministre de l’Industrie et du Commerce et au Chef du gouvernement pour leur exprimer notre étonnement face à l’absence d’une préparation notamment logistique et législative d’une telle décision extrêmement contraignante.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Protection des consommateurs : 300.000 contrôles effectués en 2024

Société - Le ministère de l’Intérieur a multiplié ses initiatives avec plus de 300.000 opérations de contrôle en 2024 pour garantir la qualité des produits commercialisés.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Lutte contre les déchets plastiques : les Marocains prêts à agir

Société - 94% des Marocains interrogés accordent une grande importance à l'élimination des déchets plastiques.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Casablanca : suspect arrêté après acte violent

Société - Les éléments de la police judiciaire de la zone Ain Sebaâ – Hay Mohammadi, en coordination avec la DGST, ont interpellé, un suspect de 31 ans recherché pour plusieurs affaires criminelles.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Fourrières à Casablanca : un système en crise

Société - D’après le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes, 97% de ces fourrières ne sont pas légalement constituées en tant que service public.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

MRE, qui ne veut pas de vous ?

DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

L’école marocaine, un rêve empreint d’inégalité

Société - Malgré des avancées notables, le Maroc continue de faire face à des inégalités éducatives importantes.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Casablanca intègre le C40 des villes engagées pour les actions climatiques

Société - La commune de Casablanca a annoncé son adhésion au réseau mondial C40 des villes, regroupant près de 100 villes engagées dans des actions climatiques.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Alerte météo : chutes de neige samedi et dimanche

Société - Des chutes de neige sur les hauteurs dépassant les 1.800 m, sont prévues dans certaines provinces du Royaume.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

Héritage, la succession qui déchire

Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.

Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024

Notes de route du Sahara

Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.

Rédaction LeBrief - 4 avril 2024

L’INDH : 18 ans après, quel bilan ?

Société - Lancé en 2005 par le roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain souffle aujourd’hui ses 18 bougies.

Hajar Toufik - 18 mai 2023

Nouvelles du Maroc

Société - À l'extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l'Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc est un carrefour d'influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions.

Rédaction LeBrief - 1 avril 2024

Le racisme expliqué à ma fille

Société - Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme.

Rédaction LeBrief - 22 mars 2024

Bidonvilles, pourquoi y en a-t-il encore ?

Dossier - Ces habitats se concentrent dans les périphéries ou au sein de bidonvilles, où les efforts de résorption peinent à suivre.

Sabrina El Faiz - 30 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire