C’est un nouveau rapport sur la culture du cannabis que vient de dévoiler cette semaine le Conseil économique, social et environnemental (CESE). L’institution a d’abord dévoilé les résultats d’un sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1.054 Marocains âgés de 18 à 69 ans et consacré à la manière dont ces derniers perçoivent la culture du cannabis. Voici quelques points à retenir de ce sondage.
94% des personnes sondées s’accordent sur le caractère historique de la culture du cannabis au Maroc. Elles sont à 91% à penser qu’elle constitue la seule source de revenus pour les familles de certains territoires.
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La zone de Ketama est la plus citée (65%) parmi les territoires de culture de cannabis, suivie de Chefchaouen et sa région (17%) puis de la région d’El Hoceima (15%).
47% des sondés pensent que la culture du cannabis contribue à la dégradation de l’environnement et 77% considèrent que la consommation du cannabis impacte négativement la santé.
79% des sondés pensent que la culture du cannabis devrait être permise sur autorisation spéciale et 64% des personnes interrogées pensent que l’autorisation doit concerner exclusivement les régions historiquement cultivées.
Plus de 80% pensent que la légalisation du cannabis (à usage thérapeutique, cosmétique ou industriel) aura un impact positif sur les aspects économiques, notamment ceux qui concernent l’export de produits médicaux, la création d’emplois dans les territoires concernés et l’économie du Maroc en général.
28% savent qu’il existe plusieurs variétés de cannabis, 34% pensent qu’il n’y en a qu’une seule et 38% ne savent pas s’il existe une ou plusieurs variétés de cannabis.
Les variétés de cannabis les plus connues sont L’Kherdala (24%) et L’Beldia (20%). 22% seulement des sondés sont informés du fait qu’il existe certaines variétés de cannabis non nocives pour la santé.
Une stratégie de développement dans les zones de culture du cannabis
Parmi les grandes recommandations du CESE, la mise en œuvre d’une stratégie intégrée de développement économique, social et environnemental dans les zones de culture du cannabis. Une stratégie qui inclurait les cultivateurs locaux dans les divers usages licites de la plante.
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Le CESE mentionne que cette stratégie devrait porter sur «un modèle social vertueux, un système de production agroalimentaire optimisé, innovant et durable, un type d’économie régulée sans entraves et une insertion favorable pour le Maroc dans un marché international licite en développement permanent».
Les neuf recommandations du CESE
- Apaiser le climat social en vue de tourner la page des poursuites judiciaires à l’encontre des cultivateurs et leurs familles.Le Conseil souligne que des mécanismes de concertation entre l’État, les collectivités territoriales et la société civile dans la région devraient être mis en place, afin de construire un avenir de développement et de progrès au bénéfice de tous ;
- Concevoir et mettre en œuvre un programme d’urgence de développement d’infrastructures routières et de petits ouvrages d’art dans le but de désenclaver les zones de culture du cannabis et de faciliter le développement de l’activité économique. Ce désenclavement des zones rurales, comprend foncièrement l’accès aux services sociaux de base, d’éducation, de formation professionnelle et de santé. Il en est de même pour les réseaux de télécommunication qu’il importe de mettre à niveau afin de permettre le désenclavement numérique de ces zones ;
- Concevoir et mettre en œuvre un programme spécial de développement d’activités économiques et sociales génératrices de revenus et d’emplois afin de réduire les causes de tensions sociales et diversifier les sources de revenus de la population, fortement focalisées sur le cannabis ;
- Construire une filière intégrée du cannabis thérapeutique et industriel en valorisant, à l’échelle locale, le cannabis par un développement conjoint de la production et de la transformation de la plante avec, d’une part, les agriculteurs/producteurs de la plante qui pourront procéder à certaines transformations de la plante et vente de produits dérivés et, d’autre part, des industries transformatrices et extractrices, capables d’aller jusqu’à la composition pharmaceutique ou à tout autre produit à haute valeur ajoutée ;
- Prévoir des incitations spécifiques pour attirer les investissements et le savoir-faire national et international vers la région, dans les activités de transformation du cannabis ;
- Veiller à la préservation de l’environnement notamment en termes d’économie des ressources hydriques, de protection des espaces boisés et des sols ;
- Développer une économie nationale du cannabis ouverte sur les savoir-faire technologiques et les débouchés nécessaires à une production importante. Cela suppose aussi qu’une recherche scientifique marocaine orientée vers la plante et sa transformation devrait constituer un pilier important de cette économie ;
- Favoriser l’organisation des cultivateurs dans des coopératives afin de faciliter la mise en place et l’obtention de droits exclusifs pour les zones de culture, les variétés ou les produits issus de cette agriculture ;
- Adosser la filière à la recherche et à l’innovation pour créer des produits novateurs en tirant parti des caractéristiques du cannabis marocain, et mettre en place un mécanisme de coordination, de suivi et de promotion de la recherche et de l’innovation pour la transformation du cannabis.
Rappelons enfin que la loi 13-21 sur l’usage du cannabis est entrée en vigueur après sa publication en août dernier dans leBulletin officiel.
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