Le gouvernement de Aziz Akhannouch fait son entrée dans l’histoire politique du Maroc. Une semaine après son installation, le nouvel exécutif entame déjà son premier remaniement, l’un des plus rapides. Le jeudi 14 octobre 2021, Nabila Rmili, ministre de la Santé et de la Protection sociale, a été démise de ses fonctions, six jours après sa nomination à ce poste hautement stratégique. Elle a été remplacée par son prédécesseur, Khalid Aït Taleb.
«Cette nomination intervient conformément aux dispositions constitutionnelles, et après la soumission à la Haute Appréciation Royale de la proposition du Chef du Gouvernement, visant à mettre fin aux fonctions gouvernementales de Mme Rmili qui a sollicité de se consacrer pleinement à ses fonctions de Présidente du Conseil de la ville de Casablanca», a annoncé le Cabinet royal dans un communiqué diffusé le jeudi 14 octobre dans la soirée.
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Les raisons d’un mini-remaniement
Le Cabinet royal explique que la démission de Nabila Rmili intervient après que cette dernière se soit rendu compte de la charge detravail de sa mission représentative à Casablanca, et du suivi continu des affaires de ses habitants et des chantiers ouverts dans cette grande métropole, ce qui était de nature à impacter les multiples engagements et le suivi quotidien que nécessite le secteur de la santé, surtout en cette période de pandémie.
Si cette annonce a été bien accueillie, notamment par ceux qui ont décrié le cumul des fonctions de plusieurs ministres, elle interpelle à plus d’un titre. Sur les réseaux sociaux, plusieurs se sont posés des questions sur les dessous de ce véritable coup de théâtre au sein du ministère de la Santé. Si Nabila Rmili voulait effectivement se consacrer pleinement à sa nouvelle fonction de maire de Casablanca, pourquoi a-t-elle accepté sa nomination en tant que ministre de la Santé et de la Protection sociale ? Elle a été élue présidente du Conseil communal de Casablanca le 20 septembre 2021, soit 17 jours avant sa nomination à la tête du département de la Santé. Elle savait qu’elle allait accumuler deux postes très lourds en termes de responsabilités et d’attentes. Le bon sens voulait que Nabila Rmili refuse l’un des deux postes, mais rien de cela n’a été fait. Et ce malgré les multiples réclamations et protestations des Casablancais, notamment sur les réseaux sociaux, qui l’ont appelé à choisir l’une des deux fonctions, la ville de Casablanca ayant besoin d’unmaire qui soit entièrement disponible pour la gestion complexe de cette métropole. La désormais ex-ministre de la Santé n’avait pas daigné répondre à ces sollicitations légitimes et avait même démenti à certains médias les rumeurs selon lesquelles elle avait démissionné du Conseil communal de Casablanca.
Des questions en suspens !
Par ailleurs, si le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a demandé au Souverain la démission de Nabila Rmili du gouvernement pour se consacrer à la gestion de Casablanca, pourquoi l’a-t-il alors choisi pour piloter le portefeuille de la Santé alors qu’il savait déjà qu’elle était devenue maire ? De plus, le choix de Rmili à la tête de ce département a laissé pantois plusieurs observateurs. La membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI) était sur la sellette quand elle occupait leposte de directrice régionale de la Santé de Casablanca-Settat en pleine crise pandémique. Elle aurait mal géré la crise sanitaire dans cette région qui avait connu des pics de contamination très inquiétants et des records en termes de décès et de taux d’occupation des lits d’hospitalisation. Nabila Rmili traîne, par ailleurs, derrière elle, plusieurs dossiers compromettants, notamment l’affaire de pénurie des médicaments antidiabétiques, en l’occurrence l’insuline, et qui avait fait couler beaucoup d’encre en 2018.
Khalid Aït Taleb fait son come-back
L’autre interrogation liée à cette affaire de remaniement porte sur le retour de Khalid Aït Taleb. Outre l’improvisation relative à la casquette partisane qui légitimera son retour au gouvernement, plusieurs ont été surpris du come-back d’un ministre qui a été décrié par la profession, particulièrement à cause de sa gestion de la crise pandémique. Une commission parlementaire exploratoire avait d’ailleurs été créée pour enquêter sur les marchés passés de gré à gré par le ministère lors de la crise sanitaire. Les parlementaires avaient fustigé la non-coopération de Khalid Aït Taleb. Il avait refusé de leur fournir les documents nécessaires au bon déroulement de leur enquête.
Lire aussi :Covid-19 : enquête sur les marchés du ministère de la Santé
Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a entamé sa première semaine d’investiture avec un remaniement. Le non-cumul des mandats en a été la principale cause. Maintenant, qu’en est-il des cas des autres ministres qui gèrent des portefeuilles lourds et qui refusent de démissionner de leurs postes de maires ? L’avenir nous le dira.
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