Temps de lecture : 5 minutes

Accueil / Société / Abderrahim Bourkia : «les Marocains se sont toujours montrés solidaires avec l’Algérie»

Abderrahim Bourkia : «les Marocains se sont toujours montrés solidaires avec l’Algérie»

Temps de lecture : 5 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 5 minutes

Alors que la crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc bat son plein, la relation entre les deux peuples est mitigée. Pour en savoir plus sur les contours de cette relation, nous avons contacté Abderrahim Bourkia, écrivain, professeur de sociologie à l’Université Hassan 1er et chercheur associé au Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire à Science Po Aix-Marseille.

Temps de lecture : 5 minutes

LeBrief : Quel regard portent aujourd’hui les sociétés marocaines et algériennes à ce conflit qui ne cesse de grandir ?

Abderrahim Bourkia : Le regard diffère selon les cas, le niveau intellectuel et l’esprit critique de celle et celui qui le porte. Que ce soit du côté algérienou marocaind’ailleurs. Dans les deux territoires voisins, les composantes sociales élémentaires des deux peuples sont interdépendantes par l’histoire du grand Maghreb, sa géographie, sa culture, sa religion et son économie.

Dans le passé, les deux populations, surtout celles qui habitent le côté Ouest algérien : Tlemcen et Oran et l’Est marocain Oujda et ses régions, étaient des lieux de passage, de transit et d’échange entre les deux pays voisins. Aujourd’hui, le peuple algérien sait parfaitement que le régime opaque, clientéliste et totalitaire est à bout de souffle. La société et la rue algérienne, qui se sont exprimées avec lucidité par le biais des manifestations du « Hirak »contre le régime apathique, sont prises en otage par une junte militaire prédatrice et corrompue qui cherche à détourner l’opinion publique des vrais problèmes socio-économiques intérieurs tels que la crise économique, le chômage, et le manque d’infrastructures.

De l’autre côté, les Marocains se sont toujours montrés solidaires avec l’Algérie. Les événements historiques communs rapprochent davantage les deux peuples qui veulent que les frontières s’ouvrent et que le conflit prenne fin une bonne fois pour toutes.

Comment voyez-vous l’avenir de ces relations ?

C’est une question de géopolitiquequi trouvera sa réponse quand les décideurs algériens auront compris que l’intérêt des deux pays, y compris les leurs, réside dans l’entente, l’échange et la coopération, ce dont les deux peuples rêvent et auxquels ils aspirent depuis les indépendances.

Le régime algérien cherche à entretenir un mythe porteur de risques de confrontationet une fiction artificielle qui veut que le Maroc soit l’ennemi de la Nation algérienne.

Lire aussi :Maroc-Algérie : Tebboune ne décolère pas, Hilale appelle l’Algérie à assumer ses responsabilités

Les sorties du gouvernement algérien et les accusations portées contre le Maroc, ainsi que la propagande systématique, ne sont que l’expression de l’essoufflement du régime qui se trouve en manque de solutions concrètes pour sortir de sa situation intenable, face à un peuple qui réclame du pain et de la liberté.

Le différend politique pourrait-il influencer le regard que portent ces deux peuples l’un sur l’autre ?

Dans une certaine mesure, oui. Et lorsqu’il s’agit d’une population facilement manipulable, peu instruite et docile au « suivisme », les raccourcis sont légion, mais quand on regardede très près, il s’avère que les milliers d’Algériens qui ont choisi de vivre au Maroc se sentent chez eux. On constate alors que le discours manipulateur qui endoctrine ne fonctionne pas.

Qu’est-ce qui explique la marocophobie ambiante dans les arcanes du pouvoir algérien ?

La junte militaire a écrasé les manifestations de son peuple depuis le départ de la France et l’histoire post-coloniale est jalonnée de contestations socio-économiques et politiques : le printemps berbère en 1980, la révolte d’octobre et le printemps de la Kabylie en 2001.En tirant sur les ficelles nationalistes pour duper son peuple, le régime militaire voulait, comme je l’ai déjà évoqué, un semblant d’unité nationale face à un Maroc qui évolue et qui attire l’investisseur étranger malgré certains dysfonctionnements.

Privée d’arguments valables pour justifier son agressivité pathologique à l’égard du maroc, la junte militaire préfère monter sur des vagues « pseudopopulaires » entretenues par ses « services » pour taxer le Maroc de suivisme vis-à-vis des USA, oubliant que le Maroc entretient des relations politiques et commerciales avec les États-Unis depuis la fin du18e siècle.

Aujourd’hui, le régime militaire totalitaire se nourrit de ce conflit. En désignant le Maroc comme ennemi, il cherche vainement à recréer un semblant d’unité nationale perdue tout au long des années de « pillage »et de « mépris »de toute une population privée des richesses naturelles du pays. À s’agiter de cette manière, les responsables algériens vont à contre sens des attentes d’une jeunesse qui déborde de créativité et qui se tourne vers la rive Nord de la Méditerranée.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité

Et sur nos réseaux sociaux :

Étudiants en médecine : une crise sans issue ?

C’est un bras de fer qui continue de s'intensifier. Hier, les facultés de médecine et de pharmacie à travers le pays ont lancé les examens d…

Changement climatique : l’Afrique en première ligne, le Maroc parmi les pays les plus touchés

Selon le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), l'Afrique ressent avec une acuité particulière les effets dévastat…

RGPH 2024 : ce que les enquêteurs vont vous demander !

Dix ans après le recensement de 2014, les Marocains participent à la septième édition. Celle-ci a débuté dimanche dernier. Alors que cette o…

Crise climatique : quelle influence sur la migration?

Ils sont nombreux les présidents et chefs de gouvernement à fermer les yeux pour des besoins électoralistes sur la fameuse question du chang…

Espace Schengen : ce qui va changer à l’entrée et à la sortie

Pour ceux qui n’ont pas voyagé cet été, le projet était peut-être de reporter les vacances annuelles aux prochaines vacances scolaires, à l'…

RGPH 2024 : technologie et inclusion au cœur du recensement

Ahmed Lahlimi Alami a souligné l'importance capitale du RGPH 2024. Cet exercice stratégique vise à dresser un portrait fidèle et actuel des …

Hajj 1446 H : sérénité et sanctuaire, les promesses d’un pèlerinage sécurisé

Le Maroc serre les rangs autour de la sécurité sanitaire de ses pèlerins, imposant des critères sanitaires stricts et une vigilance accrue s…

Fournitures scolaires : quel budget pour cette rentrée ?

Depuis quelques jours, les rayons des librairies et des grandes surfaces sont envahis par des parents en quête de manuels, cahiers, stylos, …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire