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Sahara : un dossier toujours aussi compliqué

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Après la nomination du nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, le Conseil de Sécurité a tenu ce mercredi une réunion à huis clos. Dédiée au briefing des membres du Conseil sur la situation au Sahara, cette réunion intervient après que ces derniers aient été informés des conclusions du rapport annuel du secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, sur ce dossier. Un document dans lequel le numéro 1 onusien a donné raison à la thèse marocaine.

Ce mercredi 13 octobre, le conflit du Sahara, opposant le Maroc au Polisario, a été au centre d’une réunion semestrielle à huis clos du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette réunion se tient alors que les tensions s’intensifient au Maghreb, à l’aune de la récente nomination d’un émissaire du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura. Ellea été consacrée au renouvellement du mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara (Minurso).

Lire aussi :Qu’attendre de Staffan de Mistura, nouvel émissaire de l’ONU au Sahara ?

Annoncé par le site du Conseil de Sécurité, l’ordre du jour était d’examiner deux exposés du Chef de la Minurso, Alexander Ivanko, et du secrétaire général adjoint pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des Opérations de paix (DPPA-DPO), Martha Ama Akyaa Pobee. Il s’agit du premier briefing des deux nouveaux responsables onusiens depuis qu’ils ont pris leurs fonctions. Sur son site, le Conseil ajoute que ces membres «peuvent faire référence aux conditions dans les camps de réfugiés sahraouis, y compris les difficultés à répondre aux besoins fondamentaux des habitants, et les taux de Covid-19 dans les camps».

Dans une vidéo mise en ligne par l’ONU, Geraldine Byrne Nason, représentante de l’Irlande à l’ONU, a indiqué qu’elle est «optimiste quant à la nomination de Staffan de Mistura pour pouvoir mettre fin à une période inquiétante et incertaine depuis novembre, espérant que celui-ci pourra convaincre les parties prenantes derevenir à la table des négociations». En outre, elle a exprimé ses inquiétudes au sujet de la situation humanitaire dans les camps de Tindouf.

D’après l’AFP, les États-Unis, en charge du dossier à l’ONU, n’ont pas prévu de déclaration au Conseil. Interrogée pour savoir si elle attendait une clarification américaine, Geraldine Byrne Nason a souligné que «les États-Unis sont un acteur important» sur ce dossier et «nous nous attendons à ce que tout le monde travaille de manière constructive…», ajoutant qu’elle va demander des clarifications à ce sujet à ses collègues américains.

Le rapport choc de Guterres

Cette réunion intervient après que les membres du Conseil de sécurité aient étéinformés, quelques jours plus tôt, des conclusions du rapport annuel du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sur ce dossier. Dans ce document, il a confirmé que le Polisario ne jouit d’aucun statut auprès de l’ONU. Alors que le Front désigne ses représentants comme des ambassadeurs ou des envoyés au sein de l’ONU, le rapport de l’ONU les désigne simplement comme des représentants à New York. Le rapport du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres sur la situation au Sahara a mentionné le représentant du Polisario à trois reprises, notamment dans les paragraphes 5, 8, et 39. Ces références dans le rapport du secrétaire général de l’ONU confirment, à nouveau, que le Polisario n’a aucune qualité juridique ni politique, pour nommer un quelconquereprésentant auprès d’une Organisation internationale à composition étatique.

Lire aussi :Guterres souligne que la situation s’est «fortement dégradée» au Sahara depuis un an

En plus du rapport de 2021, les versions précédentes du rapport du secrétaire général de l’ONU sur le conflit du Sahara ont également mentionné le membre du Polisario comme «représentant à New York». Les représentants du Front Polisario, qui défend des revendications séparatistes et est financé par l’Algérie, ont traditionnellement vécu en dehors des camps de Tindouf, qui abritent environ 90.000 Sahraouis. Ces représentants jouissent d’un niveau de vie élevé au cœur de Manhattan, pris en charge entièrement par l’Algérie, aux frais des contribuables algériens.

Par ailleurs, dans son rapport, Guterres s’alarme sur la situation humanitaire dans les camps de Tindouf en Algérie. Il a cité une série d’indicateurs qui reflètent la détérioration des conditions générales dans ces camps. «La situation socio-économique déjà fragile des camps s’est encore détériorée en raison de la pandémie de Covid-19», a déclaré Guteress dans son rapport. Les camps ont connu une augmentation du nombre de ménages dont la consommation alimentaire est «faible et limite, 31,5 % des ménages étant limites et 5,2% étant pauvres», indique le rapport. Le rapport de Guterres a également mis en garde à plusieurs reprises contre les défis liés à l’accès aux soins de santé, à l’assainissement, à l’énergie et à l’alimentation. Malgré ces indicateurs alarmants sur la situation des Sahraouis dans les camps gérés par le Polisario, l’Algérie et les dirigeants du Polisario ont toujours refusé d’autoriser un recensement dans la région.

De plus, selon le secrétaire général de l’ONU, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme a reçu des informations d’ONGs accusantle polisario dedétournementdes aides humanitaires ainsi que des fonds dans les camps de Tindouf. Une affirmation qui s’aligne sur celle de l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF). Ce dernier a fait état de grands détournements de l’aide humanitaire, pendant plus de quatre décennies, par les dirigeants du front et les responsables algériens. Elle intervient également après les conclusions accablantes des rapports d’inspection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et du Programme alimentaire mondial de l’ONU à ce sujet.

Par ailleurs, selon le même document, l’armée algérienne est accusée de l’assassinat de deux Sahraouis dans les camps de Tindouf. Une accusation déjà mentionnée au régime algérien, accusé d’exécutions extrajudiciaires. Ces dernières ont été commises par les forces de sécurité algériennes dans un site minier près du camp de « Dakhla » à Tindouf en Algérie, en octobre 2020.

De plus, trois rapporteurs onusiens (du rapporteur spécial sur les droits de l’Homme des migrants,de la rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et du rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants) ont tous exprimé leurs graves préoccupations à l’égard des exécutions extrajudiciaires de deux Sahraouis dans les camps de Tindouf par les forces de sécurité algériennes dans un site minier au sud de la ville d’Auinet Balakraa à Tindouf. Selon ces sources, la patrouille militaire algérienne a mis le feu au fossé minier, où se trouvaient les deux personnes, et a quitté le lieu sans se soucier de leur sort.

Aucune enquête n’a été ouverte sur les circonstances de la mort de ces deux personnes et les coupables n’ont pas été poursuivis. Ces violations font partie d’une tendance plus générale perpétuée au sein des forces de sécurité algériennes à l’encontre des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, expliquent les experts. Et d’ajouter que la répression et les pratiques discriminatoires à l’égard de ces populations, qui se sont accrues pendant la pandémie de la Covid-19 dans les camps de Tindouf. En effet, le secrétaire général de l’ONU a également souligné que la situation générale de violations des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf s’est aggravée par la Covid-19. La pandémie a ravagé ces camps qui ont connu une deuxième et troisième vague. Une situation désastreuse qui est due principalement à la délégation, par l’Algérie, de toutes ses responsabilités et ses obligations sur son territoire, et donc, la gestion sanitaire des camps, à un groupe séparatiste armé qui entretient des liens avérés avec la criminalité internationale organisée et le terrorisme au Sahel, déplore le rapport.

Hausse de tension

La publication de ce rapport intervient dans une conjoncture difficile marquée par la reprise des tensions au Maghreb, sur fond de rupture de relations entre Rabat et Alger qui soutient les indépendantistes.

Lire aussi :Maroc-Algérie : Tebboune ne décolère pas, Hilale appelle l’Algérie à assumer ses responsabilités

En effet, l’Algérie a rompu unilatéralement ses relations diplomatiques avec le Maroc tout en se retirant du processus des tables rondes qu’elle juge «obsolète».

Lire aussi :L’Algérie met officiellement fin aux fonctions de son ambassadeur au Maroc

La situation au Sahara s’est «fortement dégradée», notamment après la rupture il y a près d’un an du cessez-le-feu observé depuis 1991, estime Guterres. «Les accrochages sécuritaires continuent» et «la situation sur le terrain est pire qu’avant», indique un diplomate sous couvert d’anonymat. De son côté, le Polisario a annoncé à maintes reprises son retrait de l’accord de cessez-le-feu après les évènements d’El Guergarate en 2020. Lors de la dernière session, en avril, les États-Unis avaient tenté de faire approuver un texte visant «à éviter une escalade». Ce projet avait toutefois été refusé par la Chine, l’Inde et des pays africains, qui craignaient qu’il soit mal interprété.

Ce dossier est ainsi compliqué sur tous les fronts, ce qui n’augure pas d’une reprise prochaine de discussions multilatérales sur le Sahara. D’autant plus que le Kenya, le Vietnam ou encore le Mexique, membres non permanents du Conseil de sécurité, entretiennent des relations diplomatiques avec la pseudo »République arabe sahraouie démocratique »(RASD),non reconnue par une majorité de la communauté internationale.

Ces obstacles seraient de nature à compliquer la tâche du nouvel émissaire onusien Staffan de Mistura, qui cherche à relancer le processus politique suspendu depuis 2019. L’italo-suédois, âgé de 74 ans, qui prendra ses fonctions le 1er novembre, succède à l’ex-président allemand Horst Köhler, démissionnaire en mai 2019 après avoir relancé en Suisse des discussions entre le Maroc et le Front Polisario, en présence de l’Algérie et de la Mauritanie. Mais à la lumière des récents évènements, il est donc difficile d’imaginer la reprise du dialogue pour le règlement du conflit qui dure depuis 1975.

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