Dans la nouvelle configuration politique dans le cadre de laquelle le Maroc a entamé une refonte en profondeur de son système de gouvernance (Constitution de 2011), les élections marocaines revêtent un enjeu majeur qui touche, au-delà du volet politique, également les secteurs social et économique.
Cette année 2021, la classe politique marocaine s’est retrouvée face à un moment particulier de l’histoire politique eu égardaux conséquences économiques et sociales de la crise engendréepar la Covid-19. En 2011, des législatives anticipées ont été organisées suite à l’adoption de la nouvelle Constitution. Ceci a provoqué un décalage du calendrier faisant coïncider la fin des mandats respectifs des membres de la Chambre des représentants, de la Chambre des conseillers, des Conseils des régions, ceux des communes et ceux des provinces et préfectures en 2021, année foncièrement électorale. Ce marathon électoral avait l’air compliqué pour les formations politiques comme pour les institutions étatiques, notamment en ce qui concerne le budget de l’État, le coût de ces échéances se situant entre 1,5 et 2 milliards de DH.
Parmi les nouveautés de ces élections 2021, figuraient le jour d’organisation. Troisscrutins (législatif, communal, régional) ont été tenus pour la première fois un mercredi au lieu d’unvendredi comme le voulait la coutume. Ainsi, la campagne électorale des partis politiques a été réduite à 10 jours au lieu de 12. S’y ajoutent la modification du mode de calcul du quotient électoral, la suppression de la liste des jeunes, l’augmentation des sièges de la liste des femmes, la révision dessubventions publiques…
Scrutins directs
En raison du croisement de calendrier entre les élections législatives et locales, les électeurs ont choisi leurs 395 députés le même jour que leurs 31.000 élus communaux et régionaux. Dans le cadre de ces élections législatives, régionales et communales, tenues le 8 septembre dernier, 8,78 millions de Marocains ont voté.
En tout cas, ces échéances représentaient un défi pour le ministère de l’Intérieur et les acteurs politiques, en ce sens qu’elles sont la voie pour faire émerger des institutions capables de concrétiser les objectifs stratégiques escomptés, avait affirmé Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, devant la commission compétente à la Chambre des représentants.
Bien qu’étant déjà le rendez-vous politique le plus important du Royaume, ces scrutins étaient particuliers en raison de la Covid-19. La pandémie a d’ailleurs déjà entraîné une réorganisation du processus de campagne électorale, démarrée depuis le mois d’août. Pour la première fois, la campagne électorale, lancée le 26 août jusqu’au 7 septembre à minuit, a eu lieu dans un contexte marqué par les restrictions instaurées pour lutter contre la pandémie, notamment la distanciation physique, ce qui a laissé une place de choix à la campagne électorale digitale. Cependant, malgré ces contraintes, il faut souligner que la tenue à bonne date de ces élections résulte d’une stratégie proactive de gestion de la crise sanitaire. La bonne organisation des dernières élections a d’ailleurs été louée par le roi Mohammed VI lors d’un discours au Parlement à l’occasion de son ouverture ce vendredi 8 octobre et applaudie à l’étranger.
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Après avoir mené une campagne électorale très intense sur le terrain et sur les réseaux sociaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), grand vainqueur des législatives, régionales et communales du 8 septembre dernier, domine désormais la scène politique nationale. Conséquemment, le Parti de la justice et du développement (PJD) a subi une véritable débâcle en n’obtenant que 13 sièges à la Chambre des représentants. Avant ces élections, le parti de la lampe contrôlait toutes les grandes villes marocaines et avait la majorité absolue dans les conseils municipaux.
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Scrutins indirects
Cette année, les élections professionnelles ont ouvert la séquence électorale. Les candidats non affiliés ont dominé ce scrutin des représentants des salariés dans les secteurs public et privé, avec 24.429 délégués (51,35%). La deuxième position a été décrochée par l’Union marocaine du travail (UMT), avec 7.362 délégués (15,48%), suivie de l’Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM) (5.977 délégués, 12,56%), et la Confédération démocratique du travail (CDT) (3.423 délégués, 7,20%). L’Union nationale du travail au Maroc (UNTM) arrive en cinquième position (2.680 /5,63%), devant la Fédération démocratique du travail (FDT, 1.326/2,79%), l’Organisation démocratique du travail (ODT, 560/1,18%) et d’autres syndicats (1.816/3,82%). S’agissant des élections dans le secteur privé qui comporte le plus grand nombre de représentants, les non affiliés ont remporté 22.213 sièges, soit un taux de 57,30%, suivis de l’UGTM (5.035/12,99%), l’UMT (4.969/12,82%), l’UNTM (2.339/6,03%), la CDT (2.113/5,45%), la FDT (440/1,14 %), l’ODT (409/1,06%) et d’autres syndicats (1.245/3,21%).
Les élections des Chambres professionnelles ont eu lieu le 6 août 2021. À la lecture des résultats, le RNI a largement dominé ces élections. Les représentants du parti de la colombe ont décroché les sièges de présidents dans neuf Chambres d’agriculture sur 12. Le RNI est également premier dans cinq Chambres de pêches sur neuf et neuf Chambres d’artisanat et huit Chambres de commerce, d’industrie et de services. Le Parti de l’Istiqlal (PI) a dominé dans les provinces de sud, conservant ainsi les mêmes résultats obtenus en 2015. S’agissant des Chambres de Commerce, l’Istiqlal préside Laâyoune, Casablanca et Tanger.
Après les rendez-vous du 8 septembre, l’agenda électoral de 2021 s’est poursuivi avec notamment des suffrages indirects pour élire, entre autres, les bureaux et présidents des Conseils d’arrondissements, de communes et de régions. Le 21 septembre dernier, les grands électeurs ont voté pour élire les membres des Conseils préfectoraux et provinciaux. Plus de 30.000 élus communaux ont élu les membres des conseils des provinces et préfectures. Le RNI est arrivé en tête avec 429 sièges, suivi du Parti authenticité et modernité (PAM), qui a décroché la deuxième position avec 317 sièges, du Parti de l’Istiqlal (PI)254 sièges, de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, 103 sièges), du Mouvement populaire (MP, 86 sièges), de l’Union constitutionnelle (UC, 74 sièges) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS, 53 sièges). Les 12 autres formations politiques ont remporté 41 sièges. Les 8 sièges restants ont été décrochés par des candidat(e)s sans appartenance politique.
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Après l’ouverture de la session parlementaire vendredi dernier par le Roi, Rachid Talbi Alami du RNI a été élu nouveau président de la Chambre des représentants, en remportant 258 voix sur les 313 votes exprimés. Naam Miyara de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) a été élu pour présider la deuxième Chambre avec 86 voix sur 96 exprimées.
Pour cette Chambre haute, elle est composée de 120 sièges pourvus au suffrage indirect pour un mandat de six ans. Sur ce total, 27 sièges ont été remportés par le RNI, qui est arrivé en tête. Selon les résultats annoncés par le ministre de l’Intérieur, il est suivi par le PAM, arrivé deuxième en décrochant 19 sièges et du PI avec 17 sièges. Le Mouvement populaire (MP) occupe la quatrième place avec 12 sièges, l’USFP est cinquième avec huit sièges, le PJD est sixième avec trois sièges. Enfin, l’UC arrive en septième place avec deux sièges.
Et ce dimanche 10 octobre, les membres du bureau et des commissions permanentes ont été élus au niveau de la Chambre des conseillers. Lors d’une séance plénière, Mohamed Hanine du groupe du RNI a été élu premier vice-président de la Chambre des conseillers, alors qu’Ahmed Akhchichine (Parti authenticité et modernité – PAM) sera le deuxième vice-président. Ont également été élus les trois autres vice-présidents, notamment Fouad Qadiri du groupe Istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme, Mehdi Atmoun du groupe haraki et Abdeslam Belkchour du groupe socialiste.
La séance a également permis d’élire les trois questeurs de la chambre haute, notamment Mohamed Salem Benmasoud du groupe de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Miloud Maassid du groupe de l’Union marocaine du travail (UMT) et Abdelilah Hafdi du groupe de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Les trois secrétaires des conseillers élus sont Mustapha Moucharik et Jawad Hilali du parti de la colombe et Safia Belfakih du parti du tracteur.
S’agissant des commissions permanentes, Aziz Mknif, du groupe socialiste a été élu président de la commission de justice, de législation et des droits de l’Homme, alors que Messaoud Agnaou du PAM occupera le poste de président de la commission des finances, de la planification et du développement économique.
Abderrahmane Ablila du RNI est, quant à lui, le nouveau président de la commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales et des infrastructures de base, tandis que Neila Mia Tazi de la CGEM présidera la commission des Affaires étrangères, de la défense nationale et des Marocains résidant à l’étranger. Enfin, Abderrahman Drissi du groupe haraki a été élu président de la commission de l’enseignement et des affaires culturelle et sociale, et Othmane Tarmounia du groupe Istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme, président de la commission des secteurs productifs.
Ce lundi 11 octobre à 14h s’est tenue une séance plénièrepour l’élection des membres du bureau de la Chambre des représentants et des présidents des commissions permanentes. Cette réunion s’est tenue conformément aux dispositions de l’article 62 de la Constitution et du règlement intérieur de la Chambre des représentants.
Mohamed Sabri du PAM a été élu premier vice-président de la Chambre des représentants, alors que Khadija Zoumi du groupe Istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme sera la deuxième vice-présidente. Les six autres vice-présidents sont : Driss Chtibi du groupe socialiste, Mohammed Ouzzine du groupe haraki, Mohamed Joudar du groupe constitutionnel démocratique social, Nadia Thami du groupe progrès socialiste, Hassan Benomar du groupe du RNI et Zaina Idhli du même groupe. Les deux nouveaux questeurs ont également été élus. Il s’agit notamment de Mohamed Hamouti du groupe du PAM et de Abdelaziz Lachhab du groupe Istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme. Les trois secrétaires des représentants sont Mohamed Boudrika du groupe du RNI, Ilham Saqi du groupe du PAM et Tariq El-Qadiri du groupe Istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme.
La séance a également permis d’élire les présidents des commissions permanentes. S’agissant de la commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger, c’est Nadia Bouida qui a été élue présidente. Moulay Hicham El M’hajri a été élu président de la commission de l’intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville. Mohamed Laâraj occupera le poste de président de la commission de justice, de législation et des droits de l’homme.
Mohamed Chouki du RNI commission des finances et du développement économique. En ce qui concerne la commission des secteurs sociaux, c’est Hamid Noughou qui a été élu président. Jamal Diouani sera le nouveau président de la commission des secteurs productifs alors que Mohamed Mellal a été élu président de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement. S’agissant de la commission de l’enseignement, de la culture et de la communication, c’est Addi Chajiri qui sera président. Enfin, c’est Latifa Leblih qui présidera la commission du contrôle des finances publiques.
À l’issue de cet ultime vote, le processus électoral de l’année 2021 prendra fin. Les deux Chambres tiendront à 17h une séance plénière conjointe pour la présentation par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch du programme gouvernemental, et ce, conformément aux dispositions de l’article 88. Vendredi, les députés seront appelés pour le vote de confiance au gouvernement.
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