Accueil / Économie

Finances publiques : le legs du gouvernement sortant

Temps de lecture

Le gouvernement El Otmani s’apprête à passer le flambeau au gouvernement Akhannouch. Alors que le cabinet sortant se targue d’avoir assuré l’équilibre des finances publiques, l’analyse des chiffres fait ressortir un bilan bien différent. Le déficit budgétaire avait atteint 25,2 milliards de DH (MMDH) à fin août 2017, trois mois après la prise de fonction du gouvernement El Otmani. À fin août 2021, ce même déficit tournait autour de 40,6 MMDH et ce n’est pas uniquement la faute à la crise liée à la pandémie de Covid-19. Côté endettement, le bilan n’est pas coruscant non plus.

Les données disponibles parlent d’elles-mêmes: les finances publiques se sont dégradées pendant le mandat du gouvernement El Otmani (2017-2021). Sans tenir compte de l’année 2020 et de sa crise historique, le gouvernement sortant n’a pas pu maintenir le déficit budgétaire en dessous des 3% du Produit intérieur brut (PIB) comme promis lors de la présentation de son programme en 2017. Le déficit budgétaire a gravité autour des 4,3% du PIB pendant les quatre dernières années. Sur ce point, c’est un échec total.

Le testament financier du gouvernement El Otmani

Saad Dine El Otmani et son équipe laissent aux héritiers un legs peu attractif. En 2017, le gouvernement fraîchement nommé et dirigé par le Parti de la justice et du développement (PJD) avait assuré qu’il était en mesure d’abaisser la dette du Trésor public à moins de 60% du PIB. Cette annonce avait suscité l’ire de l’opposition à l’époque. Les députés du Parti authenticité et modernité (PAM) et ceux de l’ex-Fédération de la gauche démocratique (FGD) avaient d’ailleurs voté contre la déclaration du gouvernement El Otmani.

Revenons aux chiffres. Ceux du Haut-Commissariat au Plan (HCP) sont alarmants. L’encours de la dette du Trésor continuerait d’augmenter pour frôler le seuil de 77,3% du PIB en 2021 après 76,4% en 2020. Quant au ratio de la dette publique globale, il devrait s’accentuer pour passer de 92,5% du PIB en 2020 à 92,7% en 2021. Un niveau jamais atteint au Maroc!

Lire aussi :Dette du Trésor : qui sont les créanciers du Maroc ?

Les conseils de Benchaâboun

Le ministre sortant de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun, a tenu à passer un message clair avant de quitter ses fonctions : il faut appliquer des mesures d’austérité. Le message de Benchaâboun était destiné aux responsables des établissements publics et de l’administration. Dans une circulaire, Benchaâboun a appelé à entreprendre des mesures pour réduire et rationaliser les dépenses du secteur public. Cet appel a été lancé en prélude de l’exécution du grand projet de réforme des Établissements et entreprises publics (EEP). La loi relative à cette refonte a été adoptée par le Parlement avant la clôture de l’ultime session de la 10e législature. Le gouvernement Akhannouch sera aux commandes pour sa mise en œuvre à travers l’élaboration de textes législatifs connexes et la mise en place effective de l’Agence nationale de gestion des participations de l’État.

Lire aussi :PLF 2022 : comme un vent d’optimisme

PLF 2022, priorité numéro 1

Le chevauchement entre le calendrier électoral et le calendrier budgétaire a obligé le gouvernement sortant à préparer le Projet de loi de finances (PLF) 2022. Il ne pouvait faire autrement. Le chef du gouvernement sortant, Saad Dine El Otmani, a envoyé au mois d’août dernier, sa note de cadrage fixant les grandes orientations que devront suivre les départements gouvernementaux dans l’élaboration de leurs budgets. Selon ladite note, le PLF 2022 vise une croissance du PIB de 3,2%. Il intègre aussi la poursuite de la dynamisation des secteurs productifs et l’amélioration de leur capacité à créer des emplois et de la valeur ajoutée, à travers la mise en œuvre du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et le financement des projets dans le cadre du partenariat public-privé (PPP).

Parmi les autres priorités fixées: la consolidation des mécanismes d’intégration et de développement de la généralisation de la protection sociale, le renforcement du capital humain, la réforme du secteur public et le renforcement des mécanismes de gouvernance.

Lire aussi :PLF 2022 : El Otmani signe la dernière note de cadrage de son mandat

Une fois investi, le nouvel exécutif ne disposera pas que de quelques jours pour finaliser le PLF 2022 qui devra être déposé au plus tard au Parlement le 20 octobre. Cet exercice, le premier du gouvernement Akhannouch, sera scruté par les milieux économiques et financiers au moment où tout le monde attend des mesures concrètes pour la période post-Covid-19.Il est aussi normal que le nouveau gouvernement fixe de nouvelles priorités, conformément aux promesses électorales des trois partis qui constituent la majorité. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI) comptent des cadres de haut niveau à même de réussir cet exercice et de produire un PLF bien ordonné, en phase avec les attentes des citoyens et des opérateurs économiques.

Les calculatrices vont chauffer à Rabat à la veille du dépôt du PLF 2022 au Parlement. Mais le gouvernement Akhannouch peut compter sur l’expertise du Directeur du budget, Fouzi Lejkaa. Ce dernier, qu’on disait ministrable, va veiller à ce que le travail soit fait dans les temps et dans les règles de l’art.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Casablanca : tourisme, culture et développement

Économie - Le Conseil de la commune de Casablanca a adopté de nouveaux projets stratégiques pour consolider le développement de la métropole et enrichir son offre touristique.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Maroc-Qatar 2024 : l’ONMT met en lumière «The Kingdom of Light» à Doha

Économie - L'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) a brillé en tant que sponsor principal lors de la troisième édition du Qatar Travel Mart (QTM), qui s'est tenue du 25 au 27 novembre 2024 à Doha.

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM) s'apprête à révolutionner le secteur bancaire marocain en mettant en place un marché secondaire des créances en souffrance.

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

MEDays 2024 : comment les femmes africaines peuvent transformer l’économie du continent

Économie - À l’occasion de la 16ème édition du Forum MEDays, des expertes et femmes d’affaires africaines ont mis en lumière le rôle central de la femme dans le développement économique et social de l’Afrique

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Croissance record des agrumes au Maroc en 2024

Économie - L’OMD a révélé ses prévisions pour l’année 2024, mettant en évidence une croissance exceptionnelle de la production d’agrumes au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

FORVIA inaugure deux nouvelles infrastructures industrielles au Maroc

Économie - Forvia, leader mondial des technologies automobiles, a inauguré deux nouvelles infrastructures industrielles au Maroc

Mbaye Gueye - 28 novembre 2024

Le Trésor place 1,9 MMDH d’excédents de trésorerie

Économie - La direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) a lancé deux opérations de placement des excédents de trésorerie

Mbaye Gueye - 28 novembre 2024

Soutien à la presse : les petites entreprises dénoncent des critères injustes

Économie - L’UPEP a dénoncé les nouvelles conditions introduites par une décision conjointe des ministres de la Culture et des Finances.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024
Voir plus

LF 2025 : le gain aux jeux de hasard désormais imposé

Économie - À partir du mois de juillet 2025, tout gain réalisé grâce aux jeux de hasard deviendra imposable dans le champ de l'impôt sur le revenu (IR).

Mouna Aghlal - 24 décembre 2024

MEDays 2024 : comment les femmes africaines peuvent transformer l’économie du continent

Économie - À l’occasion de la 16ème édition du Forum MEDays, des expertes et femmes d’affaires africaines ont mis en lumière le rôle central de la femme dans le développement économique et social de l’Afrique

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

IGOC : nouvelle réforme des régulations de change pour 2024

Économie - L'Office des Changes a annoncé l'introduction de l'Instruction générale des opérations de change (IGOC) version 2024

Chaima Aberni - 3 janvier 2024

Saison agricole 2024-2025 : le ministère dévoile des initiatives pour booster l’agriculture

Économie - Le Maroc lance la saison agricole 2024-2025 avec des mesures ambitieuses pour accroître la résilience et la productivité.

Chaima Aberni - 17 juillet 2024

Recettes fiscales et santé économique vont-elles de pair ?

Économie - Ces recettes fiscales en hausse aident-elles vraiment à soigner l'état de santé de l'économie marocaine?

Sabrina El Faiz - 23 août 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire