Il est 7h50, nous sommes devant la porte d’entrée du Collège Badr à Casablanca. Pour l’heure, aucun élève n’est à portée de vue. La porte principale de l’établissement est fermée et l’endroit est déserté. Quelques minutes plus tard, les premiers enfants arrivent, ils affluent progressivement sur le grand espace à l’extérieur du collège et sont pour la plupart accompagnés de leurs parents.
À 8h10, ils sont plus d’une cinquantaine d’enfants devant la porte d’entrée. Le point en commun entre ces enfants ? Ils sont tous munis d’un masque de protectionsur leur visage. «Le masque est obligatoire dans la classe comme à l’extérieur. À l’intérieur de la classe, il doit être obligatoirement sur le visage, nous n’aurons même pas le droit de le poser sur la table», nous déclare Wijdane, 13 ans, en première année du collège.
Sa copine, Chadine, est perdue dans ses pensées. C’est la première fois qu’elle aperçoit le collègeoùelle devra passer les trois prochaines années. Elle prend le temps d’analyser tout cela : «C’est un sentiment bizarre, ma mère n’a pas voulu venir avec moi, elle m’a dit que je dois compter sur moi-même à partir d’aujourd’hui. J’ai un peu peur», nous déclare Chadine.
«J’ai peur que le fait de ne pas être vaccinéem’empêche de passer les examens cette année»
À la question de savoir si elles se sont faites vacciner, les deux filles répondent non. «Mes parents réfléchissent toujours sur la question. J’ai peur que le fait de ne pas être vaccinéem’empêche de passer les examens cette année», nous confie Chadine. De son côté, Wijdane dit que ses parents sont méfiants et estime qu’elle est trop jeune pour se faire injecter une dose du sérum anti-Covid-19.
8h15, les portes du collèges’ouvrent, les enfants commencent à entrer petit à petit à l’intérieur de l’établissement. La plupart des parents les saluent et se préparent à quitter les lieux. D’autres, qui n’ont toujours pas inscrit leurs enfants, s’informent auprès de l’administration sur les fournitures scolaires à ramener et les frais d’inscription à payer.
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Mustapha (46 ans) accompagne sa fille Leila (14 ans). Pour lui, c’est un grand jour. Sa petite va enfin retrouver le collège où ontétudié ses deux sœurs aînées. «Leila a été transférée au Collége Ibn Habbous, mais je l’ai déplacée ici, parce que je connais bien cet établissementet son corps enseignant, notre nom de famille est assez répandu ici», déclare Mustapha en souriant.
«Je voulais vacciner même sa petite sœur de huit ans,mais elle ne fait pas partie des personnes ciblées»
À la question de savoir si sa fille s’est faite administrer un des vaccins anti-Covid-19, il répond : «Bien sûr. Dans la famille, tous les cousins et cousines de son âge ont été vaccinés. On a fait cela pour leur sécurité d’abord et pour celle de leurs camarades».
Le père de famille a une pleine confiance en l’efficacité des doses anti-Covid-19. «Je voulais vacciner même sa petite sœur de huit ans, mais elle ne fait pas partie des personnes ciblées». Leila a reçu la première dose du vaccin de Sinopharm, il y a deux semaines, et recevra la seconde dose la semaine prochaine.
«Je pense qu’il est aujourd’hui obligatoire de se faire vacciner, car dans le futur, nous ne pourrons plus rien faire sans pass vaccinal”, dit-il avant d’ajouter : «Nous avons été vaccinés et nous n’avons rien senti. Alors, pourquoi ne pas vacciner ses enfants ?».
Plus loin, Youssef (32 ans) tient sa petite fille par la main et la fait entrer au collègepour rejoindre ses camarades. Nous nous approchons de lui et lui posons la question sur ce que représente ce jour pour lui : «C’est un soulagement pour nous et pour les enfants. Cela fait tout de même quatremois que ces enfants n’ont pas retrouvé l’école. On peut voir à travers leurs visages qu’ils sont très contents de ces retrouvailles», souligne Youssef.
Ce dernier nous dit qu’il était hésitant au départ quant à l’idée de vacciner sa fille. «Sincèrement, j’ai attendu la dernière minute pour le faire. J’ai consulté son pédiatre en plus de deux autres médecins de la famille, ils m’ont assuré qu’elle ne risque rien et ne court aucun danger», note Youssef.
«Aujourd’hui, qui peut assurer à ses enfants un enseignement à distance, qui a la patience et surtout le temps de le faire ?»
Ce dernier juge que même si le gouvernement n’a pas officiellement obligé les parents à vacciner leurs enfants, ils l’ont fait de manière indirecte : «Les enfants qui ne se sont pas faits vacciner devront sans aucun doute suivre les cours à distance. Aujourd’hui, qui peut assurer à ses enfants un enseignement à distance, qui a la patience et surtout le temps de le faire ?», s’interroge Youssef. Ce dernier assure par la même occasion que l’année scolaire précédente était très compliquée pour les enfants : «J’ai l’impression qu’ils n’ont rien appris l’année dernière et avec les quatre mois de vacances, il y a de fortes chances qu’ils aient tout oublié», dit-il.
Au total, plus de 7,5 millions d’élèves ont retrouvé ce vendredi leurs salles de cours. Les enfants ouvriront donc la première page du cahier de leçons.Pour les parents, c’est une nouvelle page qui s’ouvre avec l’espoir qu’aucun événement ne vienne perturber cette année scolaire.
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