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Fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains : quelles implications ?

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Ce mercredi, l’Algérie a décidé de fermer son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc. Une décision qui intervient près d’un mois après celle de la rupture des relations diplomatiques avec le royaume, intervenue le 24 août dernier. Qu’implique la fermeture de l’espace aérien algérien ? Pourquoi l’Algérie s’acharne-t-elle autant sur son voisin de l’Ouest ? Est-ce un sentiment d’impuissance face aux derniers événements qui ont joué en la faveur du royaume, notamment dans le conflit du Sahara ? Décryptage.

Décidément, l’Algérie ne lâche pas l’affaire et fait une véritable fixette sur le Maroc. Nos voisins de l’Est ont annoncé ce mercredi la fermeture immédiate de l’espace aérien algérien à tous les avions civils et militaires marocains, ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc. Une annonce qui intervient à l’issue d’une réunion du Haut conseil de sécurité, présidée par le président Abdelmajid Tebboune et consacrée à l’examen de la situation aux frontières maroco-algériennes.

Qu’est-ce que cette décision implique concrètement ?

Cela veut dire que plus aucun avion marocain ne se posera sur le territoire algérien ou traversera l’espace aérien de l’Algérie. Cela suppose que les avions de la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) et d’Air Arabia Maroc vont devoir contourner l’Algérie et modifier l’itinéraire de leurs vols qui traversent ce pays. Cela implique quelques minutes de plus à prévoir pour les passagers.

Par exemple, sur ces deux images : on voit bien que l’itinéraire du vol quotidien Casablanca-Istanbul a changé entre ce mercredi 22 et le jeudi 23 septembre 2021. Le vol AT910 de la RAMfera ainsi entre 20 et 30 minutes de pluspar rapport à la veille.

Itinéraire du vol AT910 reliant Casablanca à Istanbul ce mercredi 22 septembre 2021 :

vol

Itinéraire du vol AT910 reliant Casablanca à Istanbul jeudi 23 septembre 2021. On voit bien l’avion qui contourne le territoire algérien:

Istanbul

Des accusations sans aucune preuve

Ce n’est pas la première fois que l’Algérie prend des mesures du genre contre le Maroc. Le 24 août dernier, Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères avait annoncé la rupture officielle des relations diplomatiques entre les deux pays. L’Algérie accuse le Maroc de mener des actions hostiles à son encontre. «Les services de sécurité et la propagande marocains mènent une guerre ignoble contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants», avait déclaré Ramtane Lamamra, lors d’une précédente sortie médiatique. Pour ce dernier, la décision de rompre les relations diplomatiques était «une manière civilisée de mettre un terme à une situation qui ne pouvait durer davantage sans causer de dommages et qui risquait de mener les deux pays vers une voie non souhaitable», a-t-il dit.

L’Algérie accuse le Maroc d’être à l’origine des incendies de forêt qui ont récemment ravagé la Kabylie. Elle accuse également Rabat d’être engagé dans un complot avec « l’entité sioniste »pour déstabiliser l’Algérie et de soutenir le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé en mai dernier par les autorités algériennes comme « organisation terroriste ».

Lire aussi :Rupture Maroc-Algérie : quel impact économique ?

Mais selon plusieurs experts, la raison phare de l’escalade de la tension algérienne contre le Maroc est la normalisation des relations diplomatiques du Royaume avec Israël et la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Deux événements qui ont considérablement fait pencher la balance en faveur du Maroc dans la portée internationale des deux pays et qui en afrustré plus d’un en Algérie.

«Il est très plausible qu’Alger ait graduellement pris la décision de rompre les liens avec le Maroc lorsqu’il est devenu évident que l’administration Biden n’annulerait pas la décision de son prédécesseur sur la marocanité du Sahara. Mais il fallait, pour mieux ranimer la fibre nationaliste, attendre un moment propice pour faire l’annonce. Les incendies d’août dernier étaient l’occasion attendue», souligne Jeune Afrique dans une tribune publiée ce jeudi 23 septembre.

Lire aussi :Maroc-Algérie : la scission est actée

La même source indique que si l’Algérie a reproché au Maroc de normaliser ses relations avec Israël, elle est restée silencieuse sur les décisions similaires prises par les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan. «On peut donc affirmer sans risque de se tromper que plutôt que la défense de la cause palestinienne, c’est l’emprise grandissante et graduellement irréversible du Maroc sur la diplomatie du Sahara qui est le moteur de l’acharnement manifeste de l’État algérien».

Un potentiel ennemi

Par ailleurs, Luis Martinez, chercheur et spécialiste du Maghreb considère que les autorités algériennes ne perçoivent plus le Maroc comme un rival, mais comme un potentiel ennemi. Pour le directeur des recherches au centre de recherches internationales (CERI)-Sciences po, le régime algérien considère que le Maroc aspire à le déstabiliser alors que le pays est«déjà affaibli par une économie mise à mal par la chute du prix du baril de pétrole en 2014, et par une situation politique dans l’impasse depuis l’émergence du Hirak, en février 2019». Le chercheur estime que ces réactions algériennes ne sont qu’un nouvel épisode d’un interminable bras de fer entre les deux pays.

Lire aussi :Rupture des relations Algérie-Maroc : et maintenant ?

En tout cas, malgré la fâcheuse décisionalgérienne, la volonté du côté marocain est de renouer contact et ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays voisins. Le roi Mohammed VI l’avait bien mentionné lors de son discours du 31 juillet dernier.

«Vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous (…) Plus que deux nations voisines, le Maroc et l’Algérie sont deux pays jumeaux qui se complètent. Nous appelons à faire prévaloir la sagesse et les intérêts supérieurs de nos deux pays. Nous pourrons ainsi dépasser cette situation déplorable qui gâche les potentialités de nos deux pays, au grand dam de nos deux peuples et des liens d’affection et de fraternité qui les unissent». À bon entendeur.

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