La lutte du Maroc contre la Covid-19 commence à porter ses fruits.Au 20 septembre 2021, le nombre de personnes entièrement vaccinées a atteint 17.590.697, tandis que 21.221.268 personnes ont reçu la première dose du vaccin, a annoncé le ministère de la Santé. Ces données montrent que la campagne nationale de vaccination est sur la bonne voiepour atteindre son objectif de vaccination de 80% de la population, soit 33 millions de personnes, afin de parvenir à une immunité collective contre le virus. À ce jour, le pays a enregistré 920.374 cas de contamination, dont 885.490 guérisons et 13.958 décès.
De son côté, Mouad Mrabet, le coordinateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé, a rassuré les citoyens que la vague liée au variant Delta au Maroc est en phase descendante depuis cinq semaines. «L’amélioration se poursuivra la semaine prochaine», à moins qu’un nouveau développement ne survienne, a-t-il indiqué. Le responsable a souligné que le pays est passé au «niveau de criticité orange», soit un niveau modéré de transmission du virus. Il a précisé que trois régions sont au niveau vert, cinq au niveau orange, tandis que quatre sont au niveau rouge.
Mrabet a aussi expliqué que le nombre de décès liés au nouveau coronavirus a diminué cette semaine de 23% par rapport à la semaine précédente. «Le niveau de dépistage cette semaine au niveau national était de 392 tests/100.000 habitants», a-t-il noté, ajoutant que cela est conforme aux recommandations internationales exigeant au moins 300 tests. De plus, le taux de reproduction du virus était de 0,91 au 19 septembre. Cependant, malgré les données positives qu’il a partagées, Mrabet a appelé les citoyens à se rendre en masse dans les centres de vaccination pour recevoir leurs doses. Il les a également exhorté à se conformer au protocole thérapeutique national ainsi qu’aux mesures préventives mises en place pour limiter la propagation de la Covid-19.
Quid des restrictions sanitaires ?
Avec le ralentissement du nouveau coronavirus et de son variant Delta, la question qui hante désormais l’esprit des Marocains est : à quand la levée des restrictions sanitaires ? En effet, vu l’amélioration des indicateurs liés à la pandémie, plusieurs citoyens exigent l’accélération du retour à un rythme de vie normale. D’ailleurs, même Azeddine Ibrahimi, membre du Comité national scientifique chargé du suivi de l’évolution du virus, estime qu’«il est temps d’oser scientifiquement et pratiquement alléger les restrictions». Ce derniersouligne qu’il est inutile, voire insensé, de maintenir les restrictions en vigueuralors quela majorité de la population a été vaccinée. «Après qu’on ait vacciné 60% des personnes de 12 ans et plus, et vu qu’on s’approche d’un taux de 70%, il est normal qu’on pense à un retour à la vie normale», a-t-il indiqué dans une publication sur Facebook.
L’expert a ainsi plaidé pour un allégement du couvre-feu ainsi que l’ouverture des hammams, des salles de fêtes et des cinémas avec une capacité d’accueil limitée afin de permettre à plusieurs secteurs impactés par la crise sanitaire de relancer leurs activités. Pour Ibrahimi, les citoyens du monde entier doivent dorénavant apprendre à vivre avec la Covid-19, dont l’éradication complète est très compliquée. Il a de ce fait insisté sur l’importance de la poursuite de la vaccination, vu que pour le moment, c’est le moyen le plus sûr de protéger le système de santé. Le responsable a dans ce sens avancé qu’ils sont près de 500.000 primo-vaccinés âgés et/ou souffrants de comorbidités qui n’ont pas encore reçu leur deuxième dose. Il a invité ces derniers à faire leur deuxième injection pour éviter tout risque de contamination.
L’importance de l’adoption dupass vaccinal dans les endroits publics
DocteurTayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, partage également l’avis de Azeddine Ibrahimi. Pour lui, afin d’assurer un allègement sécurisé des restrictions en cours, il faut impérativement adopter le pass vaccinal dans les endroits publics. Cette solution permettra à la fois de protéger la population vaccinée et d’inciter les autres à se faire vacciner. «Le taux de couverture de la vaccination est certes important au Maroc, mais il ne l’est pas assez pour qu’on puisse alléger, sans séparer les vaccinés des non-vaccinés. Nous n’avons pas encore retrouvé la situation épidémiologique d’avant la 3e vague, puisqu’on atteint encore les 2.500 voire 3.000 cas quotidiens. On est en voie de convalescence de cette vague, mais on y est toujours. On n’en est pas encore sorti», affirme Hamdi. Il évoque aussi la menace que représente l’imminente rentrée scolaire, alors que les élèves marocains ne sont pas encore tous vaccinés. Au 20 septembre 2021, seuls environ43% des personnes de cette catégorie ont été vaccinées, soit près de 1,4 million d’élèves sur les trois millions concernés par cette opération.
Selon Hamdi, le Maroc dispose «d’éléments très positifs, mais aussi des contraintes. Il faut donc alléger, mais en parallèle, étendre l’usage du pass vaccinal, notamment pour l’accès à certains endroits publics, tels que les cafés, les restaurants et les moyens de transport, ou pour participer à des activités publiques». Et à Azeddine Ibrahimi d’ajouter que «cette solution a fait ses preuves en France, qui a pu passer à 75% de taux de vaccination grâce à l’imposition du pass vaccinal».
Qu’attendent les autorités pour lever les restrictions ?
En ce moment, le Maroc est en phase de transformation et d’actualisation politique générale. Bien que la lutte contre la Covid-19 et la protection de la santé des citoyens restent une priorité pour le pays, le processus politique enclenché depuis les élections du 8 septembre dernier risque de retarder l’allègement tant espéré par les Marocains. Ainsi, pour expliquer cette situation, la rédaction de LeBrief s’est tournée vers le constitutionnaliste Najib Ba Mohamed pour plus d’éclaircissements. Notre interlocuteur nous a expliqué que le gouvernement sortant dirigé par le Partide la justice et du développement (PJD) avec à sa tête Saad Dine El Otmani,n’est pas habilité à prendre des décisions qui engagent des dépenses financières pour l’État. Ainsi, tant que le gouvernement de AzizAkhannouch, Chef de l’exécutif désigné,n’a pas encore été formé, la levée des restrictions devra se faire attendre, l’état d’urgence sanitaire ayant été prolongé auparavant jusqu’au 31octobre 2021. Ladécision de lever ounon les restrictions reviendra donc au nouvel exécutif.
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