Accueil / Politique

Abdelaziz Bouteflika et ses liens avec le Maroc

Temps de lecture

L’ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika a rendu l’âme vendredi 17 septembre 2021 à l’âge de 84 ans à Zeralda. Le décès de Bouteflika, qui est né au Maroc et plus précisément dans la ville d’Oujda, n’a pas soulevé la foule en Algérie. En effet, la tristesse n’était pas vraiment au rendez-vous. Retour sur les moments marquants de sa carrière politique et ses liens avec le Maroc.

Abdelaziz Bouteflika n’est plus. L’ex-président algérien a succombé vendredi dernier à une longue maladie qui l’a handicapé et l’a tenu loin des caméras pendant près d’une décennie. Il est le présidentqui est resté le plus longtemps au pouvoir en Algérie (19 ans 11 mois et 6 jours), avantde se retirerle 2 avril 2019 sous la pression du mouvement populaire, Hirak.

Lire aussi :Algérie : le gouvernement peine à mettre fin au Hirak

Bouteflika détient aussi un autre record avec sa carrière politique longue de 57 ans. En effet, le défunt a intégré le gouvernement algérien en 1962 à l’âge de 25 ans seulement. Il occupaitle poste de ministre de la Jeunesse, des Sports et duTourisme. Près d’un an plus tard, il est promu ministre des Affaires étrangères, un poste qu’il occupera durant plus de 15 ans. Il accumulera ensuite différentes fonctions (membre du Conseil de la révolution, président de l’assemblée générale des Nations unies, ministre d’État et conseiller auprès du président Boumedienne) jusqu’à prendre les rênes du pouvoiren avril 1999 après une longue traversée du désert.

Une réaction médiatiquetrès “froide”

Dans l’opinion publique algérienne, le décès de Bouteflika est passé inaperçu “ou presque”. Mis à part les drapeaux mis en berne «pendant trois jours» à partir de samedi dernier, les radios et télévisions ont continué à diffuser de la musique et aucune notification n’a été faite sur la date et le lieu de sesfunérailles. Dans la rue, les impressions des citoyens algériens sont mitigées. Les uns pensent que ses quatremandats au pouvoir neméritent pas les hommages et éloges, car “il n’a rien fait pour le pays”, tandis que d’autres estiment que le pays s’est amélioré durant cette période.

L’agence de presse française AFP souligne que lors de ses funérailles organisées cedimanche,l’ex-chef d’État a eu droit à bien moins d’honneurs que ses prédécesseurs. Globalement, ledécès de Bouteflika n’a pas été accompagnéde louanges. Il faut dire que depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, Bouteflika a complètement disparu de la scène nationale algérienne jusqu’àsa destitution en avril 2019. Ce qui expliquerait probablement cette froideurpopulaire.

Entre Bouteflika et le Maroc, l’armée algérienne a joué les trouble-fêtes

Entre Bouteflika et le Maroc, aucune rancune n’a été signalée par le passé. Cependant, l’armée algérienne a tout fait pour envenimer cette relation. Selon le site Maroc diplomatique, Bouteflika l’aurait lui-même confié à une journaliste libanaise. Le défunt aurait mentionné qu’il n’avait pas d’autre choix que de se plier aux thèses de l’armée, faute de quoi, il serait exécuté comme Boudiaf.

Trois mois après son intronisation à la présidence algérienne, Bouteflika a même assisté aux funérailles du roi Hassan II, ce qui présageait un bon avenir pour les relations bilatérales dans le futur. Mais l’armée algérienne est une nouvelle fois entrée dans le jeu. Cette dernière a accusé le Maroc d’être derrière les attentats du 11 décembre 2007 à Alger. Un attentat meurtrier qui avait fait 37 morts et 177 blessés.

Lire aussi :Analyse de la main tendue du roi Mohammed VI à l’Algérie

Aussitôt, et de peur de subir le même sort que son prédécesseur Boudiaf,froidement assassiné sous les yeux des Algériens en 1992, Bouteflika n’a eu d’autres choix que d’attaquer verbalement le Maroc et livrerdès lors une guerre indirecte, notamment en ce qui concerne la question du Sahara. Le président Bouteflika a également refusé d’ouvrir les frontières fermées depuis 1994.

En 2013, Bouteflika a accusé le Marocde ne pas respecter les droits de l’Homme dans le Sahara. Le roi Mohammed VI avait répondu dans un discours à la nation que le Maroc «n’a pas à recevoir de leçons dans ce domaine,surtout de ceux qui bafouillent systématiquement les droits de l’Homme». Cependant, et de façon générale, le Maroc ne s’est jamais montré rancunier envers le président algérien même quand il a été au cœur des crises Maroc-Algérie durant la période ou il était chef de la diplomatie algérienne.

La plus grande preuve que le Maroc ne fait pas dans la rancune est le dernier message adressé par le roi Mohammed VI à l’Algérie. Le lendemain de la mort d’Abdelaziz Bouteflika, le Souverain a envoyé un message de condoléances et de compassion au président algérien Abdelmajid Tebboune. Dans le texte, le roi Mohammed VI affirme avoir appris avec une “profonde affliction” et une “vive émotion”, la nouvelle du décès de l’ancien président algérien et dit se remémorer «les attaches particulières qui liaient le défunt au Maroc, que ce soit lors des périodes de l’enfance et des études dans la ville d’Oujda ou encore au temps du militantisme pour l’indépendance de l’Algérie sœur», ajoutant que l’histoire retient que feu Bouteflika a «marqué une importante phase de l’histoire moderne de l’Algérie».

Lire aussi :Discours royal : main tendue et sensibilisation patriotique

Enfin, le Souverain a adressé un message de condoléances et de compassion aux membres de la famille de l’ancien président priant Dieu de leur accorder patience et consolation, de rétribuer amplement le défunt et de l’accueillir dans son vaste paradis parmi les vertueux.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Financement du développement en Afrique : Fettah plaide pour une mobilisation collective

Politique - Lors de la 5e édition de l’Africa Investment Forum (AIF), tenue à Rabat, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a appelé à une mobilisation collective pour améliorer l’accès au financement en Afrique

Farah Nadifi - 4 décembre 2024

PLF 2025 : 231 amendements examinés par la Chambre des conseillers

Politique - La Commission des finances de la Chambre des conseillers a reçu 231 amendements sur la première partie du Projet de Loi de Finances (PLF) 2025. Parmi eux, 66 ont été acceptés, 55 rejetés et 110 retirés. La majorité des propositions portaient sur le volet fiscal (177 amendements), suivi des volets douanier et divers.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Nasser Bourita reçoit le ministre djiboutien des AE, porteur d’un message au Roi

Politique - Le Royaume du Maroc s’est constamment engagé à soutenir Djibouti dans son processus de développement.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Rabat : 22ème réunion de la Commission militaire mixte maroco-française

Politique - Les échanges ont porté sur la coopération militaire bilatérale et les enjeux sécuritaires régionaux et internationaux.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024
Voir plus

Sahara : le Maroc se félicite de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2756

Politique - Le Royaume du Maroc se félicite de l'adoption, jeudi, de la résolution 2756 du Conseil de sécurité de l'ONU au sujet du Sahara.

Rédaction LeBrief - 1 novembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le roi Mohammed VI reçoit le président de la République Islamique de Mauritanie

Politique - Le roi Mohammed VI a reçu ce jeudi au Palais Royal de Casablanca, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, selon un communiqué du Cabinet Royal.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

L’Océan et Dar-Bouazza : les élections partielles qui feront date

Politique - Les élections partielles à Rabat et Dar-Bouazza sont un test impossible pour le PJD, le RNI et le PAM.

Chaima Aberni - 10 septembre 2024

Sahara : Paris veut aider le Maroc à l’ONU et l’UE

Politique - Macron a affirmé à Rabat l'engagement de la France pour soutenir la solution marocaine au Sahara, aussi bien à l'ONU qu'au sein de l'UE.

Rédaction LeBrief - 30 octobre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire