Selon les résultats provisoires qui concernent 96% des sièges de la Chambre des représentants, le Rassemblement national des indépendants (RNI) décroche 97 sièges au Parlement et arrive en tête des élections législatives du 8 septembre 2021. Le Parti authenticité et modernité (PAM, 82 sièges) et le Parti de l’Istiqlal (PI, 78 sièges) complètent le Top 3 de ce scrutin. Ils sont suivis par l’Union socialiste des forces populaires (USFP, 35 sièges), le Mouvement populaire (MP, 26 sièges), le Parti du progrès et du socialisme (PPS, 20 sièges), l’Union constitutionnelle (UC, 18 sièges) et le Parti de la justice et du développement (PJD, 12 sièges). Arrivé en huitième position, le parti de la lampe ne dispose non seulement pas du nombre de sièges nécessaire pour former un groupe parlementaire, mais en plus son secrétaire général, Saad Dine El Otmani, n’a pas été éludans la circonscription de Rabat-Océan.
Avec 257 sièges, le trio RNI-PAM-Istiqlal compte suffisamment de sièges pour constituer une confortablemajorité gouvernementale, la majorité absolue à la Chambre des représentants nécessitant un minimum de198 députés sur un total de 395.
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Précisionset analyse des résultats
Pour analyser les résultats provisoires des législatives, la rédaction de Lebrief.maa contacté les analystes politiques Aimane Cherragui et Driss Aissaoui. Pour Cherragui, qui est également chroniqueur, «la grande surprise de ces élections est la chute du PJD, qui a connu un recul exceptionnel de près de 90%, divisant sa représentativité par dix». L’expert estime quele résultatde ces élections est intéressant vu qu’il n’y a pas eu de «balkanisation de la scène politique». Au contraire, poursuit-il,les trois partis arrivés en tête, le RNI (25% des sièges), le PAM(21% des sièges) et le PI (20% des sièges) peuvent facilement constituer un gouvernement et former une majorité. «Pour creuser la piste de cette coalition, je pense que le PAM etle RNI, et leurs secrétaires générauxdoivent travailler ensemble pour dépasser les divers différends qui les opposent. En effet, Aziz Akhannouch et Abdellatif Ouahbi (PAM) ont été très agressifs l’un envers l’autre au cours de la campagne électorale. S’ils arrivent à trouver un espace d’entente, on pourra aisément avoir un gouvernement à trois partis», indique Cherragui.
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Par ailleurs, notre interlocuteur souligne que la victoire du RNI étaitprévisible, vu l’intensité des actions que ses militants ont menées sur le terrain et sur les réseaux sociaux lors du processus électoral. «Ils ont multiplié par 2,5 le nombre de leurs parlementaires, passant de 37 à 97». Le PI, également grand gagnant de ce scrutin, a affiché pour sa part une progression de 70%, lui garantissant une place importante dans le prochain gouvernement. «N’oublions pas que l’Istiqlal est un parti d’opposition depuisque Hamid Chabat a tourné le dos au cabinetde Abdelilah Benkirane (PJD) en 2013. Huit ans après, il est temps pour cette formation de rejoindre l’équipe gouvernementale. Et alors que le RNI a toujours fait partie du gouvernement, le PAM va certainement faire des mains et des pieds pour assurer sa place parmi les membres du prochain exécutif. Faisant partie de l’opposition depuis 2009, ce serait intéressant de voir ce parti s’essayer à l’exercice gouvernemental», précise Cherragui.
S’agissant de l’USFP etdu PPS, l’analyste souligne que ces deux partis socialistes affichent aussi une importante progression en termes de sièges au Parlement. «Ils ont un peu tiré profit du nouveau quotient électoral, qui a permis à l’USFP d’avancer de 75% et au PPS de 67%. Cependant, je ne pense pas qu’ils fassent partie de la nouvelle coalition gouvernementale, vu que le PAM, le RNI et le PI peuvent déjà former une majorité sans eux», a-t-il noté.
De son côté,Driss Aissaoui nous a expliqué que les scénarios d’alliances pour le prochain gouvernement ont été annoncés depuis longtemps. «Il y a un certain nombre de partis politiques qui ont entamé leur rapprochement depuis plusieurs années. Ils ont entamé un travail en profondeur sur leur structure à cet effet pour préparer leurs militants aux élections et à la gouvernance. Ce qui est parfaitement légitime !», indique-t-il.Il avance qu’une nouvelle coalition verra certainement le jour très prochainement entre les partis qui sont déjà très proches. À titre d’exemple, Aissaoui précise que malgré leurs différends, «le RNI et le PAM ont tenu bien avant les élections un certain nombre de réunions de coordination, car leurs ambitions étaient au-delà de celles du gouvernement du PJD». De plus, «ces deux partis, surtout le RNI, ont longtemps géré des ministères très importants, dont le département de l’Agriculture et celui de l’Economie et des Finances. Ainsi, ils sont aujourd’hui bien préparés pour développer le potentieldu Maroc, surtout après la crise de la Covid-19». Pour cet expert de la politique, «il est très probable qu’on voit le RNI s’allier avec le MP, car ce dernier a toujours joué le rôle de complément. Il peut rejoindre aussil’USFP, car il dispose de plus 30 sièges».
Enfin, une chose est sûre, l’ère PJD est bien révolue. Reste aujourd’hui à voir comment le RNI va s’organiser pour composer sa majorité parlementaire et comment il compte procéder pour mener à bout les 25 mesures qu’il a avancées dans son programme électoral, et dont la réalisation nécessiterait une enveloppe annuelle de 55 milliards de DH (MMDH).
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