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Marketing et campagne 2.0 : le grand défi des partis politiques

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Pour la première fois, la campagne électorale gagne du terrain sur les réseaux sociaux. Contexte sanitaire oblige, les appels au vote et les programmes ont quasiment tous été faits sur internet et les partis politiques ont tout misé là-dessus. Zoom sur ce nouvel outil de communication adopté par les formations politiques afin d’appeler les électeurs à voter pour leurs représentants.

Nouvelles élections et nouvelle approche de travail. Contrairement à ce qui se faisait auparavant (campagne de terrain dans les villes urbaines et le monde rural), les élections2021 connaissent une forte présence des partis politiques sur les réseaux sociaux. Tous les chefs de partis y ont adhéré. «Cette campagne électorale sera principalement digitale. Nous allons accentuer la communication sur les réseaux sociaux pour dire aux Marocains que nous comptons sur leur participation massive à ces échéances et sur leurs votes pour contrecarrer ce qui se passe actuellement dans certaines circonscriptions en ce qui concerne l’usage frauduleux de l’argent pour acheter des voix», a déclaré Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). De son côté, le Parti de la justice et du développement (PJD) a lancé sa campagne via un «meeting national digital» où il a présenté ses candidats eux élections générales. Le chef du parti, Saad Dine El Otmani a souligné que la campagne sera rythmée par des actions digitales et en présentiel. Le Parti de l’Istiqlal (PI), l’Union socialiste des forces populaires (USFP), le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM), le Mouvement populaire (MP), le Coalition de la gauche démocratique (CFG)… tous ont également véhiculé des messages sur leurs pages Facebook, Instagram et Twitter afin de toucher le maximum d’électeurs. 18 millions de marocains sont inscrits dans les listes électorales et sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants.

Lire aussi :Ces personnalités non politiques candidates aux élections

Et si cette campagne de communication digitale était le début d’une nouvelle ère, une ère plus soucieuse de l’environnement ? Nos confrères de le360 soulignent que l’utilisation de plateformes numériques constitue un soulagement pour les éboueurs de Casablanca. Ces derniers qui ont longtemps souffert des flyers jetés en masse dans la rue lors des précédentes élections déclarent que cette campagne 2021 a grandement facilité leur travail. Une bonne approche à suivre donc pour le futur.

Une étude analyse l’influence des partis sur la toile

L’Institut marocain d’Intelligence stratégique (IMIS) a publié ce mardi une note de recherche dans laquelle elle évalue les mécanismes d’influence à l’œuvre sur les réseaux sociaux de 5 principales formations politiques, à savoir le PJD, le RNI, l’Istiqlal, le PAM et le PPS.

L’analyse porte sur près de 30.000 observations couvrant une période de plus de 4 ans, allant du 5 avril 2017 au 19 août 2021. Il en ressort que les comptes Twitter des cinq formations politiques retenues maîtrisent les flux informationnels qui les concernent sur la plateforme étudiée.

«Les résultats permettent ainsi d’observer que les leaders de deux partis, l’Istiqlal (Nizar Baraka) en premier, suivi du PJD (Saad Dine El Otmani) sont particulièrement bien positionnés sur leurs réseaux respectifs», précise la note de recherche.

«Les secrétaires généraux de deux autres formations (PAM et PPS) arrivent également à se placer dans le top 5 des comptes influents, mais pas sur l’ensemble des centralités et avec des tailles de réseaux de moindre envergure», indique la même source.

Mohamed Benabid, enseignant-chercheur, membre expert et membre-cofondateur de l’IMIS indique en ce sens que cette domination n’est pas nécessairement une bonne nouvelle, «en ce sens qu’elle laisse penser que le reste des audiences joue un faible rôle dans la transmission d’informations ou la connexion avec d’autres utilisateurs dans les conversations», ce que confirme d’ailleurs l’analyse visuelle des graphes qui laisse apparaître des réseaux clusterisés.

L’idée de cette étude semble intéressante, mais manque malheureusement de détails et de chiffres sur les réseaux sociaux ciblés et analysés. Rappelons que l’Institut marocain d’Intelligence stratégique (IMIS) est un think-tank généraliste consacré à l’étude des enjeux stratégiques du Maroc. Il a publié des ouvrages de référence sur le pays, dont « un chemin marocain : 1999-2019 Parcours d’un Royaume en transformation », « Le Maroc stratégique » et « une ambition marocaine ».

Le Marketing 2.0, une tâche assez compliquée

Dans un podcast publié sur le site de la Nouvelle Tribune, Fahd Yata, directeur de publication et éditorialiste a mentionné que le Marketing digital n’est pas une tâche aisée et nécessite un savoir-faire et une bonne expertise de ses utilisateurs.

«le 2.0 n’est pas donné à tout le monde et exige pour une utilisation performante des conditions bien précises», souligne Fahd Yata. «La première est une bonne maîtrise de ces réseaux et de leur mode opératoire et des techniques qui permettent d’acquérir et influencer ses followers (…) La seconde est la cible. Une des caractéristiques des réseaux sociaux, c’est l’extrême volatilité de ses utilisateurs qui passent de l’un à l’autre en fonction de leurs attentes et leurs centres d’intérêt».

L’éditorialiste souligne qu’inciter les électeurs à participer au scrutin du 8 septembre est une véritable gageure d’autant plus que le délai pour les convaincre et les inciter au vote est particulièrement court. «Le message politique est par nature bien souvent rébarbatif fait de long de bois, avide et insipide surtout pour ceux qui le découvrent. L’enjeu est de dépasser les pratiques habituelles des partis, faire évoluer les discours, concevoir des approches innovantes quasiment récréatives et dynamiques pour toucher les adeptes du web», dit-il.

Lire aussi :Élections : le long chemin vers la démocratie

Fahd Yata en déduit que «pour toutes ces bonnes raisons, ceux qui parient sur le 2.0 devront comprendre que la partie ne sera pas gagnée et que les derniers qui se seront mis à la communication virtuelle ne seront certainement pas les premiers en termes de résultats le jour du scrutin».

Rappelons que chaque détail compte dans une campagne électorale même ceux qui paraissent pour certains “futiles”. Le code vestimentaire est un atout de taille. En effet, le style vestimentaire a toute son importance. Dès qu’un candidat fait un choix vestimentaire, il passe un message, des fois sans le savoir, à travers un accessoire, une couleur de cravate ou de costume ou même une coiffure.

Certains candidats parient sur les tenues traditionnelles pour jouer au jeu de la séduction et attirer le vote « conservateur ». La posture, le port de tête, la gestuelle, le contact des yeux, tout a son importance et rien ne doit être laissé au hasard. Aux candidats maintenant de bien savoir utiliser ces atouts pour gagner des points.

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