Accueil / Politique

Le Maroc prend en main la culture du cannabis

Temps de lecture

Première source mondiale du trafic du cannabis, le Royaume a décidé de légaliser et d’encadrer sa production. Ainsi, une loi ouvrant la voie à la culture de cette plante à des fins thérapeutiques a été publiée dans le Bulletin officiel. Un Conseil de gouvernement se tiendra lundi prochain avec à l’ordre du jour l’examen de 14 projets de décrets, dont un portant sur l’application des articles 32 et 35 de ce texte relatif aux usages licites du cannabis.

C’est désormais officiel ! La loi 13-21 sur l’usage du cannabis est entrée en vigueur après sa publication dans le Bulletin officiel. LaChambre des représentantsavait approuvé ce texte en mai dernier par une majorité de 119 voix pour contre 48 voix des députés du Parti justice et développement (PJD). Ce projet de loi a été adopté le 8?juin par la Chambre des conseillers. Par 41?voix contre 11, les parlementaires ont approuvé le texte soumis par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.

Ainsi, les activités liées à la culture, la production, la fabrication, le transport, la commercialisation du cannabis sont désormais légales au Maroc. Bien que légales, ces activités sont soumises à des autorisations exclusivement délivrées par une agence spécialisée. Cette dernière se chargera de la mise en œuvre de la stratégie de l’État en termes de culture du cannabis. Elle se chargera également de son circuit de production, de fabrication, de transformation, de commercialisation et d’acheminement ainsi que de son export et import à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. ?De plus, cette agence coordonnera entre tous les secteurs gouvernementaux, les institutions publiques et les partenaires nationaux et internationaux, afin de fonder une chaîne agricole et industrielle du cannabis, tout en renforçant les mécanismes de contrôle.

«Nul ne peut exercer l’une des activités suivantes qu’après obtention d’une autorisation délivrée par l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, créée en vertu du Chapitre VII de la présente loi, désignée ci-après par l’Agence : la culture et la production du cannabis ; la création et l’exploitation de pépinières de cannabis ; l’exportation des semences et des plants du cannabis ; l’importation des semences et des plants du cannabis ; la transformation et la fabrication du cannabis ; le transport du cannabis et de ses produits ; la commercialisation du cannabis et de ses produits ; l’exportation du cannabis et de ses produits ; l’importation des produits du cannabis», stipule l’article 3 de cette loi.

Au menu du prochain Conseil de gouvernement

Une prochaine réunion du Conseil de gouvernement, prévue pour le lundi 23 août, examinera une législation importante liée à l’expansion de la culture légale du cannabis au Maroc. À l’ordre du jour, figure un projet de décrets portant application des articles 32 et 35 de la loi relative aux usages licites du cannabis. Ces deux textes sont liés à l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis.

L’article 32 désigne officiellement l’agence comme une entité étatique, la plaçant sous le contrôle du gouvernement. «L’Agence est soumise à la tutelle de l’État, laquelle a pour objet de faire respecter, par les organes compétents de l’Agence, les dispositions de la présente loi, en particulier celles relatives aux missions qui lui sont imparties et, de manière générale, de veiller à l’application de la législation et de la réglementation concernant les établissements publics», indique cet article. Et d’ajouter que cette «agence est également soumise au contrôle financier de l’État applicable aux entreprises publiques et autres organismes conformément à la législation en vigueur».

D’autre part, l’article 35 détaille la structure spécifique de la nouvelle agence, qui sera dirigée par un conseil d’administration et gérée par un directeur général. «Le conseil d’administration de l’Agence se compose, outre son président, de représentants de l’État, des établissements et des organismes concernés par le domaine d’intervention de l’Agence et dont la liste est fixée par voie réglementaire. Le président du conseil peut inviter aux réunions du conseil, à titre consultatif, toute personne physique ou morale des secteurs public ou privé, dont la présence lui parait utile», explique l’article.

Le Maroc mise sur le marché international

De Tanger jusqu’au fleuve Moulouya se dresse la grande région du Rif, dans laquelle la traditionnelle production de haschisch y représente la principale économie de subsistance. Cette culture fait vivre environ un million de personnes, faisant du Royaume le premier producteur mondial en la matière. Selon un rapport du département d’État américain repris par le Monde en mars 2017, «la production de cannabis au Maroc équivalait à 23% du produit intérieur brut marocain (PIB), qui s’est élevé, en 2016, à 100 milliards de dollars». Aujourd’hui, avec la légalisation et la réglementation de la culture de cette plante, le gouvernement reconnaît officiellement le rôle joué depuis longtemps par le Maroc en tant que lieu de production de cannabis de premier plan.

Afin d’offrir un écrin licite à une production jusque-là prohibée, tout en misant sur l’engouement mondial pour le cannabis à usage thérapeutique, Rabat a décidé de prendre en main la culture de cannabis, un marché très prisé par les trafiquants. Sur le papier, ce projet de loi représente une véritable révolution.

Ainsi, à travers la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles, le Maroc veut se positionner sur un marché en croissance de 60% au niveau européen, d’après le ministère de l’Intérieur. Considérée comme une solution de la problématique du cannabis et du trafic de drogues, cette légalisation permettra également d’attirer plus d’investisseurs étrangers et d’améliorer les revenus des agriculteurs. Les cultivateurs de cannabis peuvent bénéficier de l’aide et du soutien du gouvernement, tant de la part des agences nationales que des coopératives locales.

Laftit avait par ailleurs mis en avant «de nouvelles perspectives de développement au profit de la population des zones concernées par la culture illicite du cannabis». L’article 9 la loi 13-21 désigne comme régions autorisées à cultiver le cannabis à usage médical, la province d’Al Hoceima à Ktama, Targuist et Sanhadja. La province de Chefchouen à Bab Berred et Bni Ahmed, la province de Ouazzane à Oum Krissat et la province de Tétouan aux communes de Bni Hassan et Bni Said sont également concernées par cette autorisation à cultiver le cannabis.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Rencontre à Rabat : les femmes socialistes au cœur du changement mondial

Politique - Le siège de l’USFP à Rabat a accueilli une session importante du Conseil de l’Internationale socialiste des femmes.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Réformes majeures pour les agents pénitentiaires et l’administration

Politique - Le Conseil de gouvernement a approuvé le projet de décret n°2.24.1096 relatif au statut des agents de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Collectivités territoriales : des défis structurels pointés par la Cour des comptes

Politique - Le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les dysfonctionnements persistants dans la gestion des collectivités territoriales.

Farah Nadifi - 19 décembre 2024

Tanger va accueillir la deuxiéme édition des Assises nationales de la régionalisation avancée

Politique - La deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée, prévue les 20 et 21 décembre à Tanger, constitue une étape clé dans la mise en œuvre de cette réforme structurelle.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Le Maroc et le Chili renforcent leur coopération bilatérale (Nasser Bourita)

Politique - Le Maroc et le Chili ont décidé d'intensifier leur coopération bilatérale en activant tous les mécanismes existants, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, lors d’un point de presse à Rabat mercredi.

Farah Nadifi - 18 décembre 2024

Sahara : Malte réaffirme son soutien au plan marocain

Politique - Malte a réaffirmé son soutien au plan d’autonomie marocain, le qualifiant de bonne base pour une résolution définitive de la question du Sahara marocain.

Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024

Maroc-Chili : un partenariat renforcé pour un avenir commun

Politique - Le Maroc et le Chili ont affirmé leur volonté commune de renforcer leurs relations bilatérales et de consolider leur coopération dans tous les secteurs clés.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Rabat : réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe

Politique - Sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d'État chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, une réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe s'est tenue mardi à Rabat.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024
Voir plus

Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

Sanchez à Rabat : « Les principes de la souveraineté sont menacés »

Politique - A Rabat, l'IS s’est rassemblée avec des personnalités socialistes, telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez, ou encore Anne Hidalgo.

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Entretien entre Aziz Akhannouch et le président de la BAD

Politique - Aziz Akhannouch a rencontré le 5 décembre 2024 à Rabat le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD).

Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Code de la famille : le RNI salue l’approche royale

Politique - Le parti a réuni sa commission interne dédiée à la révision du Code de la famille et a communiqué quatre axes.

Mouna Aghlal - 26 décembre 2024

Code de la famille : les points soulevés par le PAM

Politique - Le PAM a souligné l'importance d'un système logistique efficace, comme les guichets uniques dans les tribunaux familiaux.

Sabrina El Faiz - 26 décembre 2024

Le Maroc, au cœur des réflexions sur l’avenir mondial

Politique - Rachid Talbi El Alami, a souligné l'importance de rétablir la paix et la sécurité mondiale en respectant le droit international et la souveraineté des États.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire