La Covid-19 et son variant Delta (indien) continuent de semer la peur dans le monde. En effet, afin de faire face à cette pandémie, qui dure depuis plus d’un an et demi, les principaux acteurs de la santé aux États-Unis ont recommandé l’injection d’une troisième dose de rappel du vaccin contre le virus pour les personnes complètement vaccinées âgées de 18 ans et plus. Ces derniers ont expliqué que plusieurs recherches et études ont démontré que les vaccins actuellement utilisés dans le monde perdent de leur efficacité avec le temps. Cette conclusion les a ainsi poussés à exhorter les personnes complètement vaccinées depuis huit mois à envisager le recours à la dose de rappel.
«Nous craignons que le schéma de déclin que nous observons ne se poursuive dans les mois à venir, ce qui pourrait entraîner une diminution de la protection contre les formes graves de la Covid-19, les hospitalisations et les décès», a déclaré Dr Vivek Murthy, chirurgien général américain, à lasuite de la réunion du mercredi 18 août des experts américains de la Santé. Lesdits experts ont expliqué que l’injection de la troisième dose aux États-Unis devrait débuter le 20 septembre pour les personnes ayant reçu le vaccin Pfizer ou Moderna. «Notre approche sur les rappels est simple et elle est cohérente avec tous les autres efforts déployés dans cette guerre. Elle est guidée par la science, et vise à nous offrir une longueur d’avance sur le virus», a précisé Jeff Zients, coordinateur de la réponse à la Covid-19 à la Maison-Blanche.
Quelle est l’importance de cette troisième injection ?
Au cours de la réunion de ce mercredi, les responsables américains de la Santé ont révélé qu’environ six mois après avoir reçu une deuxième dose, une personne entièrement vaccinée a plus de chances d’attraper la Covid-19. Ils ont indiqué que les données collectées montrent qu’après cette période, le risque d’infection augmente encore plus. «Les recherches de nos confrères internationaux, y compris d’Israël, suggèrent un risque accru de contamination grave chez les personnes complètement vaccinées il y a plus de six mois», a avancé Dr Rochelle Walensky, directrice des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). En plus de l’étude menée par les CDC, cette dernière a également évoqué les résultats de l’enquête réalisée parl’Université d’Oxford.
«L’efficacité des vaccins contre l’infection par le SRAS-V2 diminue, et même si nos vaccins fonctionnent bien actuellement pour prévenir l’hospitalisation, nous constatons des preuves inquiétantes de la diminution de l’efficacité des vaccins au fil du temps, et surtout face au variant Delta», a-t-elle déploré. Selon Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses et conseiller médical en chef du président américain, une troisième dose de rappel fournit au moins dix fois plus d’anticorps contre la Covid-19.
À la lumière de ces nouvelles informations, Joe Biden, le nouveau locataire du bureau ovale, a affirmé que la dose de rappel «renforcera la réponse immunitaire» des personnes complètement vaccinées. Dans un discours adressé à sa nation ce mercredi, le président a indiqué que ladite injection «augmentera la protection contre la Covid-19». En réponse aux critiques qui disent que les États-Unis devraient se concentrer sur l’envoi de doses de vaccin aux pays confrontés à des pénuries, plutôt que de donner la priorité aux rappels pour les Américains, il a lancé : «Je ne suis pas d’accord. Nous pouvons prendre soin de l’Amérique et aider le monde en même temps».
Le déclin de l’efficacité des vaccins
D’après les études de l’Université d’Oxford, des CDC et des autorités sanitaires d’Israël, l’efficacité des vaccins commence à diminuer à partir du deuxième mois après l’injection de la deuxième dose. Sur la base de ces recherches, il ressort que (plus ou moins) 90 jours après une vaccination complète par les vaccins Pfizer, AstraZeneca et Moderna, l’efficacité de ces derniers face au risque d’infectionà la Covid-19baisse respectivement à 75%, 61% et 76%. Ces chiffres montrent une baisse par rapport aux 85%, 68% et 86% respectivement observés deux semaines après la réalisation de la deuxième dose desdits vaccins. Cette diminution d’efficacité a été plus prononcée chez les personnes âgées de 35 ans et plus que chez celles en dessous de cet âge.
S’agissant des autres vaccins, notamment Sinopharm et Sputnik, il n’y a pas encore de données quant au déclin de leur efficacité. Cependant, certains des pays qui utilisent le vaccin chinois, notamment les Émirats arabes unis,prévoient aussi d’autoriser une troisième dose de rappel.
Par ailleurs, les scientifiques estiment qu’il est encore trop tôt de comparer la vaccination contre le nouveau coronavirus à celle annuelle contre la grippe. Ils soulignent qu’ils ne savent pas encore si le vaccin anti-Covid devra être administré tous les ans ou non. «Il n’y a pas encore de bonne réponse à cette question. Le vaccin n’existe tout simplement pas depuis suffisamment longtemps pour que l’on puisse déterminer la durée de l’immunité qu’il offre, et le virus lui-même n’existe pas depuis assez longtemps pour que l’on puisse déterminer s’il y aura ou non des souches différentes qui circuleront chaque année, comme pour celles de la grippe», explique Tom Hudachko, directeur des communications au département de la santé de l’État américain de l’Utah.
De son côté, Dr Andrew Pavia, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de l’Utah, soutient qu’il est trop tôt pour dire à ce stade à quelle fréquence les gens devront recevoir le vaccin contre la Covid-19, mais il affirme qu’au-delà de la deuxième dose, d’autres injections devrait forcément être administrés. «Il semble que les vaccins produisent une réponse immunitaire plus longue que l’infection naturelle, de sorte qu’elle pourrait durer plus d’un an, mais il est peu probable qu’elle soit permanente comme le sont deux doses de vaccin contre la rougeole. Il est donc probable qu’à un moment donné, nous devrons rappeler les gens, mais nous ne savons pas à quelle fréquence cela devra se faire», souligne-t-il.
Est-ce que le Maroc compte injecter une troisième dose ?
Au Maroc, comme à l’étranger, le débat sur l’injection d’une dose anti-Covid de rappel est déjà lancé. Pour le Royaume, cette mesure servira principalement aux personnes à faible immunité, âgées ou encore au personnel de santé. Pr Moulay Said Afif, membre du Comité national de vaccination, indique pour le moment le pays n’a toujours pas décidé si oui ou non il va autoriser la dose-rappel, mais cela n’écarte pas son adoption pour les catégories précitées. Le professeur souligne que l’objectif premier du Maroc est d’atteindre l’immunité collective. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a inclus les adolescents de 12-17 ans et les jeunes à partir de 18 ans dans sa campagne de vaccination nationale. Pr Said Afif a précisé que désormais 54% des citoyens ont reçu la première dose du vaccin contre 38% ayant été totalement vaccinées.
Pour Dr Tayeb Hamdi, médecin spécialiste et chercheur en politiques et systèmes de santé, «le débat lié à l’administration d’une troisième dose du vaccin anti-Covid est devenu mondial, étant donné la faible réaction aux vaccins des personnes âgées atteintes de maladies chroniques contrairement aux groupes d’âge plus jeunes». Il a expliqué à nos confrères de Hespress Ar que «le système immunitaire des personnes atteintes de maladies chroniques est relativement faible, en particulier avec l’émergence des variants qui limitent l’efficacité des vaccins. Ce qui signifie que certains groupes fragiles ont besoin d’une troisième dose». Dr Hamdi affirme que la dose de rappel contre la Covid-19 va certainement être adoptée au Maroc, il reste cependant à savoir quelle méthodologie sera mise en œuvre pour gérer ce processus.
Que pense l’OMS de la dose rappel ?
Enfin, pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) les données actuelles indiquent queles rappels ne sont pas du tout nécessaires. Selon, la scientifique en chef de l’OMS, Soumya Swaminathan, il n’est pas aussi correct que les pays riches commencent à injecter une troisième dose contre la Covid-19 alors que «le reste du monde attend sa première injection». Le directeur des urgences de l’OMS, Mike Ryan, a pour sa part martelé que cette mesure équivaut à «distribuer des gilets de sauvetage supplémentaires à des personnes qui en ont déjà un, pendant que nous laissons d’autres personnes se noyer sans le moindre gilet de sauvetage».
De son côté, le directeur général de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exhorté les dirigeants à regarder au-delà des «objectifs nationalistes étroits». Il les a ainsi appelés à aider les organismes de luttes contre la pandémie pour venir en aide aux pays dans le besoin, notamment la majorité des États africains, afin de les soutenir dans leur guerre contre le virus. Il a rappelé que tant que le virus circule dans les pays émergents et à faibles revenus, le monde entier n’est pas à l’abri de nouvelles vagues de contaminations, et ce malgré l’élargissement des campagnes de vaccination.
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