Accueil / Politique

Sahara : nouvelles tensions entre le Maroc et l’Algérie

Temps de lecture

C’est un nouveau coup de chaud diplomatique qui s’installe entre l’Algérie et le Maroc. Le gouvernement algérien a décidé de rappeler ce dimanche son ambassadeur à Rabat pour consultations. Alger accuse Rabat de soutenir le mouvement pour l’indépendance des tribus de Kabylie, un mouvement que le pays considère depuis le 18 mai dernier comme étant une “organisation terroriste”.

L’Algérie n’a visiblement pas apprécié les propos tenus les 13 et 14 juillet dernier par Omar Hilale, ambassadeur permanent du Maroc aux Nations Unies (ONU). Ce dernier, qui participait au débat général de la réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés (MNA), a déclaré que l’Algérie, qui «se dresse en fervent défenseur du droit à l’autodétermination, refuse ce même droit au peuple kabyle, l’un des peuples les plus anciens d’Afrique, qui subit la plus longue occupation étrangère».

Cette déclaration a fait beaucoup de bruit du côté d’Alger. Le 16 juillet, l’Algérie a publié un communiqué dans lequel elle souligne attendre une réaction officielle du Maroc sur les propos de son ambassadeur à l’ONU. «La représentation diplomatique marocaine auprès des Nations Unies a distribué un document officiel à tous les États membres du Mouvement des non-alignés, dont le contenu consacre formellement l’engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l’Algérie», souligne le ministère algérien des Affaires étrangères.

Lire aussi :Algérie : le parti au pouvoir remporte les élections

«Face à cette situation née d’un acte diplomatique douteux émis par un ambassadeur, l’Algérie, république souveraine et indivisible, a le droit d’attendre une explication de la position officielle», ajoute la diplomatie algérienne.

Quelques jours plus tard, un autre communiqué annonce le rappel de l’ambassadeur algérien à Rabat, Abdelhamid Abdaoui, pour consultations. «En l’absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a été décidé aujourd’hui, le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l’ambassadeur d’Algérie à Rabat, sans préjudice d’autres mesures éventuelles en fonction de l’évolution de cette affaire», peut-on lire sur un communiqué publié ce dimanche. Rappelons que l’Algérie classe depuis le 18 mai dernier le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie comme étant une «organisation terroriste».

«Il est temps que l’Algérie comprenne ce que veut dire le séparatisme»

Contacté par LeBrief,Abdelhamid Benkhattab, politologue et professeur à l’Université Mohammed V de Rabat, souligne qu’«il est temps maintenant que les Algériens comprennent ce que veut dire le séparatisme dans un pays. La gent militaire ne se soucie guère des dommages et du tort qu’elle a fait subir au Maroc. En dépit de toutes les actions marocaines pour apaiser les tensions, la situation diplomatique entre les deux pays n’a cessé de se dégrader». Benkhattab assure aussi que le Maroc n’a jamais opté pour la division des États, mais a toujours lutté pour leur union.

Lire aussi :Nouveau gouvernement algérien : la majorité des ministres ont gardé leurs postes

«Les perspectives des relations maroco-algériennes sont bouchées depuis des décennies. Cependant, on peut présager qu’une action aventuriste militaire algérienne soit activée dans la mesure ou la crise politique interne peut les pousser à commettre des erreurs stratégiques pour essayer de détourner l’attention de l’opinion publique vers une guerre avec le Maroc», témoigne Benkhattab. Il précise que ce serait «un acte désespéré des dirigeants algériens pour rester au pouvoir».

En effet, la chute de la rente pétrolière, aggravée par la pandémie du coronavirus, a porté des coups durs à l’économie algérienne. Le taux de chômage a explosé dans le pays. Au moins 500.000 emplois ont été perdus durant la période de la Covid-19. Le Fonds monétaire international (FMI) évalue à plus de 14% le taux de chômage.

Lire aussi :Algérie : Abdelmadjid Tebboune nomme un nouveau Premier ministre

Le Front des forces socialistes (FFS), parti politique de l’opposition algérienne, a souligné que la gravité de la situation traduit «l’incapacité des gouvernants à juguler l’inflation, à stabiliser la monnaie nationale et à sauvegarder l’emploi et le pouvoir d’achat des citoyens». Le salaire national minimum garanti (SNMG) est autour de 20.000 dinars (soit 1.320 DH).

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, avait d’ailleurs prié l’Algérie lors d’une conférence de presse tenue en février dernier à l’occasion de la 34e session ordinaire du Sommet de l’Union africaine (UA) de se concentrer sur ses problèmes internes et «d’arrêter de faire de la question du Sahara sa première cause nationale». Un conseil que l’Algérie semble visiblement n’avoir pas pris en considération.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Entretien à Rabat entre Abdellatif Ouahbi et Qassem Al-Araji

Politique - Ouahbi a rencontré lundi à Rabat Qassem Al-Araji, Conseiller à la Sécurité nationale de la République d'Irak.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Le Maroc : pilier stratégique de la coopération sécuritaire et du renseignement dans un contexte géopolitique évolutif

Tribune - Par une approche intégrée combinant soutien au renforcement des capacités sécuritaires, le Royaume se positionne comme un acteur central.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Maroc-Mauritanie : quelles conclusions tirer de la visite du président ?

Afrique, Diplomatie, Politique - Relations, gazoduc… Quelles cartes se jouent derrière cette rencontre Maroc-Mauritanie ? Analyse.

Sabrina El Faiz - 23 décembre 2024

Sanchez à Rabat : « Les principes de la souveraineté sont menacés »

Politique - A Rabat, l'IS s’est rassemblée avec des personnalités socialistes, telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez, ou encore Anne Hidalgo.

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Assises de la régionalisation avancée : le roi Mohammed VI accorde une attention particulière à la réussite du développement régional

Politique - Le message du Roi adressé aux participants de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée met en lumière l'importance que le roi Mohammed VI accorde à la réussite du développement régional.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Transformation digitale au Maroc : défis et perspectives pour les régions

Politique - La transformation digitale s'impose comme une priorité stratégique pour le développement des régions marocaines, un enjeu mis en lumière lors des Assises de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2024

Le roi Mohammed VI reçoit le président de la République Islamique de Mauritanie

Politique - Le roi Mohammed VI a reçu ce jeudi au Palais Royal de Casablanca, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, selon un communiqué du Cabinet Royal.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

A Tanger, la régionalisation avancée en quête d’un nouveau souffle

Politique - À Tanger, les débats battent leur plein lors des Assises nationales de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

AMO : simplification en vue

Politique - Le Conseil de gouvernement marocain a adopté un nouveau projet de loi (n° 54.23) modifiant la loi n° 65.00 relative à l'AMO.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Sahara : Sainte Lucie, la Dominique et Grenade réaffirment leur soutien au Maroc

Politique - Sainte Lucie, la Dominique et Grenade ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Rédaction LeBrief - 28 novembre 2024

Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat

Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire